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Terre d'asile

Publié le 15 août 2010 par Malesherbes

Il était naguère un pays attaché à la défense des droits de l’homme. Cette vocation était si prégnante que, le soir même de son élection, un de ses présidents déclarait : « Je veux que partout dans le monde, les opprimés, les femmes martyrisées, les enfants emprisonnés ou condamnés au travail sachent qu’il y a un pays dans le monde qui sera généreux pour les persécutés, c’est la France ».

Au cœur de cet été, un chef d’Etat, violant allègrement la Constitution qu’il est chargé de défendre, a déclaré ceci : « La nationalité doit pouvoir être retirée à toute personne d'origine étrangère qui aurait volontairement porté atteinte à la vie d'un fonctionnaire de police, d'un militaire de la gendarmerie ou de toute autre personne dépositaire de l'autorité publique ».

Ne cherchez pas. Aussi extravagant que cela puisse paraître, il s’agit dans les deux cas, d’un seul et même Etat, la France, et d’un seul et même Président, Nicolas Sarkozy (quoique là, le doute soit permis). Seulement trois ans séparent ces deux discours. Le premier a été prononcé le 6 mai 2007, place de la Concorde, lieu républicain s’il en fut, et le second le 31 juillet 2010, à Grenoble, théâtre d’une émeute ! Au fait, que s’était-il passé en région parisienne à l’automne 2005, alors qu’un certain Nicolas était ministre de l’Intérieur ?

Lorsque ses thuriféraires clament, à la moindre critique sur ses déclarations : « C’est notre président, démocratiquement élu sur son programme, et qui applique son programme ». Ah oui, vraiment ? C’est un homme sans parole, qui a abusé ses électeurs, dont certains, trop crédules, n’ont toujours pas compris qui ils avaient porté à la tête de leur pays. Ecoutez plutôt la satisfaction des dignitaires du Front national, qui se glorifient du sceau d’honorabilité ainsi donné à leurs thèses et de la large diffusion que leur accordent des propos comme ceux de Grenoble.

Pour mieux épurer encore notre nation, je propose une nouvelle mesure citoyenne : tout titulaire de ou aspirant à la nationalité française devra pouvoir prouver la présence dans son pedigree paternel d’un ancêtre gaulois. Mais non, nous sommes héritiers des Francs ! Bon, alors un ancêtre de nationalité franque. Oui, mais ces gens ignoraient tout de la République. Alors soit, un aïeul révolutionnaire et, pour plus de sécurité, si possible non guillotiné. Si sa qualité d’étranger nous a déjà permis de rayer de notre mémoire Missak Manouchian, ce résistant arménien fusillé en 1943, cette nouvelle exigence supprimerait également le souvenir de tant d’autres, tel Lazare Ponticelli, cet immigré italien, vétéran de la Première guerre mondiale, qui s’est permis ensuite de profiter de notre hospitalité pendant près de cent ans.

Pour couronner ce bel édifice législatif, il ne resterait plus qu’à accorder à nos lois, comme d’aucuns avaient déjà tenté de le faire il y a peu, un caractère rétroactif. Nous pourrions alors, sans attendre 2012, avoir de suite une nouvelle élection présidentielle.  


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