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Eric Woerth : ignoble ou ridicule ? Il n’a pas encore atteint … «l’âge de raison» !

Publié le 01 septembre 2010 par Kamizole

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Il commence à me faire chier grave, le Woerth ! A bouffer mon temps, mon énergie et ma patience… Avec tous les rebondissements de l’affaire Bettencourt-Woerth – plus la dérive ultradroitière de Sarkozy et ses charges contres les étrangers et les Roms, comme si la coupe n’était pas déjà assez pleine ! – ils ont gâché mes vacances, non que j’eusse envisagé de partir mais j’espérais du calme, des infos plan-plan avec beaucoup de «marronniers» perdant leurs feuilles avant l’automne. Pour les personnes qui ne le sauraient pas, les marronniers sont ces infos bateau que les journalistes en mal de papier recyclent d’une année sur l’autre quand l’actualité fait relâche pendant l’été. Le fameux monstre du Loch Ness eut longtemps cette fonction de bouche-trou.

Je suis outrée de lire qu’Eric Woerth dénonce sa “lapidation médiatique” (dépêche AFP du 30 août 2010)… Comment ose-t-il comparer son sort à celui de l’Iranienne Sakineh Mohammadi Ashtiani, condamnée à mort par lapidation en 2006 pour adultère et complicité dans le meurtre de son mari. Condamnation confirmée en appel en 2007 et contre laquelle l’opinion publique française aussi bien qu’internationale se mobilise actuellement ? Ce n’est pas la pudeur qui étouffe le ministre du travail !

Il prétend que «cet acharnement serait fait pour tuer» ! Mais la mort médiatique ou politique n’est jamais qu’une «petite mort»… Sont-ce les journalistes qui ont créé de toutes pièces l’affaire Bettencourt et toutes ces affaires matriochka qui s’imbriquent les unes dans les autres et nous tombent dessus à jet serré depuis le 17 juin 2010 ? Ils les débusquent alors que le pouvoir aimerait bien les recouvrir d’une chape de plomb et ciment aussi hermétique que le couvercle de la centrale de Tchernobyl. Limite de la fameuse «transparence» dont se targue Nicolas Sarkozy : «circulez ya rien à voir» !

Mais bien sûr que si ! «Notre ticket est toujours valable» sans aucune limite ! Même qu’il nous coûte bonbon, leur cinoche permanent… Nous avons, en tant que citoyens d’un pays – encore ? - démocratique le droit d’être informé des turpitudes du pouvoir d’autant que ce sont les impôts et taxes que nous payons en tant que con…tribuables qui servent à régaler les multimilliardaires ou abonder les fonds secrets de l’UMP et autres micro-partis !

Eric Woerth espère sans doute faire pleurer Margot dans les chaumières du XVIe arrondissement et Neuilly en prétendant que «C’est un peu une chasse à l’homme, comme il existe ici des chasses à courre. Sauf que c’est moi qui joue le rôle du cerf». Il doit s’y connaître en curée – beark ! beark ! beark ! – dans les milieux huppés de Chantilly et Compiègne… mais bof ! tant qu’il ne porte pas andouillers

:)

Eric Woerth a encore de la chance : la sagesse populaire prétend que le ridicule ne tue pas ! A dire vrai, j’hésite entre ridicule et ignominie devant les attaques qu’il a lancées aujourd’hui dans Le Figaro selon ce que je lis sur une dépêche de l’AFP Eric Woerth s’en prend à Corinne Lepage et Ségolène Royal…

Pour ceux qui n’auraient pas suivi cette actualité débridée, Corinne Lepage a demandé au procureur général de la Cour de cassation – la plus haute instance de l’ordre judiciaire – d’actionner la Cour de justice – seule instance habilitée à juger les ministres pour des infractions commises dans le cadre de leurs fonctions. Elle vise deux chefs d’inculpation possibles : «son intervention éventuelle en matière fiscale pour un contribuable employeur de son épouse et aussi la vente des terrains de l’Oise». Or, selon ce que nous apprenions sur Le Monde (29 août 2010) Affaire Woerth-Bettencourt : le procureur général “envisage de saisir la Cour de justice”.

Je conçois qu’Eric Woerth éprouve quelque ressentiment à l’égard de Corinne Lepage. C’est humain et personne ne prend des baffes avec le sourire ! C’est un point sur lequel je ne respecte pas la parole de l’Evangile : je n’ai jamais tendu la joue droite après une beigne sur la joue gauche ou vice versa… Mais son attaque contre Corinne Lepage est totalement déplacée, indigne et malhonnête :

«C’est quand même un comble de recevoir des leçons de morale de la part de quelqu’un comme elle ! Que faisait son mari lorsqu’elle était ministre de l’Environnement ? Ne dirigeait-il pas un cabinet d’avocat spécialisé, précisément dans l’environnement ?».

Il n’y a pas à chier : soit Eric Woerth est con – et malhonnête intellectuellement mais n’est-ce pas la marque de fabrique du sarkozysme ? - soit il nous prend pour des cons !

Il cherche en effet à mettre sur le même plan le travail de Sophie Woerth au sein de la société Clymène chargée de la gestion de la fortune de Liliane Bettencourt – employée à l’évidence uniquement parce que son mari était alors ministre du budget, que ce soit ou non lui qui l’ai sollicité, peu importe – lors même que la milliardaire était en délicatesse avec le fisc, et l’activité professionnelle du mari de Corinne Lepage : avocat spécialisé dans le droit de l’environnement (comme elle) alors qu’elle était ministre de l’Environnement.

De mon sens, Corinne Lepage et son mari n’auraient encouru le reproche de conflits d’intérêts que si, en tant que ministre elle lui eût confié des dossiers de son ministère à plaider ou si elle avait cherché à favoriser des plaideurs - défendus par son mari -contre l’Etat. Je la crois assez honnête pour n’être jamais rentrée dans de telles petites magouilles et d’avoir au contraire soigneusement évité de se mettre ainsi en porte-à-faux.

Quant à l’attaque contre Ségolène Royal, il nous ressort le même «élément de langage» utilisé ad nauseam par la meute des chiens de garde de Sarkozy : ses démêlés judiciaires avec deux assistantes parlementaires au sujet de primes de licenciement qui n’avaient pas été versées parce que contestées. Argument choc rebattu depuis belle heurette il y a déjà pas mal d’années tant par Frédéric Lefebvre et Jean-Pierre Raffarin qui voulait en faire rien moins qu’une «affaire d’Etat» !

Pensez-donc : un banal conflit prudhommal comme en connaissent grand nombre d’employeurs, de bonne ou mauvaise foi !

Parce que Ségolène Royal a dénoncé fort justement un “système Sarkozy corrompu” (Nouvel Obs du 30 juin 2010) et particulièrement les liens étroits de Nicolas Sarkozy avec les puissances d’argent et les renvois d’ascenseur destinés aux multimilliardaires du COUAC/40, Eric Woerth la tacle aussi méchamment que stupidement en rappelant qu’elle est ou a été financée par Pierre Bergé ! Un milliardaire de gauche, dans leur esprit, c’est quasi contre-nature… Mais le financement de Désirs d’avenir – à ma connaissance, la location du siège de l’association - par un mécène ne fait pas de Ségolène Royal une milliardaire à l’instar de Liliane Bettencourt… qui fraude le fisc qui plus est !

Assurément, Eric Woerth qui est tout de même un grand garçon à 54 ans ! et devrait avoir un peu plus de plomb dans la cervelle n’a pas encore atteint «l’age de raison»… selon la formule qu’il utilise pour justifier le recul de l’âge de la retraite : La retraite à 62 ans, “un âge de raison” pour Eric Woerth… Celle du plus fort, à n’en point douter puisque aussi bien Sarkozy souhaitent passer en force – quelques timides reculades sur la pénibilité et les carrières longues… - car ils sentent bien que la rentrée risque d’être chaude : mise en jambes le 7 septembre avec des manifestations dans toute la France… Nous verrons bien si la mobilisation est aussi forte que le 24 juin dernier…

Mais n’y voir que de pseudo concessions, une ration de lait d’beu supplémentaire dans la mesure où il n’entend pas revenir sur le seuil de 20 % d’invalidité dont il pense «qu’il est réaliste» alors que dans le même temps il prétend réfléchir à la possibilité «de mieux répondre aux situations de ‘pénibilité à effet différé’, c’est-à-dire le cas des salariés qui ont eu une vie professionnelle très usante, sans que cela soit médicalement constatable au moment où ils partent à la retraite»… Merci de continuer à nous prendre pour des cons !

Ils veulent à n’en point douter les retraités plus morts que vifs, c’est autant de retraites en moins à servir sur un plus long terme… Et rappelons que l’âge de départ pour toucher la retraite à taux plein est repoussé à… 67 ans ! Deux ans de plus qu’avant 1982. Drôle de progrès, n’est-il pas ?

Il s’attendrait à une forte mobilisation – et même à être brocardé dans les cortèges… ça, il peut y compter ! - sans que cela le fasse dévier d’un degré de son credo : «les Français savent aussi qu’ils vivent plus longtemps, qu’il est logique de partager ce temps supplémentaire entre travail et retraite». Mais non ! cette logique est celle de l’ultralibéralisme mais nullement inéluctable. Encore faudrait-il qu’il y ait de vrais emplois en France, pas de simples jobs précaires et qui plus est financé par l’Etat qui ne rembourse même pas les cotisations dont elle exonère les employeurs !

La politique de désindustrialisation massive menée en France depuis les années 70 est une aberration sans nom. Seule l’industrie – qu’elle soit lourde ou non, quelle produise des biens pour l’investissement des entreprises ou des biens d’équipement des ménages – crée une vraie richesse en termes de croissance et assure des salaires convenables. J’aimerais que l’on m’expliquât à cet égard pourquoi l’Allemagne s’est bien gardée de saborder son industrie… Moyennant quoi – l’euro permet de comparer précisément – sa balance des paiement est excédentaire – y compris avec la Chine – alors que depuis plusieurs années les chiffres du commerce extérieur plongent dans un rouge de plus en plus vif : non seulement nous n’avons plus grand chose à exporter mais qui plus est importons massivement de Chine, notamment. CQFD !

Enfin, je trouve formidablement curieux cette utilisation du terme «d’âge de raison» utilisé en général pour les enfants et plus particulièrement par les chrétiens qui le fixent à 7 ans considérant qu’ils ont suffisamment de conscience pour commencer le catéchisme (chez les catholiques) ou être baptisés (chez les protestants). Eric Woerth voudrait-il que nous fassions «retraite» ?

Si c’est comme celle que prétendit faire Sarkozy en avant sa prise de fonction 2007 : à Malte, sur le yacht de Bolloré, les retraités soignés selon la méthode Woerth ne seront pas du tout logés à même enseigne…


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