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Fenouillèdes et Vallée de l'Agly : Mystères, contrastes et légendes.

Publié le 09 août 2010 par Raymond_matabosch

Le Fenouillèdes, une région naturelle, à la beauté sauvage faite de collines calcaires peu escarpées mais très segmentées et de moyennes montagnes, se situe au nord-nord-ouest du département des Pyrénées Orientales. Comme toutes les régions estampillées « naturelles », ou pays traditionnels, ses frontières sont estompées, nébuleuses et incertaines.

Fenouillèdes et Vallée de l'Agly : Mystères, contrastes et légendes.

Il est d'étendue limitée et possède des caractères géomorphologiques, géologiques, climatiques, hydrologiques..., faunistiques et floristiques homogènes. Par la perception et la gestion de ses terroirs spécifiques, le développement de ses paysages et son identité culturelle propre, s'associant à son particularisme physique, il s'enorgueillit d'une occupation humaine cohérente, rationnelle et, égale­ment, homogène.

Les racines historiques du Pays de Fenouillèdes.

Ce pays institutionnel a été reconnu et inventé par les géo­graphes antiques grecs et les instances consulaires romaines. En ef­fet, lorsque, sous Auguste, la Narbonnaise fut restructurée, et les contours de la Provincia Romana et, en son intérieur, celles des cités la composant furent redéfinies par le cadastre d'Orange, en 77 après J.-C. sur l'ordre de l'empereur Vespasien, apparut pour la première fois le « Pagus Fenioletensis.(1) »

Fenouillèdes et Vallée de l'Agly : Mystères, contrastes et légendes.

Il prend également racine dans la longue histoire d'un fief féodal pérennisé par les érudits locaux et par les anciennes popula­tions rurales. Pierre, seigneur de Fenouillet, était le premier Vicomte connu de Fenouillèdes, sous domination catalano-aragonaise, pour être cité, en 1017, dans l’acte de fondation de l'évêché de Besalù(2). Auparavant, en 1011, un bulle du Pape Serge IV indique « qu’un monastère, consacré à Saint Pierre, sera établi dans le comté du Fenouillèdes, à l’intérieur du château vicomtal. »

Les racines politiques du Pays de Fenouillèdes.

Fenouillet, ayant donné nom au Fenouillèdes, était très faci­lement défendable. Deux lignes de murailles protégeaient le village surmonté du château vicomtal Saint Pierre. Le tout était renforcé par deux châteaux secondaires : Sabarda et Castel Fizel. Jusqu'à la fin du XII° siècle, Arnaud étant le dernier vicomte en ligne directe, la Vicomté de Fenouillèdes était dépendance du Comté de Besalù.

Fenouillèdes et Vallée de l'Agly : Mystères, contrastes et légendes.

A sa mort, sa fille épousa Pierre de Saissac fils cadet d'une puissante famille de la Montagne Noire. Par jeu des alliances, le château et la vicomté entrèrent dans la mouvance des vicomtes de Narbonne. Les Saissac étant liés à la religion cathare, la vicomté étant largement ouverte à la dissidence religieuse, le catharisme atteignit, lors, le Fenouillèdes. Pour son soutien à l'hérésie, Pierre de Fenouillet fut dépossédé de ses biens au profit du Comte de Roussillon, des biens retournant, ainsi, à la couronne catalano-aragonèse.

Dès le XIII° siècle, le Pays de Fenouillèdes, terre de France.

Mais au traité de Corbeil, 11 mai 1258, le Roi de France, Louis IX se démit de ses prétentions sur la Catalogne. Parallèle­ment, le Comte-Roi de Catalogne-Aragon, Jacques I° d'Aragon, re­nonçà à certaines de ses revendications territoriales, excepté Montpellier et autres possessions d'appartenance à son épouse Marie, dans le Languedoc. La Vicomté de Fenouillèdes devint terre de France et fit sienne la langue d'Oc et, par elle, l'occitan.

Fenouillèdes et Vallée de l'Agly : Mystères, contrastes et légendes.

Le département des Pyrénées Orientales fut créé, à la Révo­lution française, le 4 mars 1790, en application de la loi du 22 dé­cembre 1789. Il regroupa la province du Roussillon devenue fran­çaise par le traité des Pyrénées(3), 7 Novembre 1659, et une petite région du Languedoc, le Fenouillèdes.

Le Fenouillèdes, une région naturelle marquée par ses cours d'eau.

A l'est, le Fenouillèdes est délimité par la plaine du Rous­sillon et les Corbières catalanes, au nord par les Corbières audoises, à l'ouest, par le Pays de Sault et, au sud, par le Conflent. Près de Ra­bouillet et de la forêt de Boucheville, le « pays » culmine à 1356 mètres au Roc des Quarante Croix.

Fenouillèdes et Vallée de l'Agly : Mystères, contrastes et légendes.

Terre de contrastes surprenants, il s'organise autour d'une kyrielle de micro-régions naturelles, aux paysages et aux climats va­riés. L'Agly et ses affluents ont charpenté un relief montueux et accidenté déroutant, particularisé par un enchaînement de dépressions et de grabens, de plateaux et de horsts, et de barres rocheuses verti­gineuses.

Atlas des paysages du Fenouillèdes.


Le Haut-Fenouillèdes, dont l'altitude est comprise entre 300 et 1.356 mètres, à l'ouest, est constitué de vallées peu habitées et de massifs montagneux boisés Il associe rudesse et beauté dans ses paysages. Il est délimité, au nord, par le synclinal du Fenouillèdes, à l'est, par la vallée de l'Agly et le plateau de Roupidère et, au sud, par la vallée de la Castellane. Comme en témoignent les nombreux vestiges d'architecture militaire, il est riche d'un passé tumultueux. Quelques routes sinueuses desservent les quelques villages qui se nichent soit dans les vallées : Sournia, Rabouillet, Pézilla-de-Conflent, Le Vivier, Fenouillet..., soit sur les versants : Prats-de-Sournia, Campousssy...

Fenouillèdes et Vallée de l'Agly : Mystères, contrastes et légendes.

Le Bas-Fenouillèdes, dont l'altitude est comprise entre 60 et 800 mètres, humant les parfums de la garrigue et la fraîcheur des fo­rêts, les ravins escarpés en larges plateaux, est terre de vigne. Il est connu pour ses vins doux du terroir Maury.. Mais ici, la rocaille est toujours prête à reprendre, à l'homme, l'espace difficilement conquis aux rudes massifs quasi-désertiques. Quelques dix villages campent sur ce territoire et chacun n'excède pas aujourd'hui les 200 habitants.

Fenouillèdes et Vallée de l'Agly : Mystères, contrastes et légendes.

S'étirant entre les gorges de l'Aude à l'ouest et la vallée du Verdouble à l'est, là est l'étonnant synclinal du Fenouillèdes. Il s'allonge sur une trentaine de kilomètres pour environ quatre kilomètres de large entre les deux échines de calcaires qui l'encadrent. Une route départementale et une ancienne voie ferrée desservent les trois villages qui l'occupent : Maury, Saint-Paul-de-Fenouillet et Caudiès-de-Fenouillet. Dans sa partie est, coule le Verdouble qui arrose une vallée, mondialement reconnue pour avoir abritée, il y a 450 000 ans, « l'homme de Tautavel ».


Notes.

(1) Pagus Fenioletensis, de « pagus », bourg, bourgade ou village, district rural ou canton, et de « feneus », de foin, le pays des foins, ou de « fenicularius », de fenouil, le pays du fenouil d'où décline le Fenouillèdes et Fenouillet.

(2) Marca hispanica sive limes hispanicus, hoc est, Geographica & historica descriptio Cataloniae, Ruscinonis, & circum jacentium po­pulorum, Pierre de Marca. - Paris 1668.

(3) Le traité des Pyrénées formalise une paix conclue entre le royaume d'Espagne et celui de France à l'issue de la guerre de Trente Ans. La France annexe, articles 42 à 60, le comté de Rous­sillon, les pays de Vallespir, de Conflent et de Capcir et 33 bourgs et villages de l'est du comté de Cerdagne.


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