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The Flaming Lips, The National, Archie Bronson Outfit, The Rapture, etc. - La Route du Rock - 15 août 2010

Publié le 20 août 2010 par Toto

Les années se suivent et se ressemblent. Finalement. Comme l'année dernière, nous avons décidé, maman et moi, de prendre notre billet pour la dernière journée du festival malouin de la Route du Rock. Comme l'année dernière, nous n'avons pas eu de pluie, histoire de faire taire les mauvaises langues qui disent que c'est pourtant une habitude bretonne. Enfin, il faut quand même avouer que cette fois-ci, il s'en est fallu de peu, puisque la veille, il a fait un temps exécrable, - tant pis pour les fans de Massive Attack - nous obligeant ainsi le lendemain à chausser de très seyantes bottes en caoutchouc. Comme l'année dernière, ce fut excellent. Même plus que l'année dernière. Rappel des faits de ce dimanche 15 août d'auguste mémoire.Premier concert de la soirée : Thus:Owls, en remplacement de dernière minute des américains de Ganglians. C'est un groupe suédois réunissant des musiciens de Loney, Dear et de ... Patrick Watson. Et cela donne comme on peut s'y attendre une drôle de mixture, rappelant tantôt Dead Can Dance pour la musique à tendance médiévale, le look de prêtresse et la jolie voix de la chanteuse, tantôt Pink Floyd pour les élans sonores flirtant souvent avec le rock progressif. Sympa et plaisant, même si ce n'est pas vraiment ma tasse de thé. En tout cas, cela m'a paru nettement plus intéressant que ce j'avais pu écouter sur disque.
Deuxième concert et le ton monte de plusieurs crans d'un coup avec les sauvages anglais d'Archie Bronson Outfit. Nos quatre gaillards débarquent sur scène attifés de simples robes boubous bien dans l'esprit de leur dernier "Coconut" et de ses inspirations tribales et africaines. Pendant près d'une heure, il n'y aura pas un seul temps mort, le set dégageant une puissance sonore et mélodique redoutable. Un bémol toutefois, nos londoniens chéris (enfin, surtout de maman ;) sont un poil statiques et se contentent - ce qui est déjà beaucoup - de balancer la sauce, l'air de rien, un peu en retrait. Le trac ? Et si derrière ces costumes excentriques et originaux pour un groupe rock et cette musique allumée et instinctive, se cacheraient finalement de doux introvertis ? Excellent concert tout de même.

C'est déjà l'heure de la pause. Puisque c'est pendant la prestation des norvégiens de Serena Maneesh et de leur rock tendance shoegaze que nous avons choisi de retrouver un collègue blogueur, en l'ocurrence Erwan, The Man Of Rennes, le temps d'une bière et d'une sympathique rencontre. Si nous ne partageons pas toujours les mêmes goûts musicaux, nous étions au moins d'accord sur ce qui était en train de se passer devant nous. Beaucoup de bruit pour rien ou presque. Un groupe qui se la raconte pas mal, des morceaux interminables qui n'évoluent la plupart du temps pas d'un iota, et pas l'once d'une mélodie immédiatement sifflable à l'horizon. Le chanteur-guitariste au bandeau à la Bruce Springsteen  période "Born In The USA" ou MGMT, terminera seul, allongé sur scène, nous gratifiant d'une pitoyable séquence de gratouillis de guitare sans intérêt. L'écoute de leur dernier album m'avait carrément laissé de marbre et pourtant, j'aime plutôt ce qui est shoegaze, - au passage, pour Erwan, j'ai entendu dire que c'est Sufjan Stevens qui avait fait les arrangements de cordes de "N°2 : Abyss in B Minor" : info ou intox ? - leur concert n'a fait que confirmer cette première impression. Indéniablement, le gros point faible de la soirée. Le seul. Finalement.
Car la suite sera un feu d'artifice presque continu. A commencer par The National. Un peu déçu par "High Violet" et ne les ayant jamais vus en live, je ne m'attendais pas à une telle démonstration. Surtout que le concert avait commencé plutôt calmement, contrastant par là avec les précédents bourrins norvégiens (une habitude de ce pays ?). Mais la suite sera épatante, le groupe faisant montre de toute sa puissance sonore et mon dieu, quelle rythmique basse/batterie ! - même si le batteur a des faux airs du célèbre personnage de publicité, "il a Free, il a tout compris". Matt Berninger, lui, maîtrisera sa voix de bout en bout, malgré le nombre de verres d'alcool ingurgités. Etonnant chanteur d'ailleurs, capable de furies intempestives dignes de véritables crises d'épilepsie, puis de reprendre un calme tout olympien, l'instant d'après. Quant aux jumeaux guitaristes : sobres et impeccables ! Bref, The National a la grande classe. Et tant pis, si maman (et les Inrocks)  ne partagent pas entièrement mon enthousiasme, trouvant la musique du groupe trop... académique. "Alligator" reste plus que jamais l'un de mes disques préférés de la dernière décennie.
Avec le groupe suivant, en tout cas, il y a eu unanimité générale. Car que dire du concert des géniaux Flaming Lips ? Que depuis la dernière fois que je les ai vus, en 2002, à Paris, au moment de la sortie de "Yoshimi Battles The Pink Robots", le show des américains est tout simplement devenu énorme, gagnant encore en folie et en majesté. Peut-être aussi parce que la scène d'un festival le permet plus facilement que celle de l'Elysée Montmartre. Un grand écran placé au centre de la scène diffuse d'abord un clip psychédélique dans lequel une jeune femme nue danse frénétiquement. Puis la vidéo s'arrête sur la fille allongée, en position d'accouchement. C'est alors que les membres du groupe font leur apparition, par une porte, à l'endroit même du vagin. Le chanteur, lui, avance avec l'aide des mains, directement sur le public, en faisant tourner une immense bulle dans laquelle il évolue. Les canons installés sur les côtés projettent des confettis. De gigantesques ballons gonflables sont lâchés. Des apprenties danseuses tout habillées d'orange - bien dans le ton du reste, car même les amplis sont de cette couleur !- se trémoussement  de façon désordonnée à gauche et à droite du groupe. Le ton est donc donné d'emblée : ce qui va suivre, va tout autant valoir pour la musique que pour l'aspect visuel spectaculaire. Wayne Coyne tiendra ainsi la vedette tout du long  : il sera d'abord attaqué par un gros ours en peluche, fera faire ensuite au public toutes sortes de cris d'animaux ("I Can Be A Frog"), dirigera des faisceaux lumineux verts à partir de mains énormes et terminera bien sûr en apothéose avec le magnifique classique des Flaming Lips "Do You Realize ?" On reste béats d'admiration, comme des gamins, devant tant de fantaisie, d'inventivité, de grand foutoir organisé, le sourire niais scotché aux lèvres. Il fallait évidemment en être. Un concert des Lips, ça se vit. Et pis c'est tout. Comme dirait l'autre.
House Of Jealous Lovers" et "Echoes" sont toujours aussi impressionnants de puissance et donnent d'irrésistibles envies de bouger. Le public fatigué tout de même, il est trois heures du matin, semble ravi, gardant ainsi la banane (et la pêche ?) laissée par le concert précédent. Ayant déjà écouté nos morceaux préférés, nous décidons tout de même, de partir, maman et moi, un peu avant la fin, histoire de ménager nos oreilles qui en ont de toute façon assez entendu.
Comme l'année dernière, nous sommes rentrés au petit matin, fatigués mais heureux. Comme quoi, oui, les années se suivent et se ressemblent.
Autres comptes-rendus du festival ailleurs sur le net : Rock Times, Alter1fo.com, Random Songs, La Blogothèque et le dossier spécial du journal Ouest-France.
Comme l'an passé, Arte Live Web a retransmis quelques concerts en direct sur internet  dont ceux de Thus:Owls et Serena Maneesh toujours visibles ici et là.
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