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Fantômes japonais #2 : Noroi, The Curse

Publié le 16 avril 2010 par Luxyukiiste
Fantômes japonais #2 : Noroi, The Curse

Je vous avais promis plus de fantômes et de malédiction : les voici, bande d’impatients. Depuis la publication de mon premier article sur les fantômes japonais, et le succès de ma présentation en cours, je n’étais pas encore revenu aux affaires, attendant des jours plus tranquilles. Aujourd’hui, j’ai jeté mon dévolu sur Noroi, The Curse, intriguant film de 2005 se présentant comme un documenteur post-Blair Witch transposé dans le monde des émissions à sensation japonaises. Mon article sur Dance in the Vampire Bund vous dit-il quelque chose ? Pour ceux qui n’ont pas lu, je décrivais le premier épisode de cet anime, qui parodiait les émissions de télé japonaises ; les invités, de divers horizons, devaient discuter sur le thème des vampires. Ici, c’est le témoignage d’une mère de famille remarquant d’étrange bruits dans le voisinage, qui attire l’attention de Masafumi Kobayashi, expert en paranormal habitué des plateaux télé. L’enquête progressant, il découvre des choses de plus en plus étranges, tellement étranges qu’il finira par disparaître…

Fantômes japonais #2 : Noroi, The Curse

En n’ayant vu que Blair Witch, je serai parti avec un mauvais a-priori envers ce dispositif, ce film culte n’ayant absolument pas fonctionné sur moi, à part sur les dernières minutes. Pourtant, le concept était énorme : faire peur sans thune au milieu d’une forêt, quoi de mieux pour rendre la peur vraiment réelle et nous laisser avec l’angoisse, que, peut-être, quelque part, quelque chose se cache pour nous manger… Sauf que, à ce jeu-là, c’est Ring qui a gagné en me laissant pendant de nombreuses semaines face à une peur larvée des télévisions. Plus tard, [.REC] est venu introduire le concept dans le monde du film de zombie : l’immersion est complète, en raison d’un souci de réalisme qui va jusqu’à nous montrer quinze bonne minutes de documentaire classique. Une fois le spectateur persuadé qu’il regarde un vrai reportage, il accepte d’autant plus facilement l’idée d’infectés zombiesques terrorisant un immeuble barcelonais. Même chose pour Cloverfield : malgré ses personnages sans intérêt, j’étais resté scotché face au film de Matt Reeves, ou une gigantesque bestiole détruisait New-York, le tout filmé caméra à l’épaule. A ce propos, Noroi se rapproche d’ailleurs plus de Blair Witch que des deux autres : pas de super caméra HD portable ici, plutôt un vieux caméscope à Papa, avec image et son ad hoc… Comme la vidéo maudite de Ring…

Fantômes japonais #2 : Noroi, The Curse

Mais revenons à l’enquête, ami lecteurs détectives de l’étrange ! Comme je le disais plus haut, notre spécialiste se rend donc chez une maman perturbée par les bruits étranges qui proviennent de chez sa voisine. On dirait des miaulements, ou des cris ; difficile de trancher là-dessus. Heureusement, Monsieur spectre sonore est là pour nous révéler la vérité : il s’agit ni plus ni moins des cris de cinq bébés en même temps ! Sauf que, de bébés, il n’y a point chez la voisine, heureusement d’ailleurs, car elle a l’air très bizarre et fermera violemment la porte au nez de Kobayashi. Pas envie de parler, on dirait. Puis, la nouvelle tombe, et l’intrigue démarre : l’étrange femme disparue, la jeune mère et sa petite fille trouvent la mort mystérieusement… Des cris de bébé sans bébé, une femme peu accueillante, des pigeons morts : voilà sans aucun doute de quoi nourrir efficacement un nouveau reportage pour Kobayashi. La première partie du film fait l’aller-retour entre extraits d’autres émissions et enquête sur le terrain, le tout entrecoupé de passages par l’analyse audio et vidéo. Voilà qui n’est pas sans rappeler Ring, et l’analyse minutieuse de la vidéo de Sadako sur le banc de montage, des passages qui m’avaient fait prendre goût aux vidéos à clé, très nombreuses dans la J-Horror. Les extraits télé, coupés au montage, non diffusés, s’entourent inévitablement d’une aura mystérieuse ; comme le film lui-même, qu’on nous annonce, dès le début, trop dérangeant pour être diffusé

Fantômes japonais #2 : Noroi, The Curse

Et concrètement, cette première partie, ça marche ? Du tonnerre, oui ! Je retrouve ici un de mes éléments favoris : l’étude de micro-évènements étranges se produisant dans les logements des personnages. Un bruit récurrent ? Un dessin bizarre ? Mystère, il faut éclarcir tout ça ! Kobayashi suit deux personnes en parallèle, une jeune fille télépathe et sa famille, et une jeune actrice vivant seule, leur point commun étant d’avoir participé à une de ces émissions à sensation. Evidemment, chez elles et autour d’elles, tout va vaciller… Lesdites émissions sont très soignées, et ressemblent parfaitement à ce qu’on connaît de la télévision japonaise : invités bruyants, effets sonores kitsch et inscriptions omniprésentes. L’image, aussi belle qu’une vieille VHS de kermesse municipale, donne un cachet old school qui ajoute quelque chose à l’ambiance. Quand au montage du film lui-même, il appuie bien les moments importants pour que le spectateur moyen ait sa dose d’émotion putassière : plan fixe, zoom, répétition, musique angoissante… Le réalisateur Kôji Shiraishi veut vraiment nous faire croire à son procédé et utilise toutes les ficelles développés par la télévision à sensation. L’utilisation systématique (voire agaçante) du noir à la fin de chaque séquence accentue le côté « trouvé par terre » du reportage, même si un travail de montage a été effectué, ne serait-ce que pour inclure les textes. A la moitié, de nouveaux indices emportent notre équipe en dehors de la ville : la réponse se trouve peut-être dans de vieux rituels…

Fantômes japonais #2 : Noroi, The Curse

S’ouvrant vers l’extérieur, le film perd un peu de son intérêt, les personnages rencontrés n’étant que de brèves rencontres ; notre chère actrice terrifiée manque un peu, et le film se relancera à son retour. En parallèle, le quatrième personnage récurrent manque de planter le film : illuminé incompris à la Max Fenig d’X-Files, Mitsuo Hori est malheureusement bien moins attachant que lui, et souvent à la frontière du ridicule. Couvert d’aluminium, il rappelle les fous de la saga Ju-On, transformés en autiste à la seule vue de Kayako ; ici, il fait totalement tache et reste plus grotesque qu’effrayant. Finalement, c’est dans un hommage à son aîné américain que Noroi reprendra des couleurs : s’enfonçant en forêt à la tombée de la nuit, notre équipe, séparée en deux caméra, va se payer la frousse de sa vie, et nous aussi, un peu. Après l’enquête classique, Noroi enchaîne les séquences marquantes, graphiques, violentes : on n’est pas déçu d’être arrivés jusque-là, et c’est ce qui rend mon bilan globalement positif. De plus, le fin mot de l’histoire est plutôt glauque, ce qui ne gâche rien. Malgré un déroulement des plus classiques, Noroi reste une tentative intéressante d’apporter de la variété dans un genre poussé à la répétition. Et l’occasion de découvrir un réalisateur auteur d’autres films du genre, que je ne manquerai pas de regarder !


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