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Lettre Ouverte à Grisha, jeune berger Even

Publié le 08 août 2010 par Sarah Oling

3053605867_eeddb17094.jpgC’est par un soir de juin 2010 que tu es entré dans mon champ de conscience. Ton histoire, qui commence désormais à avoir un écho, hors des montagnes Verkhoïansk de la Sibérie orientale, où tu vis, a percuté la mienne, sans rémission. Pourquoi ? Déjà par la force de conviction de celui qui me l’a racontée, Jean-Pascal Flauder, un ami qui, entre autres activités, est directeur d’une maison de retraite du Groupe Orpéa, un homme engagé au sens noble du terme, tant auprès des ainés pour lesquels il milite pour enseigner dans les structures qui les reçoivent des gestes de bientraitance, qu’auprès des jeunes en difficulté sociale ou en situation de handicap.

Je l’avais déjà entendu évoquer avec enthousiasme le projet « Printemps des générations ». Ce soir-là, c’est de Toi, Grisha, dont il fut question. Je ne savais des Evens que peu de choses, nimbées d’une aura très littéraire, la vie libre dans les espaces glacés de Sibérie, la course folle des bergers avec leurs troupeaux de rennes. J’imagine volontiers ton sourire devant cette évocation de ce qui est tout sauf ta « vraie vie ». Ta véritable histoire, c’est quelqu’un que tu connais bien qui me l’a retracée. Quelqu’un qui t’a rencontré pour la première fois en 2007, alors qu’il venait d’être sollicité par Nicolas Vanier, pour lui faciliter le tournage de « Loup » et qui depuis, soulève des montagnes pour te sauver, André Bailly.

Je sais désormais dans les grandes lignes ton combat pour retrouver ton visage et tes mains brûlées dans l’incendie d’une cabane, il y a dix ans. Tu avais alors douze ans. C’est grâce à la volonté de tout ton clan et à l’acharnement des chirurgiens Yakoutes et Russes que tu es encore vivant. Vivant mais avec des séquelles qui, dans un pays où la température peut atteindre  les – 70° , grèvent lourdement ton quotidien. Ce qui m’a profondément et irrémédiablement liée à toi, c’est justement cette volonté puissante, hors du champ de l’explicable, de vivre en « mensh », en homme debout, fier et digne. Au milieu de ton troupeau de rennes, là où est ta place, celle que tu revendiques.

Cependant, cependant, le temps passe et il devient urgent de te soigner. Un autre hiver aux températures extrêmes pourrait avoir raison de ta volonté de vivre libre, dehors, si puissante soit-elle. Et les deux ou trois choses que je sais de toi me font comprendre combien tu ne pourrais te concevoir hors de cette vie de berger, au bord du chemin. Moi, moi, je sais que je vais bientôt te rencontrer, puisque tu devrais venir à Péronnas, dans l’Ain, fin septembre, un grand événement se prépare, auquel participera Nicolas Vanier. Mais nous en reparlerons bientôt.   Et de notre rencontre naitra peut-être quelque chose d’aussi puissant que ta volonté…

 S Oling

PS : Des chirurgiens de l’hôpital Saint Luc Saint Joseph à Lyon sont prêts à réaliser des greffes sur les mains et le visage de Grisha. André Bailly, à travers son association, www.bugey-sans-frontieres.fr multiplie les manifestations pour lever des fonds, les devis pour l’instant se montent à plus de 200 000 euros.

Vous pouvez si vous le souhaitez,  contribuer à ce bel élan. Si vous aimez la musique Tzigane et si vous êtes dans l’Ain le vendredi 13 aout… Les associations "Autres choses autrement" et BSF mais aussi "Guitares en Vignes" se sont unies pour vous proposer une superbe soirée de musique Tzigane avec la venue à St Germain les Paroisses (près de Belley) de trois virtuoses du groupe "Csardas». A partir de 20h30, à l’église de Saint Germain. La participation  demandée  sera reversée pour les soins de Grisha


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