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Urgences

Publié le 21 décembre 2007 par Jean Lançon

Dans son malheur, notre fille a beaucoup de chance, même si elle aurait sans doute préféré ne pas vivre ce qu'elle a vécu hier. On s'est fait très peur.

Audrey a quelques problèmes lombaires (deux petites hernies discales), pour lesquelles le rhumatologue (le plus réputé de la région) a prescrit un IRM, afin de certifier son diagnostic et entreprendre les traitements appropriés. Rien d'alarmant selon ses propres propos, juste un petit souci (certes douloureux) à suivre, et qui devrait guérir rapidement.

Seulement voilà, Audrey (notre fille, donc), qui aura 16 ans en février, craint qu'il y ait une origine congénitale à ces problèmes (ma femme est en proie à des pathologies lombaires depuis la pré-adolescence), alors que le rhumatologue est quasiment convaincu que c'est sa croissance (qui fut impressionnante ces deux dernières années) qui est à l'origine de ses douleurs.

L'IRM a été passé lundi, et les résultats étaient disponibles à partir d'hier après-midi. Seulement, en raison de nos emplois du temps, et pour accélérer aussi le processus de traitement, nous avons préféré ne pas aller chercher les résultats au centre d'imagerie médicale (qui est à 25 km), mais plutôt leur demander de les adresser directement au rhumatologue (qui est extrêmement réactif). Le connaissant, il reçoit les résultats aujourd'hui et nous faxera sans doute dans la journée ses prescriptions.

Donc hier, j'étais à dans mon bureau (ma femme et moi avons l'avantage de faire l'essentiel de notre travail à domicile) lorsque ma fille y entre et me dit : "fais comme si je n'étais pas là, je m'ennuie, je viens chercher des plats pour le réveillon". J'aurais dû m'alerter. En presque 16 ans de temps, je n'avais jamais entendu Audrey dire "je m'ennuie". J'aurais dû décrypter : "je cherche à m'occuper l'esprit parce que quelque chose me tracasse".

Quelques minutes plus tard, ma femme, ma fille et moi-même nous retrouvons, et soudain Audrey se plaint d'une oppression sur la poitrine, puis s'évanouit. J'appelle le 18 (central d'appel du SDIS de l'Aude), qui me passe un médecin. Ma femme étant beaucoup plus qualifiée que moi dans ce domaine (son parcours scolaire équivaut à une première année de médecine), je lui passe le médecin, qui lui dit : "je n'ai pas de médecin de garde sous la main, et si je vous envoie les pompiers ils ne pourront rien faire de plus, emmenez-là aux urgences, je les préviens de votre arrivée". Sur le coup nous ne réalisons pas. Sitôt dit, sitôt fait, en route pour les urgences.

Pendant le trajet, Audrey a perdu connaissance quatre fois, quatre fois pendant lesquelles elle s'est aussi arrêtée de respirer. Ma femme, avec elle à l'arrière, lui a fait à chaque fois du bouche à bouche pour que la respiration reparte. Nous étions d'autant plus inquiets qu'au fur et à mesure de l'évolution de sa crise, elle se plaignait de violentes douleurs dans le bras droit puis dans le gauche, puis ensuite d'importants fourmillements sur tout son visage. De mon côté, au volant, j'ai mis à profit les cours de pilotage que j'avais pris quand j'avais 25 ans, et je demande pardon aux maires des communes que j'ai traversées (Saint Marcel sur Aude, Marcorignan et Narbonne) d'avoir roulé à une vitesse plus proche de celle d'une route nationale que de celle imposée par leurs zones 30.

Bref, nous sommes arrivés aux urgences en un temps record. Les urgences n'avaient pas été prévenues par le SDIS. Audrey a été prise en main de suite, mise sous oxygène immédiatement. Après les examens indispensables (radios, bilan sanguin etc.), nous l'avons ramenée à la maison, avec la conclusion médicale : crise de tétanie. Visiblement due à son stress concernant le résultat attendu de l'IRM.

Aujourd'hui elle va tout à fait bien. Reste que je vais demander des explications au SDIS aujourd'hui. Parce que les pompiers auraient pu faire quelque chose de plus pendant le trajet : la mettre sous oxygène.

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