La mort programmée du loup en France, une stratégie politique ?

La nouvelle est quasimment passée inaperçue. Vendredi dernier, le président de la République a annoncé qu'il donnerait l'autorisation aux bergers de tuer tout loup qui s'aventurerait autour d'un troupeau. D'ici peu en effet, des permis de chasse seront distribués à ces éleveurs. Le chef de l'Etat a ainsi déclaré un brin goguenard que les loups comprendraient vite qu'en approchant d'un troupeau, ils recevront un coup de fusil.

Après le fameux discours de Grenoble où notre président nous a montré par la suite ses grandes capacités à garantir en France la paix sociale, le voici qui donne aux éleveurs le privilège de défendre leurs terres d'une bête assoiffée de sang. Notre chef de l'état lutte en réalité pour sa survie politique. En chute libre dans les sondages, il essaie de jouer sur les terres du Front national en jouant la carte de la sécurité. Au lieu de calmer les tensions et d'aider réellement les jeunes en difficulté dans les banlieues défavorisées, il préfère y envoyer des forces d'intervention spéciales et donner sa propre version du "contrôle raisonné" de l'immigration afin de mobiliser la branche la plus conservatrice et raciste de la République. Plaire aux chasseurs et agriculteurs votant en grande majorité pour le parti CPNT proche de l'extrême droite ? Aucun problème et une seule réponse de la part du président: permettre l'éradiquation d'une espèce animale protégée en rendant légale son extermination. C'est dommage et c'est même pire que ça. M. le président, ce n'est pas sur ce terrain que la population française attend des actes de votre part. A terme, à force de crier au loup alors qu'il n'y a pas de raisons de le faire, plus personne ne vous croiera.

Neo Anderson, The Daily Planet