Magazine Société

2012 : les jeux sont faits, rien ne va plus

Publié le 31 août 2010 par H16

Ce soir, c’est téloche. Le gros fauteuil mou vous tend ses coussins moelleux, et, d’un geste auguste, vous attrapez la télécommande et cliquez nonchalamment sur le premier bouton qui se présente. Et là, pouf, vous êtes projeté le 22 avril 2012 au soir. Zut, ce n’est pas la télécommande du téléviseur, c’est celle de la machine à voyager dans le temps prêtée par l’Hérétique, qui a oublié le manuel joint normalement avec.

A peine remis de ce voyage temporel qui aura, au passage, grillé le bout d’une de vos pantoufles, vous constatez que, finalement, peu de choses a changé autour de vous.

La télé est allumée, et débite son flot habituel de publicités idiotes pour du dentifrice ou des politiques économiques absurdes. 20H00, les résultats estimatifs de sondages approximatifs en sortie des urnes pipeaumétriques sont connus, et déjà, Claire Chazal embraye, voix tremblotante d’émotion ou d’une ménopause mal contrôlée.

Comme prévu, Sarkozy fait un score semblable à ses costumes : petit et mal taillé. À l’instar de tous les autres présidents de la cinquième république qui n’ont jamais été réélu lorsqu’ils exerçaient vraiment le pouvoir, il ne sera donc pas présent au second tour. Sa tête déconfite, les yeux cernés et les cheveux en bataille, apparaît un instant dans la lucarne médiatique.

La surprise est faible : d’une part, sa campagne brouillonne, à mi-chemin entre un programme social-démocrate insipide et les plates-bandes du FN, aura fait fuir ceux qui croyaient encore vaguement à ses agitations médiatiques, sans convaincre aucun votant du FN de le rejoindre.

D’autre part, le bilan général de la présidence s’avère franchement pastel, et ses résultats économiques médiocres voire mauvais ; la France, déjà peu préparée à la crise en 2007, l’aura subie de plein fouet en 2008 et 2009, s’y sera enfoncé avec une quasi-délectation en 2010 pour s’y immobiliser, tel un mammouth englué dans l’argile grasse de Sibérie, les années suivantes. Ponctué de petits « blub-blub » adipeux, l’enfoncement continue sous l’œil attendri du FMI qui attend la prochaine dégradation de note pour agir.

Mais surtout, tout semble indiquer que le camp majoritaire, à l’approche des élections, aura fait ce qu’il faut pour perdre la bataille, dans une espèce de fuite étrange du pouvoir. Sentant l’écroulement proche des finances et de l’état jacobin sur lequel la clique politique se nourrissait depuis un moment déjà, l’UMP, consciemment ou non, aura donc proprement saboté tout espoir de victoire en se lançant dans des thèmes de campagnes hasardeux, mal maîtrisés, le tout couplé à des choix économiques désastreux (J’admets que dit comme ça, cela fait très UMP de tous les jours, mais il faut imaginer plus de Hortefeux en roue libre, plus de commentaires bessoniques, plus de concentré de Lefebvre en intraveineuse : un festival !)

Pour le reste, on joue sur du velours : les candidats – en pleine dissonance cognitive et imaginant un poste enviable - se bousculent pour devenir président.

On trouve ainsi les éternels communistes Mélenchon et Besancenot, ainsi que la petite dernière, Joly, des sociaux-démocrates verts plus ou moins extrêmistes en différents parfums (Duflot, Lepage), un centre social-démocrate sur-représenté avec du Bayrou, du Villepin, du Dupont-Aignan, et bien sûr quelques sociaux-démocrates de droite, plus ou moins dissidents de l’UMP, avec de Villiers et la version dure pour Marine le Pen.

Evidemment, le Parti Vraiment Socialiste n’est pas en reste, avec là encore une pléthore de têtes à claques de liste. Certes, officiellement, le parti ne présente qu’Aubry. Mais le parti Démocratie Sociale Karabinée, de Dominique Strauss-Kahn, compte lui aussi récolter quelques pourcentages nécessaires à imposer ses vues lors du second tour. Futur d’Avenir, le nouveau parti de Ségolène Royale, furieuse d’avoir été évincée des primaires avec la polémiques sur la transparence des votes qu’on imagine déjà, récolte lui aussi quelques précieuses voies qui lui permettront de s’immiscer dans le prochain gouvernement.

2012 : les jeux sont faits, rien ne va plus

Autrement dit, la France continue d’aimer affectueusement les idéologies mortifères ou bancales : le communisme n’a marché dans aucun pays, mais il est longuement écouté au pays des « Lumières » ; le socialisme, fut-il démocrate, foire plus ou moins mollement, mais il est appliqué consciencieusement, avec résultats médiocres et baisse persistante du pouvoir d’achat depuis des décennies, sans que personne ne songe une seule seconde à le remettre en cause.

Dans tous ces candidats, pas un ne se dégage : tous prétendent incarner un changement, une rupture, une cassure, une fracture ou une nouvelle mouture, et pourtant tous réclament une intervention accrue de l’état. Tous garantissent une politique alternative, mais aucun ne remet en question les dogmes qui ont si bien réussis à verrouiller la société française. Tout sera différent, promis, mais on ne changera rien.

Ainsi, pas un ne semble prêt à admettre la ruine des retraites : tous redoutent une capitalisation qui, disent-ils, n’offrirait hypothétiquement que des clopinettes aux plus pauvres, et tous encensent la répartition (moyennant quelques ajustement, hein, bien sûr), qui … n’offre effectivement que des clopinettes aux plus pauvres.

Ainsi, pas un ne veut remettre à plat le système de sécurité sociale tant ils sont certains qu’un changement profiterait aux plus riches au détriment des plus pauvres. Ils préfèrent de loin consolider un système qui, ici et maintenant, assure aux plus riches un traitement bien plus confortable qu’aux plus pauvres. Ils adoubent tendrement ce système qui rationne les équipements, les médicaments, les opérations, les moyens mis à disposition, paye les praticiens avec un lance-pierre, et creuse puissamment dans les deniers publics pour un résultat tous les jours plus mauvais.

Ainsi, aucun d’entre eux ne veut toucher, même de loin, aux zacquis sociaux, à la lourdissime pesanteur du droit du travail et du corset rigide que forment les syndicats collectivistes sur l’emploi : redoutant que les gens finissent par négocier eux-mêmes les termes de leurs contrats, en dehors de tout cadre juridique, ils assurent les citoyens de leur parfaite loyauté envers ce système qui pousse pourtant tous les jours plus de personnes au chômage ou dans les limbes douteuses du travail au noir, … en dehors de tout cadre juridique.

Le seul chiffre vraiment significatif, dans ce premier tour, est l’abstention : plus de 50%, ce qui ne s’est jamais vu lors d’une présidentielle. Les citoyens, ceux qui ne sont pas embrigadés dans les guerres picrocholines, qui doivent tous les jours faire face aux législations galopantes des élus avides de laisser des traces, nombreuses et grasses, de leur passage dans la vie politique, ont de moins en moins envie de participer à cette mascarade : écrasés par les taxes et les impôts, comprenant confusément que les dettes qui s’empilent à tous les niveaux finiront par leur retomber sur le coin du nez, ils n’accordent plus leur confiance aux clowns qui les volent et les violent sans jamais encourir la moindre sanction.

Soudainement, la voix de Chazal tremblote de plus en plus à l’énoncé de ce chiffre d’abstention record. L’image prend bientôt le même chemin, et … pouf, vous voilà revenu en août 2010. Ce n’était pas un voyage dans le temps, mais un simple accès de sommeil brutal, provoqué par les palpitantes déclarations de l’un ou l’autre crétin à roulette qui parle dans le poste.

Bah. Au moins, cela aura permis de répondre au tag de l’Hérétique

;)
et de le passer à Val Le Nain, Vincent Bénard, Benoît Toussaint et le Chafouin


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


H16 229672 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazine