Magazine Humeur

«Mise à mort» d’Eric Woerth : Nadine Morano rajoute une… banderille !

Publié le 01 septembre 2010 par Kamizole

express-systeme-woerth-1er-sept-2010.1283368038.jpg

Un sacré “pavé dans la mare” ! Je venais à peine de boucler mon article sur Eric Woerth qu’en passant sur Google Actualités je trouve cette nouvelle perle Woerth : Morano dénonce une mise à mort (Flash-actu du Figaro reprenant une dépêche de l’AFP du 31 août 2010)… Assurément l’air de Port-Marly où se tenait l’université d’été de l’UMP ne lui arrange pas le ciboulot !

Eric Woerth parlait de “chasse à courre”, Nadine Morano compare Eric Woerth à un taureau au milieu d’une arène. Je déteste tout autant ce spectacle barbare ! Sur Public-Sénat elle déclare : «J’ai l’impression d’être maintenant dans une corrida avec un taureau au milieu de l’arène et je me demande lequel lui plantera le plus profondément la prochaine banderille (…) J’ai l’impression de la mise à mort (…) je vous le dis avec gravité mais je trouve que franchement cet acharnement devient insupportable».

Il n’y aurait «rien à reprocher à Eric Woerth en matière pénale» et il «n’est pas mis en examen»

Voire ! Corinne Lepage demandant au procureur de la Cour de cassation de saisir la Cour de Justice vise deux faits susceptibles de relever d’une incrimination pénale : d’une part son intervention éventuelle en matière fiscale pour un contribuable employeur de son épouse et d’autre part la vente des terrains de l’Oise, selon ce que j’ai lu sur Le Monde du 29 août 2010 Affaire Woerth-Bettencourt : le procureur général “envisage de saisir la Cour de justice”.

Eric Woerth n’est pas mis en examen uniquement parce que le procureur de Nanterre, Philippe Courroye (de transmission ?) refuse de confier les divers volets de l’Affaire Bettencourt à des juges d’instruction indé-pendants. Les choses seraient nettement plus claires s’il était mis en examen. Rappelons qu’une mise en examen ne signifie nullement la culpabilité : un prévenu n’est coupable qu’une fois jugé définitivement par une instance judiciaire… Ce que Nicolas Sarkozy a fâcheusement tendance à oublier pour les prévenus qu’il souhaite voir condamner !

«Tous les jours on essaie de trouver un quelconque détail, un pou sur la tête pour pouvoir le mettre en difficulté, pour occulter la réforme essentielle qui est la réforme des retraites portée par ce ministre. Je vous le dis, nous ne laisserons pas faire !»… Un pou sur la tête ? Encore heureux qu’Eric Woerth n’ait pas grand chose sur le caillou

:)
Pour ce qui est de le défendre – avec tout l’acharnement stupide dont est capable la meute des chiens de garde de Sarko - on peut compter sur eux !

Et encore, viens-je seulement de découvrir le nouveau “toto” sur la tête au Woerth ! Woerth à nouveau mis en cause dans la vente d’une forêt de Compiègne (20 minutes, 31 août 2010). Encore une fois c’est “du lourd” et débusqué par le Canard Enchaîné… Depuis le 17 juin 2010 chaque mercredi, c’est jour de révélations… Celle-ci tient en deux lettres, lesquelles en feront certainement dire cinq à Eric Woerth…

Selon Le Monde du 31 août 2010 De nouveaux documents embarrassants pour Eric Woerth la première lettre prouverait qu’il a effectivement demandé la Légion d’honneur pour Xavier de Maistre à Nicolas Sarkozy, l’autre émanerait d’Hervé Gaymard, alors ministre de l’Agriculture, qui l’informait – en 2003 – du caractère illégal de la vente d’une parcelle de la forêt de Compiègne.

Bruno Le Maire, ministre de l’Agriculture (Nouveau Centre) avait réitéré cette mise en garde avant de se plier à la volonté du ministre du Budget. Les ministres Nouveau Centre - on ne parle plus de “Solid” ! - sont dotés d’une fort curieuse capacité : ils se dressent sur leurs ergots pour qu’on les distinguât des “godillots” de l’UMP mais peur d’être privés de soupe, ils rentrent très vite dans le rang. A ce petit jeu, Hervé Morin, ministre de la Défense - qui aurait l’ambition de se présenter en 2012 à l’élection présidentielle - est sans nul doute le champion hors catégorie de ce sport où il faut avoir l’échine aussi souple que réactive.

On peut dire qu’Eric Woerth a de la suite dans les idées puisqu’il l’a vendue – de gré à gré et à prix d’ami au concessionnaire de l’hippodrome de Compiègne… lequel s’appelle «Le Putois» ! ça ne s’invente pas et cette affaire ne sent pas très bon pour le ministre du Travail - juste avant de quitter son poste de ministre du Budget en mars 2010 – en s’asseyant complètement sur les dispositions du Code de la propriété publique qui interdisent précisément une telle transaction : il faudrait une loi ! Il ne pourra pas prétendre qu’il n’était pas au courant !

Autre mensonge d’Eric Woerth pour justifier le faible prix de la vente des 59 hectares de la forêt de Compiègne : «le terrain n’est pas constructible»… Or que lis-je à midi dans le Canard Enchaîné d’aujourd’hui ? Qu’en septembre 2005 le maire de Compiègne avait délivré un permis de construire pour l’ajout d’une aile… Il est d’ailleurs bien connu que dans les cartons existe le projet de construction d’un restaurant panoramique… De même que sont connus les liens étroits de Florence Woerth avec France-Galop. Beaucoup de collusions d’intérêts privés dans cette affaire !

J’ai bien pouffé en lisant sur le même Canard qu’Eric Woerth avait le triomphe facile sur cette affaire, déclarant le 30 août 2010 au Figaro «tout s’est dégonflé en une demi-journée»… Il avait sans doute sorti le soufflé du four trop tôt ! De meilleurs cuisiniers l’y ont remis dare-dare : il est ressorti tout à fait à point le 31 août 2010. «T’en veux ? C’est pas bon, hein ?»… Pire que la fameuse «tarte aux pruneaux» de Roland Magdane. Woerth et Morano ont raison : ça vous tue (politiquement) son homme sans coup férir.

Décidément, tout va mal en Sarkozie ! Mais qu’ils n’espèrent pas empêcher les journalistes de faire leur taf. Beaucoup furent tellement enfumés par la méthode Sarko et son fameux «agenda médiatique» - il voulait maîtriser (névrotiquement) la communication de A à Z et les faire courir ventre à terre à chaque événement mis en scène, ne disait-il pas qu’il les «sifflait» ! - qu’il est normal qu’aujourd’hui ils se vengeassent en reprenant les informations débusquées par Mediapart, le Canard Enchaîne ou le Point, voire Libération, lors même que Nicolas Sarkozy ne maîtrise plus rien du tout et court lamentablement derrière les événements…

Quant à la Légion d’honneur de Xavier de Maistre – ou d’autres personnes gravitant dans l’entourage d’Eric Woerth - qu’elle eût été demandée par Eric Woerth ou comme nous l’apprenions récemment par les services de Nicolas Sarkozy, elle a bien entendu raison quand elle affirme «Les lettres de soutien pour l’obtention d’une décoration, “tous les élus le font”… Cela ne relève nullement du droit pénal. Tout au plus pourrait-on reprocher un manquement à l’éthique.

Encore que… D’abord pourquoi Eric Woerth a-t-il menti ? Y compris aux policiers qui l’ont interrogé… c’est ce qui ressort de l’article d’Eric Pelletier et Philippe Broussard La lettre qui contredit Eric Woerth (L’Express 31 août 2010). Patatras ! la débile défense du ministre du Travail s’effondre devant cette lettre – retrouvée par le hasard d’une perquisition menée à la mi-août – rédigée en mars 2007 sur du papier à en-tête d’une association de soutien à l’action de Nicolas Sarkozy et adressée à celui-ci au ministère de l’Intérieur avant qu’il ne démissionnât (fort tardivement) pour mener (officiellement) sa campagne électorale.

Eric Woerth – qui était alors trésorier de l’UMP mais aussi de la campagne de Nicolas Sarkozy et chargé de surcroît de collecter les fonds auprès des richissimes et généreux donateurs du «premier cercle» ; Patrice de Maistre faisant d’ailleurs partie lui aussi des collecteurs de fonds légaux pour l’UMP… Woerth est proprement ridicule quand il disait à peine le connaître ! – y vante les mérites de Patrick de Maistre, sans doute comme collecteur de fonds dans ce «premier cercle»

Aujourd’hui Eric Woerth ne peut plus nier avoir demandé cette fameuse Légion d’honneur pour Xavier de Maistre. Penaud comme un chiot ou un chaton pas encore éduqué à qui l’on mettrait le nez dans la flaque de pipi ou les petites crottes, il se contente de bredouiller «qu’il n’y aurait pas eu de contre-partie»… Encore heureux ! Mais même pas sûr… Quid de l’embauche de Florence Woerth ? En connaîtrons-nous quelque jour les véritables motivations ? Pour Maistre autant que Woerth. Il m’étonnerait que cela ait donné lieu à un écrit.

Il ne reste donc que les présomptions. «Cette nouvelle preuve de collusion entre le ministre et Patrice de Maistre vient accréditer les soupçons sur la nature de leurs rapports» lis-je dans Le Monde. L’Express allant plus loin, parlant de possible «trafic d’influence».

eric-woerth-sarkozy-avril-2007.1283368094.jpg

Etonnante, cette photo prise en 2007 ! Sarkozy avec l’index sur la tempe… Traite-t-il quelqu’un de fou ou veut-il signifier qu’il a une idée de génie dans le cabochon ? On reconnaît derrière Woerth Hervé Novelli, ministre du Commerce, celui-là même qui, candidat à l’élection régionale de mars dernier dans la Région Centre - il prit une belle gamelle ! - prétendait interdire à FR3-Centre de diffuser un reportage faisant état de sa jeunesse dans l’extrême droite. Il a le fascisme honteux.

Je suis tout à fait d’accord avec Ségolène Royal quand elle affirme que la Légion d’honneur est destinée par principe aux personnes qui ont mis leur vie en péril pour la France ou rendu de signalés services. Mon père qui s’était engagé à 17 ans en 1914 et à 42 ans en 1939 et a été résistant après sa démobilisation ne l’a jamais demandée, non plus qu’il n’a arboré ses médailles militaires. Il avait une sainte horreur de ces colifichets et breloques. Faire son devoir de patriote lui avait amplement suffi.

Ceci dit, la demander et la décerner à des personnes qui ne la méritent nullement, tout au contraire ! est de toutes les époques et concerne les régimes de droite comme de gauche.

J’avais le souvenir hélas imprécis d’une remise de la Légion d’honneur à quelqu’un qui fut ensuite impliqué dans un scandale mais dont le nom m’échappait. Fort heureusement surnageait celui d’Alain Boublil, conseiller de Pierre Berégovoy qui était à l’époque ministre de l’Economie et des Finances. J’ai donc pu retrouver les éléments qui me manquaient en cherchant sur Google et suis tombée sur un article fort intéressant et documenté des Echos du 2 juin 1993 L’affaire Pechiney-Triangle devant la justice. Laquelle affaire avait été instruite par la juge d’instruction Edith Boizette.

Il s’agissait rien moins qu’un «délit d’initié» : Samir Traboulsi, intermédiaire entre les Américains vendeurs de la firme américaine et Péchiney, avait profité des informations fournies par son ami Alain Boublil - qui invoqua un “délit d’amitié” ! - sur la prochaine réussite de l’opération pour donner le tuyau à d’autres personnes et sans doute en profiter lui-même…

Toujours est-il qu’avant l’annonce de la vente de Triangle les gendarmes de la Bourse – le SEC pour les Américains, la COB pour la France – furent surpris par le faramineux nombre d’achats de titres de Triangle – 10 dollars avant la transaction qui se faisait pour un peu plus de 40 dollars ! mais ce prix était bien entendu tenu secret - venant notamment de Paris, du Luxembourg et de Suisse. Cette affaire fit grand bruit d’autant qu’un des personnages clef, n’était autre que Roger Patrice-Pelat, fort ami de François Mitterrand – pour mémoire ce fut lui qui prêta à Pierre Bérégovoy 1 million de francs pour acheter un appartement dans le XVe arrondissement de Paris, autre scandale…

Or Il fut reproché à Pierre Bérégovoy d’avoir remis la Légion d’honneur à Samir Traboulsi avant que cette affaire ne fut découverte ainsi que le rôle de l’intermédiaire dans ces délits d’initiés d’une ampleur considérable. Personnage sulfureux s’il en fut !

Vous suivez avec un intérêt palpitant le feuilleton de l’été 2010 : l’affaire Bettencourt-Woerth qui semble jouer les prolongations pour la saison d’automne. Si vous avez adoré l’Angolagate, les frégates de Taiwan, Clearstream 2, le Karachigate, vous adorerez Péchiney-Triangle ! Autre thriller politico-financier avec des ramifications internationales notamment dans le «triangle des Bermudes» et autres paradis fiscaux of shore. et pratiquement les mêmes multinationales.

Vous y ajouterez bien un petit coup d’affaire de la Société générale… (1988). Autre délit d’initié sur une grande échelle. On y trouve – outre le spéculateur américain George Soros et le banquier français Georges Pébereau - entre autres prévenus Samir Traboulsi… Et, ce nom me disait bien quelque chose : celui de la substitut du procureur Marie-Christine Daubigney. Celle-là même - elle est aujourd’hui substitut du procureur de Nanterre - qui a considéré que «Les enfants de Liliane Bettencourt “ne sont pas légitimes à agir” pour le compte de l’héritière de L’Oréal» Le parquet de Nanterre s’oppose à un procès dans l’affaire Bettencourt (L’Express du 3 septembre 2009)…

Le monde financiaro-politico-judiciaire est décidément bien petit !

eric-woerth-que-va-t-il-encore-me-tomber-dessus.1283368132.jpg


Retour à La Une de Logo Paperblog