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Film · De bruit et de fureur - Jean-Claude Brisseau (1988)

Publié le 12 août 2010 par Cesperlesdevie

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Bruno (Vincent Gasperitsch) a quatorze ans. Il revient vivre chez sa mère, à Bagnolet dans une cité défavorisée, mais celle-ci est tellement absente qu'il se retrouve livré à lui-même. Accusant un gros retard scolaire, il se retrouve dans une classe d'"inadaptés". C'est comme ça qu'il rencontre Jean-Roger (François Négret), petite frappe dont il ne comprends pas la violence mais avec lequel il lie une amitié. Entouré de personnes irresponsables dont le propre père de Jean-Roger (Bruno Cremer) stupide et maniaque des armes à feu, Bruno ne pourra se raccrocher qu'à sa professeur (Fabienne Babe), ses fantasmes et son serin Superman.


Malheureusement je publie enfin cet article... la veille de l'enterrement de Bruno Cremer...  Avant d'être totalement obsédé par la masturbation et la jouissance féminine (A l'aventure, Les anges exterminateurs, Choses secrètes) Jean-Claude Brisseau exploraient des sujets plus profonds (ce qui ne signifie pas que la masturbation ne soit pas un sujet essentiel mais le ressortir à chaque film c'est franchement lourd). Pour s'intéresser aux banlieues dites "sensibles, Jean-Claude Brisseau n'a pas attendu qu'un type juché sur ses talonnettes veuillent les "nettoyer". De bruit et de fureur (interdit aux moins de 16 ans... on croit rêver) c'est un coup de poing dans le ventre surtout quand on le remet dans son contexte de fin des années 80. Pour s'occuper, ces jeunes des cités n'ont rien, à part le vol et la violence. A travers deux jeunes garçons, l'un rêveur et juste, l'autre brutal et cruel on s'enlise, en même temps que ce microcosme sans adulte, sans foi ni loi, dans la violence, la bétise et l'absence totale d'éducation.  Le film plonge de temps en temps dans la douceur de l'univers rêvé par Bruno pour mieux s'opposer à la brutalité de la réalité avec des répliques savoureuses de finesse comme "si tu lui piques pas son fric, j'irai pas t'sucer à la cave" ou plus révélatrices comme le "Pourquoi qu'il m'parle pas à moi ?" de Jean-Roger à propos de son père, point central de sa grande souffrance qui se répercute sur les autres. Justement Bruno Cremer est effrayant, lui qui malgré sa carrure impressionnante avait très souvent gardé sa légèreté et sa douceur. Quant à François Négret il est extrêmement troublant et m'a fait passer par la peur, la colère, la compassion, la tristesse. Je me demande pourquoi il s'est fait si discret à la fin des années 90.


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