"La pop est un langage comportant une grammaire propre par laquelle peuvent s’exprimer un certain nombre de messages. Particulièrement adaptée à notre époque, il était légitime que la pub et la communication s’en emparent. La plupart des entreprises cherchent à moderniser leur image en usant de ses symboles et de son esthétique. Aujourd’hui nous étudierons la pub Orange pour le forfait Mobile Smart."
Qualifier le marché de la téléphonie mobile de particulièrement rentable est un euphémisme traduisant plutôt mal les 4,9 milliards d'euros de CA au dernier trimestre 2009. Objet incontournable, le mobile l'est encore plus auprès de la jeunesse qui constitue une cible de choix pour les opérateurs qui se disputent la part du lion de ce gâteau juteux. Certains se sont presque exclusivement positionnés sur cette tranche dont ils connaissent parfaitement la forte consommation. C'est le cas notamment de Virgin qui a adapté sa communication en fonction de la clientèle ciblée (celle-ci ne dispose pas d'un grand budget et pour cette raison use abondamment du SMS).
Pub Virgin
Pour ne pas voir ses parts rongées par l'offensive "jeuniste" (donc pop) de son concurrent, Orange décida en début d'année d'opter pour une campagne utilisant le langage pop par le biais du graphisme. L'entreprise, anciennement France Télécom, conserve une image plutôt austère que l'alliance du blanc et du orange permirent, non pas d'effacer, mais d'atténuer. Mais face au logo de Virgin, l'ancien service public ne fait pas le poids en terme de cool.
Pour cette raison, Orange choisit de décliner la communication de son forfait Mobile Smart avec un graphisme inspiré du graffiti afin d'illustrer son slogan rappelant l'invective jetée à la face de tous les parents du monde: "C'est moi qui choisis". Et pour mieux souligner la souveraineté du jeune consommateur, une couronne orne le "c'est".
Pub Orange
Le graffiti, à la base activité de marginaux fournissant au mouvement hip hop son esthétique, quitta à l'orée des années 2000 les terrains vagues pour faire son entrée dans les salles de musées. La fondation Cartier lui accorda d'ailleurs une place de choix l'année dernière, après le Grand Palais (est-ce une coïncidence si la campagne orange sortit peu après?). Le Graffiti vint enfin, après plusieurs décennies de clandestinité, de rejoindre le cercle restreint des arts graphiques et reste encore l'un des vecteurs de communications les plus fédérateurs de la jeune génération.
Fondation Cartier - Né dans la Rue
Néanmoins cette campagne passa plutôt inaperçu, en témoigne le peu d'infos sur le net, ce qui ne sembla pas déranger Orange outre-mesure. L'opérateur n'utilisa d'ailleurs pas le visuel sur son site internet. De peur de bousculer sa clientèle? Si c'est le cas alors le graffiti n'a pas encore complètement acquis sa légitimité auprès de tous...
Banksy - Thug For life
P.S: j'aimerais remercier Mikkado ( http://wert-nation.com/blog/?p=166), le seul à avoir conservé une trace de cette campagne. Merci pour l'unique photo.
Jeu de briques
Snake
Pacman
Bubble