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Parle-leur de batailles, de rois et d'éléphants de Mathias Enard

Par Sylvie

UN AVANT-GOUT DE LA RENTREE LITTERAIRE

Parle-leur de batailles, de rois et d'éléphants

Actes Sud, 2010

Voici en avant-première, avant sa sortie le 31 août, le nouvel opus de Mathias Enard, auteur il y a deux ans du remarqué Zone.

Il signe ici un roman historique sur les coulisses du monde de l'art et sur la vie méconnue de Michel-Ange. Nous sommes en 1506 ; le grand artiste n'a pas encore décoré la Chapelle Sixtine, il le fera quelques années plus tard. Alors qu'il est au service du pape Jules II et que ce dernier tarde à lui délivrer les finances pour la réalisation de son mausolée, le sculpteur est contacté par les ambassadeurs du Sultan de l'Empire Ottoman. Ce dernier souhaite qu'il construise un pont sur La Corne d'Or, reliant les deux rives du Bosphore.

Le grand sculpteur quitte alors Rome pour s'installer chez les infidèles à Istanbul...

Mathias Enard, grand spécialiste de la culture arabe et persane, s'inspire bien sûr d'un fait réel. Michel-Ange a bien réalisé des croquis de ce pont, après Léonard de Vinci.

A partir ce ce fait réel, l'auteur brode une histoire follement romanesque où le génie est courtisé par le grand poète ottoman Mesihi et par un être mystérieux, moitié homme, moitié femme, juif expulsé de la récente Espagne des Rois catholiques.

Le lecteur est plongé dans un conte oriental où les personnages gardent toute leur énigme.

Dans un clair-obscur magistral, Enard fait alterner la voix  du sculpteur et le mystérieux danseur-poète qui est tombé amoureux de lui.

On appréciera également, à l'image du pont de la Corne d'Or, un Michel-Ange entre deux eaux, qui hésite beaucoup : le jeune sculpteur hésite entre deux cultures, entre deux destinées, entre deux amours...

Voici un artiste en gestation qui sera à jamais marqué par ce qu'il a vu à Istanbul : l'auteur nous dit que son amour lui a inspiré le corps d'Adam de la Chapelle Sixtine...

Légende ? Sûrement. Ce court texte, telle une miniature persane, regorge de petits contes. Quant au titre énigmatique, c'est un hommage à la force des histoires, des contes lorsqu'on a tout perdu dans les ravages de la grande Histoire.

Une belle occasion aussi de découvrir la culture ottomane à travers le beau portrait du poète Mesihi


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