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Vacances et diverses pérégrinations

Par Pseudo

1973 - Autophotographe 1e.jpgIl est temps de partir en vacances. Ça durera ce que ça durera, les temps sont durs, même ceux des vacances.

Durant cette année de labeur, le Cactus – "le" pour éviter toute confusion avec sa p'tite sœur du 64, pas si p'tite que ça la drôlesse, et qui a su se tracer un joli sentier bien à elle dans la région – le Cactus, donc, aura aimé sillonner les routes de cette plateforme. Plateforme débonnaire, toutes ne sont pas aussi paisibles... On y est rarement agressif, et jamais ordurier. Quasi miraculeux sur le Net ! Passons pour flagorneur mais n'ayons pas peur de le dire : ce micro-climat, rare, c'est d'abord à l'administration de la plateforme qu'on le doit. Suivez mon regard, vous l'aurez reconnu. Ça n'a l'air de rien, comme ça, mais l'accueil, la bienveillance, l'assistance, cet impeccable SAV en quelque sorte, ça vous rend la vie facile. Et l'humeur joyeuse. On se sentirait presque aimé, c'est dire ! Pour le reste, à chacun ses problèmes : c'est quand même pas lui qui va écrire les articles des uns, des autres, non plus !

Le Cactus aura aimé visiter quelques-unes de ces belles maisons bourgeoises, comme on dit par chez lui. Ces maisons dont la façade signe la réussite de l'occupant, ou sa notabilité. Aucune ironie ici, un zest d'admiration voilà tout. Je pense à DEB d'abord, bien sûr. "L'animateur" de la plateforme, un peu gourou, un peu manipulateur, le bougre, mais le meilleur de tous. Et si agaçant, souvent, avec son art de se faire aimer, d'avoir la préférence, la seule place qu'il supporte. Un pro, un artiste, à tous les sens du terme, un "invité" qui plus est. Hors concours, donc. Mais il fallait commencer par lui.

Je pense à Patrick Pike, et sa maison d'un beau clacissisme, altière, aux arêtes bien dures parfois. J'allais écrire Patrick l'Imprécateur, mais non, Patrick ne prie jamais "contre quelqu'un" (pour qu'il lui arrive malheur, selon l'étymologie du mot imprécation). Il tance les Importants, imbus d'eux-mêmes, quand ils ne sont que des Injustes ; nulle misanthropie chez lui, mais gare à sa lanière sèche de redresseur de torts.

Près de ces riches pignons, le Cactus sera entré avec plaisir dans quelques bâtisses plus baroques, aux occupants souvent inattendus, imprévisibles parfois : chez Max, cet extraordinaire capharnaüm, grouillant de vie, où l'on croise des sages d'Amérique, des Indes, des Landes même ! Où l'on refait le quotidien au comptoir du bistrot ; où l'on croise l'Esprit-des-Mondes-à-venir, et Celui du Commencement-des-Temps. Avec une cheminée toujours allumée, pour que l'hiver soit moins dur au passant qui toquerait à la porte.

Chez Rochambeau ("Des mots et des maux"), cette amusante collection de souvenirs familiers, charmants et naïfs, ces autographes plus ou moins "illustres", ces rencontres contées, ces émerveillements d'enfant – je le dis ici comme d'une qualité, l'ami, ne le prends pas mal – au cours de ces voyages d'enchantement, dans son Pays des Merveilles à lui.

Alice, tout aussi bien, se sentirait chez elle dans les couloirs en trompe-l'œil de Jean Babarian ("Le Meilleur est avenir", "Le Livre du week-end"). Sacré JB ! Le plus "décalé" de nous tous, lui et son imagination folle, et cette façon de sourire du monde comme Chaplin, ou comme Allen (Woody), dans le non-sens, l'élégance.

Autre lieu baroque, où l'humour sert de rampe d'accès : la maison RAP. Même les gauloiseries y semblent british, c'est dire l'élégance du décor !

Puisqu'on bifurque vers l'allée des poètes, il faut sonner tout de suite chez Alain Guillaume. Pas compliqué à trouver : la façade est en parpaings bruts, le jardin pas trop arrosé, et il s'en fout bien, le Guillaume ; mais sur le trottoir, déjà, ça swingue un max, camarade, tu peux pas le rater. Tu entres, c'est plein de bouquins, mais des vrais, ceux qu'on aime, qu'on a lus vraiment, qu'on raconte aux amis pour qu'ils en profitent à leur tour. Et puis c'est plein de musique, celle qui syncope, qui tangue, qui crochète, qui drague, comme un jazz ou une java. Et pourtant t'y trouveras que des mots. De drôles d'instruments, dans ses mains à lui.

Et comme il les aime bien, les mots et les sons, le Cactus est aussi allé se glisser chez Aldo Campo, de temps en temps. Des vrais sons, avec des jolis mots écrits dessus, ou autour, ou à côté, enfin peu importe, un peu de poésie d'un couloir à l'autre.

Et la poésie c'est l'entrée de la rue des Arts, non ? Les arts... Mais c'est Arty pardi ! Le Fils, le Ter, et même le Saint-Esprit, forcément, ou le Bis, ou tout ce qu'on veut dans cette Factory extraordinaire. Sacrée galerie, d'où s'échappe soudain, pour venir fureter sur nos blogs plus patauds, malicieuse et poétique, VVS la lumineuse, Véronique "la citoyenne de l'errance", ainsi qu'elle dit d'elle-même, dont la peinture – ces "images mentales comme en auraient les chamans", selon ses propres mots – est "le seul ancrage".

Parler peinture, c'est dialoguer avec Martina, obligatoirement. "Démuseler la peinture" ! Le Cactus avait trouvé étrange, justement, ce nom de blog. Une fréquentation plus assidue lui a ouvert – entrouvert, plutôt... – l'intelligence sur ce monde de l'art contemporain, un peu chinois pour lui. Mais chez Martina (Marcha ?), il a trouvé bien d'autres choses : des chroniques, des extraits d'ouvrages personnels, des amertumes, des émotions, de la vie en somme ("Point de fuite").  

La peinture, la photo... Cactus se sera plu à visiter les couloirs d'Isa Chlorophylienne, ses couleurs-matières, ses étranges mobiles, ses personnages insolites, ses rapprochements déroutants – même si elle s'est fait plus paresseuse, ces derniers temps.

Et puis dans toutes les villes, il y a des quartiers inclassables. Partie résidences, partie commerces, partie ateliers... C'est là qu'on échoue son insomnie, souvent, au bout de sa nuit, dans ces boîtes ou ces clubs qui restent ouverts plus tard, près des restos interlopes où l'on s'est agglutiné, bourges et voyous accourus dans ce qu'il reste de chaleureux passé minuit. Singe Vert, c'est ce genre d'enseigne, ce lieu des aurores qui pointent. Cactus y sera souvent passé, fatigué et intrigué. Pas certain d'avoir toujours tout compris – l'excès de Jack Daniels sûrement, ou la plume de Kohnlili quand elle se fait expérimentale... Sacré Kohnlili ! Sacré prof, râleur,  érudit même pas cuistre – ça frise l'exploit –, vieil anar laïcard virant franchement réac sur les bords à force de voir sa foi de hussard façon Péguy foutue en l'air par des bobos friqués, qui jouissent à droite mais pleurent à gauche. Et ont pété notre société. C'est-à-dire notre enseignement. Péguy, Céline, Nietzsche... Ces trois-là, il les aura été un peu, Kohnlili die Grüne Affe. Successivement, ou en même temps, pour faire l'intéressant, ou chier le peuple, ou ses anciens élèves, on ne sait plus, et c'est là que ça devenait dur à suivre. Et c'est là qu'il était passionnant, l'ancien, les meilleurs textes de la plateforme. Entre deux cours sur Andocide, Gracq, la Chanson de Roland, Brantôme, Apulée, et trois gueulantes sur le malheur d'être prof en ces temps d'analphabètes à Rolex.

Voilà les rues où le Cactus se sera plu à musarder durant cette année "ouvrable" – comme disent les employeurs. Il ne lui reste qu'à regretter la fermeture ancienne de belles sentes : Angoustrine et son sentier aux Anes, qui s'est entêté à mettre la clé sur le clavier malgré les 392 684 pétitionnaires implorant son retour. L'aura-t-il jalousé, Cactus, cet Ane plébiscité, déjà du temps de sa splendeur, quand il suffisait à l'équidé de pester contre  la pluie d'automne pour que trois douzaines de commentaires énamourés affluent à l'écurie. Même DEB pouvait se rhabiller ! Avec ses quatre lecteurs et demi, Cactus en restait sur le cul. C'est qu'il y avait ce ton, bien sûr, qui ne mentait pas, et disait l'empathie, et la justesse du coup d'œil, et la sincérité du coup de gueule...

Et puis Coquelinette – faut-il l'appeler Marcek ? –, poétesse du continent conquise par la Corse, sans prétention et sans fausse note. Lassée d'écrire, peut-être, qui sait ? On peut bien se lasser de ça, aussi...

Les valises à boucler. Hasta luego. Un jour ou l'autre, ici ou là.


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