Magazine Cinéma

Box Office #5 - 08/10

Par Ashtraygirl

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Encore des reviews, ce mois-ci! C'est parti!

Chatroom
Chatroom -
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Depuis qu'Internet est devenu ce qu'il est - un vaste monde où il est aussi aisé de trouver ce que l'on croit chercher que de s'y perdre - le cinéma a tenté, a bien des reprises, de donner corps à cette réalité (parallèle) virtuelle et d'analyser ses déviances. Pourtant, je doute qu'aucun autre que Hideo Nakata ait si bien su matérialiser, avec les plus habiles transitions entre le réel et le virtuel, la sphère des fameuses - et controversées - chatrooms. Le travail opéré pour donner une existence concrète à ces espaces numériques est saisissant, et fichtrement pertinent. Chaque "salon" de discussion revêt un aspect différent selon s'il abrite une armada de filles en fleur ou des groupes extremistes aux pratiques douteuses. Chacun trouve une essence visuelle, en même temps que des murs et un mobilier, épuré, dans un décor sombre en passe de délabrement (un signe?), au charme surrané. L'atmosphère, tout à la fois cosy (au début) et oppressante (vers la fin), est tempérée au diapason.

Et si, sur la forme, Nakata excelle, sur le fond, Chatroom ne démérite pas, même si l'on est en droit de juger son raisonnement par trop simpliste parfois, se permettant des raccourcis certes nécéssaires pour le support, mais discutables à l'échelle de l'intrigue à la psychologie parfois maladroite. Néanmoins, si la morale de l'histoire ne peut se prévaloir d'une incroyable subtilité, les propos multiples - abordés trop parcimonieusement peut-être - n'en demeurent pas moins pertinents, forts, bouleversants, en même temps que ce Chatroom, unissant réalité aseptisée et sphère internet subversive (ou inversement d'ailleurs) amalgame aussi brillamment complexes adolescents et tragédies numériques, exploitant jusqu'à la limite de ce qui est raisonnable la fibre sadique qui sommeille en chacun de nous... et son pendant salvateur.

Un film marquant, troublant, percutant, servi par un quintet d'interprètes excellents - Aaron Johnson et Matthew Beard en tête - qui monopolisent l'attention sans effort, tour à tour sympathiques, touchants, ou fichtrement inquiétants. Un méga coup de coeur, en ce qui me concerne.

chatroom
 

En bref: Petits meurtres entre amis...

*1h27 - britannique - by Hideo Nakata - 2010

*Cast: Aaron Johnson, Imogen Poots, Matthew Beard, Hannah Murray, Daniel Kaluuya... 

L'Apprenti Sorcier
L'Apprenti Sorcier -
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Dernier méfait en date de l'association Disney-Bruckeimer, L'Apprenti Sorcier partait avec plusieurs sérieux handicaps: Jon Turteltaub, à qui l'on doit les capillotractés Benjamin Gates, Nicolas Cage, le cobaye capillaire, Alfred Molina, le "méchant" à la mode (hmpf) et un scénario décidé à faire dans le recyclage (Merlin l'Enchanteur, Fantasia...) plutôt que dans l'inédit (soupir). Autant dire que c'était pas gagné. Et ce n'est pas le pitch de départ, consternant, qui avait de quoi faire fondre mes a-priori. En gros, on nous retourne le mythe de Merlin comme une taie de traversin et on la remet en vrac, en lui collant des disciples en désaccord et une ennemie jurée (Morgane, encore elle...), et on met tout ce petit monde dans une poupée russe (pardon, une poupée gigogne), qui va traverser les siècles en attendant l'avènement du descendant légitime de Merlin lui-même. Evidemment, celui-ci pointe le bout de son nez de nos jours... à New-York. Pour l'originalité, on repassera. Là-dessus, festival pyrotechnique, combats chorégraphiés et tours de passe-passe en veux-tu en voilà, assaisonnés de dialogues pas toujours heureux mais hyper redondants, au cas où on aurait perdu le fil. Et Nicolas Cage de se perdre dans de nouvelles explorations capillaires pas très heureuses (assorties d'un look franchement craignos).

Oui, tout ceci ressemble fort à un bourbier sans nom destiné aux plus jeunes (qui, eux, devraient s'éclater devant ce conte inoffensif), marasme dans lequel Disney est dernièrement passé maître.

C'était sans compter sur LA très bonne surprise du film: Jay Baruchel. Si le gamin n'a rien de très convaincant dans la bande-annonce, c'est sur la durée qu'il fait montre de son potentiel: rafraîchissant, drôle, touchant, décalé, il tient littéralement le film de bout en bout, y apportant une vraie dimension comique, et un relief qu'on aurait pas cru possible. On retiendra aussi la prestation de Toby Kebbel (qui va devenir un habitué de la maison), et celle de Jake Cherry, le Tom Pouce qui monte.

L'apprenti sorcier

En bref: Si la magie peine à émerveiller, cet apprenti sorcier-là parvient tout de même à nous déclencher de franches rigolades. Et ça, ça mérite bien 2 étoiles...

*1h45 - américain - by Jon Turteltaub - 2010

*Cast: Nicolas Cage, Jay Baruchel, Alfred Molina, Toby Kebbel, Monica Bellucci, Jake Cherry, Teresa Palmer...

The Switch
Une famille très moderne -
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Et encore un film venu d'outre-atlantique qui, sitôt abordé les côtes françaises, se voit affublé d'un titre parfaitement (abs)con(s): Une famille très moderne, jugé plus lisible que The Switch (L'échange, litt.), a priori. Soit. On était en droit d'attendre, des créateurs des plebiscités Juno et Little Miss Sunshine (pas vus mais sous le coude), une bonne comédie un rien satirique pour clore cet été bien tristoune avec le pitch plutôt alléchant de The Switch. Encore que cela sente la comédie mièvre à des lieues à la ronde, cette histoire de papa-graine basée sur un quiproquo qui aurait pu s'avérer tordant. En lieu et place, pas de ballade romantique loufoque, mais un film plus dramatique qu'il n'y paraît, qui traite d'avantage de liens sociaux et d'idéal de vie que d'idylle à deux balles.

Côté originalité, on part très mal, avec un cadre indémodable mais lassant (surtout lorsqu'il est filmé sans brio), New York, une histoire de trentenaire titillée par son horloge biologique et ayant renoncé au prince charmant, ayant décidé d'aller au plus court de ce que peut offrir un homme à une femme: ses meilleurs nageurs. Ajoutez un meilleur ami névrosé apparaissant évidemment amoureux de sa meilleure copine, et vous aurez à peu près tout saisi de cette bluette (in)féconde. Et ce n'est pas le jeu fadasse de l'éternelle Rachel de Friends qui y change quoi que ce soit, loin s'en faut. The Switch a tout pour s'enliser. A deux exceptions près, cependant.

Si le film fait du sur place sur une mer d'huile pendant une bonne moitié de film, et s'il rate une occasion parmi tant d'autres de verser dans l'atypique (le crochet par le Minnesota aurait été le bienvenu), il révèle ses deux belles surprises dans sa seconde partie, celle qui voint poindre le bout du nez de Sebastian (Thomas Robinson), bambin hypocondriaque un rien associal, aux airs de hamster dépressif, qui n'est pas sans rappeler Wally (Jason Bateman), le fameux meilleur ami. On voit la fin convenue depuis le début arriver au galop sans grande subtilité, mais la relation qui se noue entre ces deux-là,  exclusive, leur attachement quasi viscéral, emporte le morceau, tant elle sonne juste, sincère. Outre l'alchimie toute en nuance du père et du fils, à l'écran, outre cette ôde timide mais magnifique à la paternité, c'est bel et bien la prestation de Jason Bateman, épatant de bout en bout, qui sauve le film de l'ennui mortel. Drôle, attachant, et finalement infiniment délicat, il porte The Switch sur ses épaules, à la fois clown triste et looser de service, sans jamais paraître lourd. Une composition plus que bienvenue.

The Switch
 

En bref: une fable un peu inconsistante et inoffensive, qui accuse de sérieux coups de mou, mais dont certains aspects brillamment interprétés demeurent louables. C'est également l'occasion de réviser vos classiques en cas d'attaque de poux. Mention spéciale à Jeff Goldblum, toujours irrésistible, et Juliette Lewis, toujours siphonnée.

*1h42 - américain - by Josh Gordon et Will Speck - 2010

*Cast: Jennifer Aniston, Jason Bateman, Jeff Goldblum, Juliette Lewis, Patrick Wilson, Thomas Robinson...


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