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La mort du livre de science ?

Par Raymond Viger

S’il devient plus facile aux scientifiques de communiquer directement entre eux, et s’ils passent encore plus de temps devant leurs ordinateurs, qui diable a encore besoin de livres en science ? C’est la question que posait Sam Elworthy en recensant un livre consacré, justement, au livre à l’ère numérique. Et Sam Elworthy figure parmi les directeurs des Presses de l’Université de Princeton, d’où son embarras…

«Est-ce que Darwin aurait besoin d’un éditeur aujourd’hui? Écrirait-il même un livre?» Et la réponse est : peut-être pas. D’une part, parce qu’au cours des 25 dernières années, les progrès technologiques ont révolutionné ce que les auteurs peuvent faire par eux-mêmes, sans avoir besoin d’un éditeur. Ils peuvent jongler avec les polices typographiques — ou en créer — et mettre en ligne eux-mêmes tout ce qu’ils écrivent.

D’autre part, parce que l’audience pour les livres de science — livres spécialisés, mais aussi livres de vulgarisation — est devenue beaucoup plus facile à rejoindre qu’à l’époque de Darwin : un courriel envoyé dans un forum spécialisé ou sur un blogue fréquenté par le public cible peut suffire à diffuser une idée.

Quel rôle reste-t-il au livre ? Eh bien, dans certaines disciplines… aucun !

La chimie et la biologie moléculaire, par exemple peuvent se passer de livres, selon Elworthy et le sociologue américain John Thompson. Dans quelques autres disciplines par contre — au grand soulagement des Presses de l’Université de Princeton, sans doute ! — le livre imprimé peut encore jouer un rôle, lorsqu’il s’agit de vulgariser un argumentaire ou une tendance.

Pour expliquer aux étudiants et au grand public de quoi l’univers pourrait avoir l’air du point de vue du gène, Richard Dawkins se devait d’écrire un livre (The Selfish Gene, 1976 ; en français : Le Gène égoïste). Pour entrer dans la sphère médiatique, Hubert Reeves devait passer par la littérature (Patience dans l’azur, 1981). Pour pleinement développer une grande idée et la transporter jusqu’à une audience élargie, les bons vieux livres en papier jouent encore un rôle. Mais pour combien de temps ?

Extrait de Science ! On blogue, par Pascal Lapointe et Josée Nadia Drouin, à paraître en octobre 2007 aux éditions MultiMondes


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