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Camarade Antho

Publié le 24 décembre 2007 par Hugo Jolly

UNE VRAIE HISTOIRE DE PÈRE NOËL

Partie 2 

IV 

Après s’être vêtu de son traditionnel manteau rouge à col de fourrure blanc et de sa tuque assortie, celui qui semblait être réellement le Père Noël enfourcha la motoneige, pendant que Godefroy terminait d’enfiler son ensemble hivernal.

  • Allez mon Garçon! il n’y a pas de temps à perdre!
  • Un petit instant et j’arrive… Voilà! dit le jeune homme qui avait de la difficulté à croire ce qu’il s’apprêtait à faire. Mais avant de partir, pouvez-vous m’expliquer comment fonctionne cette espèce de « mitraillette ».
  • Ce n’est pas une « mitraillette », jeune homme, mais bien un M-16A4 fabriqué par une filiale nord-américaine de FN, une entreprise belge. Son calibre 5.56 X 45mm en fait un fusil d’assaut et non une mitraillette. Les mitraillettes sont de plus petit calibre, 9mm pour la plupart…
  • Bon, bon, d’accord, mais pouvez-vous me montrer comment fonctionne ce « fusil d’assaut »?

Le Père Noël lui expliqua comment charger, armer, sélectionner le tir, puis finalement comment viser et tirer.

  • Vous ne croyez pas qu’on va se faire massacrer par ces mercenaires? Moi, je ne pense pas qu’on va faire le poids… dit Godefroy.
  • Croyez-vous au Père Noël maintenant?
  • Euh, oui… répondit-il, en se sentant quelque peu ridicule.
  • Alors tout est possible : montez derrière!

La motoneige démarra et ils se lancèrent vers leur destination.

Après avoir zigzagué au travers des amoncellements de glace pendant une quinzaine de minutes, le Père Noël donna un coup de coude à Godefroy, puis lui pointa une immense masse de glace qui se tenait à quelques kilomètres devant eux. Il immobilisa la motoneige, puis dit à notre environnementaliste :

  • Ils sont là dedans!
  • Dans une montagne de glace?
  • Erreur, ce n’est pas une montagne de glace, mais bien une base.

Godefroy recommençait à douter…

  • Vous ne me croyez pas, hein? Venez, vous allez voir!

Ils marchèrent jusqu’à ce que le vieil homme lui fasse signe de se coucher au sol, ce qu’il fit.

  • Voyez-vous? lui chuchota-t-il, il y a un poste de guet, juste là.
  • Je ne vois vraiment pas…
  • Regardez, vous voyez le petit tas de glace, juste là? dit-il en lui pointant une masse blanche devant lui à environ 500 mètres d’eux.
  • Je ne vois que le gros que vous m’avez montré toute à l’heure?
  • Non, non! un autre plus petit, juste là.
  • Un poste de guet??? lança Godefroy incrédule.
  • Tient ton arme prête au cas où… nous allons essayer de ne pas nous faire voir.

Ils se placèrent en position accroupie et marchèrent lentement vers le poste de garde jusqu’à ce qu’ils ne soient qu’à quelques mètres, puis le Père Noël lui fit signe de s’arrêter. Godefroy regarda le gros monceau de glace de trois mètres de haut par quatre de large et, ne voyant pas ce que ça avait à voir avec un poste de garde, dit négligemment au vieil homme d’une voix mi-étouffée: « Ce n’est qu’un tas de glace! » Mais un bruit soudain capta son attention : un son de porte qui s’ouvre venait précisément de l’amoncellement de glace. Il se retourna vers le Père Noël, mais ce dernier n’y était plus : disparu! Toutefois maintenant un homme en uniforme, le visage caché par un passe-montagne l’épaulait de son arme :

- Pas un geste ou bien je te transforme en passoire! Dépose lentement ton arme… Godefroy obtempéra. Mais au même moment il vit le Père Noël s’avancer furtivement derrière l’ennemi, sa ceinture à la main. Il la leva au dessus de la tête du mercenaire, puis d’un seul coup il la descendit sur la gorge au même moment qu’il lui donnait un coup de pied derrière le genou droit, ce qui lui fit perdre l’équilibre et basculer par derrière. Le Père Noël, étendu sur le dos sous son adversaire qui se tortillait en tentant désespérément de se libérer de la ceinture qui l’étranglait, la serra sans pitié jusqu’à ce que le mercenaire cesse tout mouvement.  

Il se libéra du corps du soldat de fortune et s’adressa à Godefroy :

  • Tu vois? Retire ta mitaine et touche ça – tout en lui pointant l’amoncellement de glace – tu vois bien que ce n’est pas de la glace!
  • Euh, oui.
  • Viens avec moi!

Ils contournèrent le poste de garde et se retrouvèrent devant une porte ouverte donnant accès à une pièce chauffée munie d’un bureau sur lequel il y avait un écran d’ordinateur, où on y voyait des images de l’extérieur, et un casque d’écoute munie d’un micro. Au fond de la pièce, un petit réfrigérateur, une cafetière pleine de café et un four à micro-ondes reposaient dans une armoire prévue à cet effet. Sur le sol : une caisse de grenades ouverte. Ils pénétrèrent à l’intérieur :

  • Ferme la porte!  dit le Père Noël.

Godefroy s’exécuta.

  • C’est incroyable! dit-il, on dirait vraiment un amoncellement de glace.
  • Alors tu n’as rien vu : imagine la base! Maintenant, tu vas prendre l’uniforme de notre copain qui fait un gros dodo : il doit te faire comme un gant et n’oublie surtout pas le passe-montagne.

Ils traînèrent le corps à l’intérieur et lui retirèrent ses vêtements. Godefroy se hâta de les enfiler. Soudain, une lumière verte placée sur l’écran d’ordinateur clignota.

  • Répond et demande un eescorte en disant que tu m’as capturé, il a dû nous voir arriver et nous a signalé avant de sortir… pendant ce temps je me ramasse quelques grenades… s’ils te découvrent, ils seront plus nombreux, ce qui ne serait pas très grave.

Le jeune homme se coiffa du casque d’écoute et répondit à l’appel en suivant les instructions du Père Noël. Blackwater l’avisa qu’ils enverraient une escorte de deux hommes. Ils eurent à peine le temps de cacher le corps dans la salle de toilette qu’un son de motoneige se fit entendre avant de s’arrêter, puis l’on frappa à la porte. Il appuya sur le bouton de déclenchement et deux hommes en uniforme apparurent :

  • Salut Jack! T’as eu ce gros imbécile? dit le premier en pointant le Père Noël.
  • J’prendrais bien un café, mon Jack! dit le second. Tu peux enlever ton passe-montagne…

Mais au même moment où le mercenaire s’apercevait que quelque chose clochait, Godefroy pointa prestement son arme vers eux et tenta sans succès de faire feu : il avais omis de retirer le cran de sûreté et de sélectionner le tir automatique. Heureusement que le Père Noël fut plus rapide que les mercenaires : il vida sur eux tout un chargeur du MP5K1 qu’il cachait derrière son dos.

  • Ha! Voilà pour ces rats!
  • Désolé, dit Godefroy, j’ai encore failli nous faire tuer…
  • Pas de problème mon gars, t’es avec le Père Noël! Allez, prend quelques grenades et suis-moi, nous allons nous occuper du reste de cette racaille en allant chercher tes amis.

Il changea de chargeur et arma le pistolet mitrailleur.

  • Tu vas me suivre derrière en me pointant ton arme comme si j’étais prisonnier et moi, naturellement, j’aurai celle-ci derrière mon dos… dit-il souriant en montrant son MP5K.
  • Et une fois à l’intérieur, c’est quoi le plan?
  • On tire et on fait exploser tous ces salauds!
  • Hum, vous n’avez pas un plan plus… disons… sophistiqué?
  • On pourrait dynamiter leur base de l’extérieur et la faire exploser, mais tes amis ne seraient pas très contents de toi.
  • Bon, c’est OK, on y va!

Une dizaine de minutes de marche furent nécessaires pour se rendre à la base. À la droite de  l’entrée de l’immense montagne de glace, il y avait un trou de la dimension d’un index. Le Père Noël fouilla dans sa poche et en sortit dix doigts sectionnés :

  • Eurk! dit Godefroy.
  • Jeune homme, je suis désolé, mais il n’existait pas d’autres façons d’aller chercher tes amis! Bon, celui-ci devrait faire l’affaire!

Il inséra le doigt dans le trou prévu à cet effet et une porte coulissante s’ouvrit sur un immense entrepôt.  Au centre, il y avait le traîneau du Père Noël et les rennes, tous attelés et aucun mercenaire n’était en vue.

  • Tes amis sont au bout du couloir là! dit le vieil homme en pointant du doigt une porte. Prends ça, tu vas en avoir besoin pour leur ouvrir la porte! il lui lança un index que Godefroy attrapa aussitôt. Pendant ce temps, je m’occupe des mercenaires.
  • Merci!

Il n’avait pas passé la porte qui menait au couloir, qu’une série de détonations se firent entendre, suivi d’une multitude de coups de feu. Godefroy n’avait plus de temps à perdre; il devait aller chercher ses amis. Le corridor avait une dizaine de mètres et donnait sur un autre passage à sa gauche. Au moment où il tournait le coin, il tomba face-à-face avec un mercenaire qui courrait en sa direction. Cette fois-ci, une longue rafale s’échappa de son fusil d’assaut, ne laissant aucune chance à l’homme qui s’effondra au sol sans perdre l’élan de sa course. Il changea de chargeur et continua au bout du corridor qui débouchait sur un petit bureau semblable à celui du poste de garde extérieur, adjacent à une porte métallique. Sans perdre de temps, il introduisit le doigt dans la cavité prévue à cet effet, puis la porte s’ouvrit :

  • Godefroy?! s’écrièrent à l’unisson les deux hommes et la femme qui était à l’intérieur.
  • Venez, suivez-moi, je vous expliquerai plus tard!

Ils le suivirent dans les couloirs, puis arrivèrent dans le grand entrepôt où reposaient les corps d’une quinzaine de mercenaires. Mais quelle ne fut pas leur stupeur de voir le Père Noël dans son traîneau leur faire signe de le rejoindre : « Venez vite! Ils va certainement arriver des renforts, dépêchez-vous!!! » Ils coururent à toute jambe vers le traîneau et au moment où ils se jetaient à l’intérieur, la grande porte coulissait laissant en laissant entrevoir une trentaine de mercenaires embusqués derrière leurs motoneiges qui faisaient feu sur eux. D’un coup, au travers des projectiles qui sifflaient à leurs oreilles, le Père Noël cria : « Allez, Rudolf! Ha! Ha! Allez!!! ». D’un seul coup, l’immense traîneau leva de terre et sortit de la base à une vitesse fulgurante, faisant rouler les passagers vers l’arrière.

Après que Godefroy eut expliqué toute son aventure à ses compagnons d’infortune, bien blottis sous une immense couverture de peaux, le Père Noël s’adressa à eux :

  • Vous savez quel jour on est?
  • La veille de noël, répondit Cassandra.
  • Exactement, ma fille! Voulez-vous m’accompagner pour ma distribution?
  • Mais, vous n’avez pas de cadeaux! dit Godefroy.
  • Tu as raison, jeune homme. Mais nous allons en chercher où il y en a!
  • Et c’est-à-dire?.. demanda Jules.
  • Chez Wal-Mart!!! Vous allez voir qu’on va en avoir pour notre argent! Ha! répondit le Père Noël.

Il regarda son GPS et fit exécuter à ses rennes un léger virage à gauche.

  • Attention, nous allons sortir du cadre temporel normal!
  • ???
  • Comment croyez-vous que je puisse distribuer des cadeaux à des centaines de millions d’enfants? il abaissa une manette et les flocons de neige qui tombaient alors restèrent en suspension. Voilà! le temps est arrêté. Regardez vos montres et vous verrez : il est 21 heures! et dans deux heures, il sera encore 21 heures…

Le temps s’était bel et bien arrêté. Alors qu’ils s’approchaient d’une ville, ils commencèrent à perdre de l’altitude pour finalement apercevoir une enseigne Walt-Mart.

  • Bon commençons notre ménage!
  • Ménage? demanda Godefroy.
  • Celui-ci!

Le Père Noël regarda dans ce qui était une sorte de viseur, puis tira un levier : « cloum! », une soute à bombe s’ouvrit. Puis il tira une autre manette : « clock! fffffffiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii! ». Une bombe tombait sur le magasin. « Boum », un nuage de fumée noire indiquait qu’ils avaient touché la cible.

  • HA! Ils vont regretter d’avoir modifié mon traîneau pour en faire une arme secrète! Mais il n’y a que moi qui puisse l’utiliser! HA! Bon voyons voir si mon système de chargement fonctionne encore!

Il tira une autre manette, puis un bruit d’aspirateur se fit entendre. Derrière eux, une grosse poche rouge se remplissait de cadeaux. « Incroyable! » pensaient-ils tous, « le Père Noël va distribuer gratuitement des cadeaux aux enfants. Et ces cadeaux proviendraient du plus vil des magasins à grande surface, c’est-à-dire Wal-Mart! »

  • Qu’allons-nous faire, lorsque la poche sera vide, Père Noël? demanda naïvement Cassandra.
  • Nous allons faire exploser un autre magasin, n’est-ce pas Père Noël? répondit Godefroy en riant.

Ce dernier lui adressa un clin d’œil en guise d’approbation et leur dit :

  • Ce sera la nuit la plus longue de votre vie : elle durera l’équivalent de plusieurs semaine! Mais on va s’amuser, ça je vous le garanti! Ha! Après tout ça, cette chaîne de bandits de grands chemins fera banqueroute. HA! L’année prochaine, je m’occuperai d’une autre chaîne et je continuerai jusqu’à ce qu’ils ferment tous! HA! Entre temps, je délivrerai mes associés-lutins afin de redémarrer notre coopérative de travail et de recommencer à fabriquer nos propres jouets ! HA!

Ils firent exploser un à un tous les Wal-Mart du monde entier et en distribuèrent tous les items qu’ils contenaient aux jeunes et moins jeune. Le matin de noël, alors que tous profitaient de leurs cadeaux, les chaînes de télévision annonçaient avec incompréhension que tous les Magasins de la chaîne Wal-Mart avaient été bombardés et vidés de leurs contenus. Ils ajoutèrent que les compagnies d’assurance ne paieraient pas pour ce qu’ils considéraient un « act of God ». La compagnie s’en allait droit vers la faillite. Pendant ce temps, notre ami Godefroy était retourné au campement de l’expédition avec ses amis où les autres scientifiques furent très heureux de les revoir tous sain et sauf en ce 25 décembre. Notre jeune héro passa le plus beau noël de sa vie en compagnie de sa copine Cassandra. 

De son côté, notre Père Noël qui s’ennuyait mortellement de sa chère Mère Noël, qu’il n’avait pas vu depuis près de 40ans, mit le cap avec son traîneau vers l’île où elle vivait maintenant séparée de Jim Morrison. Après avoir eu des liaisons avec Elvis, JFK et même Marilyn, elle fut très heureuse de retrouver son cher Père Noël, qui s’avérait être le seul homme à la hauteur de ses attentes et de ses besoins!

FIN 


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