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Au bout du monde à gauche: la vallée du Nujiang

Publié le 20 août 2010 par Aurélien

Au bout du monde à gauche: la vallée du Nujiang

Nujiang. Littéralement: le Fleuve Déchaîné, du nom de l'ethnie qui le peuple majoritairement, les Nu - ils sont quelques dizaines de milliers à peine, vivant plus vêtus que leur nom ne paraît l'indiquer. Le fleuve porte bien son nom: il est comme coincé aux confins de la Chine, à portée d'arc de la Birmanie, roulant ses flots tourbillonnants au fond de gorges difficiles d'accès.
C'est l'un des lieux de Chine les plus reculés. Une route unique le remonte, quatre cents kilomètres vers le Nord qui serpentent accrochés aux montagnes qu'il a creusées. Des Pères Jésuites, venus du Tibet, traversèrent ces montagnes à la fin du XIXe siècle pour y porter la bonne parole. Depuis, l'isolement de la région l'a protégée d'autres influences. Je pars avec quatre amis. Quel mélange de traditions ethniques et de catholicisme y découvrirons-nous?
Au bout du monde à gauche: la vallée du Nujiang Nous atterrissons à Kunming, la capitale du Yunnan; une erreur de coordination avec notre guide nous laisse une journée sur place. Nous découvrons la Forêt de pierres (石林), à une centaine de kilomètres en minibus. Les désalignements sont improbables, les chemins entre les élévations rocheuses sont dédaléens, l'afflux des touristes et leur agglutinement aux points nodaux se transforme, sous l'effet d'une pluie légère, en un cortège de parapluies multicolores.
Au bout du monde à gauche: la vallée du Nujiang Le soir, nous prenons de la gare routière ouest (西部客运站) le bus de nuit pour Liuku, qui commande la vallée du Nujiang. De là nous louons une voiture, et roulons vers le Nord. La route se termine à Bingzhongluo (丙中落), une heure après Gongshan (贡山), la dernière ville de la vallée. Les transports publics ne vont pas plus loin. Nous sortons de 11+8 = 19 heures de mouvement motorisé. Nous nous dégourdissons les jambes dans la ville minuscule - unique rue digne d'un western - dans l'air que l'altitude et le soir rafraîchissent.
Comme dans toute ville de campagne chinoise, on retrouve les mêmes commerces: boui-bouis, quincailleries, boutiques de téléphones, alimentations... Dans le cadre large des hautes montagnes, l'air est dense en silence, perturbé des sons du soir: une moto qui se gare, une négociation qui s'échauffe, des ânes que l'on hâte.
Au bout du monde à gauche: la vallée du Nujiang Notre guide, Aluo, habite dans le village voisin de Dimaluo (迪麻洛), à quelques heures de moto en passant par Gongshan, mais il a acquis récemment un café dans le village de Bingzhongluo. Nous y dînons délicieusement.
Au programme des jours à venir: six jours sur les traces des  Pères jésuites. C'est la première fois, nous dit notre guide, qu'il emmène des étrangers sur cet itinéraire. Ce n'est pas fait pour nous rassurer. Nous monterons vite, nous monterons haut, de col en col, mais pour l'heure nous ne savons rien de ce qui nous attend, car nous n'avons ni carte, ni photographies, ni récit d'un itinéraire au coeur de l'inconnu.
Comme je l'avais fait pour mon Voyage dans le Guizhou et le Guangxi ainsi que pour l'aventure de Deux pékins dans le Yunnan, je vous propose un récit à suivre jour par jour.
Pour le dernier voyage de cette année passée en Chine, n'oubliez pas le guide.
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