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La santé publique a-t-elle raison de s'inquiéter?

Publié le 14 août 2010 par Alain Dubois

Bonjour
Louise Nadeau et Sylvia Kairouz,

Les propos tenus par l'INSPQ dans son rapport intitulé «Enjeux de santé publique reliés à l’étatisation des jeux d’argent sur Internet» sont-ils faux ? S’ils ne le sont pas, j’en déduis la chose suivante.

Au Canada, en 2007, 17,1% des joueurs qui s’adonnaient aux jeux pour de l’argent sur internet (JAI) avaient des problèmes de jeu (12,6% modéré, 4,5% grave). Je retiens que 4% des joueurs qui s’adonnent aux JAI développent de graves problèmes.

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Gaming netbook http://casinonetbook.com/netbook-computers/online-gambling-netbooksAujourd’hui, on estime que 130 000 personnes). Ce qui veut dire qu’environ 5 200 de ces personnes sont aux prises avec un problème de jeu grave qui a un impact sur leurs familles et entourages et qui exige la mobilisation de services de santé et de services sociaux.

Selon le Canadian Tax Foundation chaque joueur aux prises avec un problème grave de jeu coûte 56 000$/an à la société en coûts directs et indirects. Cela veut dire que nous assumons collectivement actuellement une dépense de 130M$.

En Suède, après 10 sans d’étatisation, à cause de la nouvelle norme sociale que l’étatisation permet (cela devient légal et on a confiance de ne pas se faire voler) la proportion d’adultes s’adonnant aux JAI est de 8,5%. Il est plausible que nous atteignions la même proportion au Québec dans quelques années. Si onquadruple le nombre de personnes qui jouent aux JAI, on quadruple aussi le nombre de personnes et de familles qui auront besoin de services On devra donc s’attendre à dépenser plus de 520 M$ en services aux joueurs et leurs familles années après années.

Si nous en dépensons actuellement 130M$ pour ces services cela signifie que le coût direct de l’introduction du JAI par Loto-Québec sera de 390 M$ par année pour le gouvernement. Les profits anticipés par Loto Québec n’atteignent même pas le dixième de cette somme.

Donc, en modifiant la norme sociale pour introduire les JAI, nous acceptons une dépense supplémentaire de l’État de ~350 M$ par année, sans compter la souffrance humaine et la détresse des familles qui se calcule bien mal. C’est peut-être ce que nous voulons mais ce que la santé publique demande, c’est de se donner du temps pour bien le réfléchir.

Si tout ce raisonnement ne se tient pas, je vous en serais gré de le corriger.

Merci

Yv Bonnier Viger
Médecin spécialiste en santé communautaire
Adjoint au directeur de santé publique de Chaudière-Appalaches
Professeur au département de médecine sociale et préventive de l’Université Laval
Président de l’Association des médecins spécialistes en santé communautaire du Québec NOTE: Le texte de Nadeau et Kairouz est disponible ICI


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