Magazine Côté Femmes

C'était le 4 septembre 1995...

Publié le 01 septembre 2010 par Marigotine

                                   Il ne s'appelait pas EARL mais LUIS

      Je débarque à Juliana aéroport de Saint Martin, c'est dimanche 25 Août 1995, Il est 15heures (heure locale)

   - 6heures avec la métropole Les portes de l'avion s'ouvrent, la passerelle est adossée à la carlingue,

   une chaleur identique à celle que l'on prend en pleine figure au moment où l'on ouvre le couvercle de la cocotte

   minute...

                                                          Les artichauts sont cuits!          (Bretonne oblige!)

   L'athmosphère est moite et pesante, le tarmac dégage une odeur d'huile chaude, de gomme fondue mélangée aux

        vapeurs de kérosène qui s'échappent encore de l'avion.

   Je suis figée sur la passerelle, mon regard se perd aux alentours, le paysage que je découvre n'a rien d'une carte

   postale. Déçue, ma première impression ne me met pas la "patate" après tant d'attente dans les airs, je croyais

   débarquer au paradis. Marigotine tu es impatiente le paradis ce sera pour plus tard!

   Direction la partie française, Il pleut en cette fin d'après midi d'août, la tempête tropicale Iris a fait fermer

   pas mal de petits "restos" sur la Marina et nous nous contentrons d'une Pizza pour ce soir! De toutes façons la

   fatigue du voyage est  là, et cette chaleur humide difficile à supporter pour le début me plombe jusqu'au plus

   profond de mon corps.

      Lundi 26 août 1995

   Ma première nuit à St Martin s'est bien passée, même pas eu chaud, ni entendu quelques raffales de vent

   et la pluie crépiter sur les volets. Ici tout est de plomb, même le sommeil... Départ pour Orient Bay le must du must

   en matière de plage, du sable blanc a perte de vue, des petits restos de plage appelés "lolos" avec

   des noms  évocateurs "Bikini", "Kontiki"... ça y est je me prendrais presque pour Pamela Anderson dans Alerte à

   Malibu avec  mon petit maillot noir (désolée pas rouge!) .

   Je suis là, les pieds dans l'eau, dans cette eau turquoise si caractéristique à la Caraïbes. Le bonheur devrait

       être au rendez-vous, et bien non! Une angoisse inexpliquée m'envahit et mon regard s'embrume, les larmes me

      montent aux yeux, pourquoi me demanderez vous? mon fils aura la même réponse que vous, je ne sais pas ce qui

   c'est passé. La seule chose que j'ai pu analyser, c'est que j'ai ressenti une crispation dans la poitrine, comme si

   un parpaing était coincé là! La prémonition, avec le recul maintenant je sais que c'est cela.

   J'ai ressenti la même sensation dimanche dernier en pleine nuit, m'obligeant à me lever et rester debout pendant

   plus d'une heure avec une angoisse indescriptible à l'intérieur du corps.  J'ai ressenti ces vibrations, ces ondes tout

   comme il y a 15 ans à la même époque.

   Les  27, 28, 29, 30, 31  août et 1er setempbre 1995

   Les infos sont alarmantes, la tempête tropicale Iris est passée sur St Martin mais on entend parler partout

     sur l'île  d'un certain Luis, cyclone qui vient du Cap Vert et qui est annoncé comme un "monstre". Avec ses 1 000kms

   de diamètre, le gros "pépère"  fait du remue ménage dans toute la Caraïbes. A vrai dire je n'y connais pas grand

   chose,  et ce phénomène météorologique m'intrigue beaucoup plus qu'il ne m'inquiète! Viendra plus tard la peur

   Marigotine!

   Et bien après me viendra l'intérêt sur le mode de fonctionnement de ces "monstres" dévastateurs.....

  

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     Voilà nous y sommes 4 Septembre 1995

   L'appartement en front de mer est préparé pour attendre l'arrivée de Luis, les vitres sont protégées, les

   meubles et gros appareils ménagers sont collés le long des baies vitrées pour faire masse..... On t'attend

   le gros!!!! . Les réserves sont entassées, l'eau les piles électriques les bougies et bien sur du rhum et des

   citrons verts pour tenir le siège... Les premiers vents arrrivent vers les 15heures, la houle cyclonique a déja

   martyrisé un porte-container qui est venu s'encastré dans une piscine du bord de mer! Des vagues de plus de 8

      mètres sont annoncées sur RCI la radio St Martinoise. Rien que d'y penser j'en ai la chair de poule, moi qui ai du

        mal à mettre la tête sous l'eau, je vous laisse imaginer mon angoisse.   Fin de soirée le 4 septembre 1995, le

   vent souffle vraiment très fort, ça craque à l'étage du dessus là où se situe la mezzanine, un angle du plafond

   commennce à se soulever par petits coups, et nous devons dégager au plus vite car si le toit s'arrache ça fera

   appel d'air avec la baie vitrée du bas et tout va exploser! Nous sommes à l'abri avec d'autres voisins dans ce

   petit appartement des "Amandiers", appartement où il n'y a pas de fenêtre donnant sur le front de mer, donc

   le plus sécurisant pour nous tous. Une explosion retentit, la baie vitrée de notre appartement vient d'exploser....

   Nous étions tous là complètement ébobés, neuf adultes un bébé de neuf mois, mon petit fils placé par

   sécurité dans son couffin sous le bureau le long du mur, et trois chats endormis avec sédatif, coincés dans leurs

   paniers.  

   Le vent souffle de plus en plus fort, jusqu'à près de 250 kms/heure, des craquements de partout, des chocs

   dans les façades, des bruits de tôles qui s'arrachent, de l'eau qui  bouillonne pas très loin de nous? C'est quoi ce

      bruit? oh! mon dieu le niveau de la  mer est monté jusqu'au premier étage où nous sommes tous calfreutés.

     Là je l'avoue, j'ai bien cru que nous allions tous mourrir, la mer était montée de plus de deux mètres. La mer des

   Caraïbes avait rejoint l'eau du Lagon et les rues de Marigot n'étaient plus que des torrents.

   6 Septembre 1995

   C'est fini! Nous sommes tous dehors les yeux complètement hagards devant le spectacle quasi apocalyptique de

   Marigot. Des cratères creusés sur le front de mer, on se croirait dans une ville  écrasée sous les bombes, la

      vegétation n'est plus, les arbres sont pelés à vif comme brulés au napalm! Partout de ci et là les hommes et les

       femmes sont assis en pleurs tout est détruit, les toits ont littéralement explosé. La mer en se retirant a laissé des

       monticules de détritus sur plus de 2 mètres de hauteur, des morceaux de bateaux, des chaussures, des vêtements,

        des ustensiles de cuisine et même des jouets, partout la désolation et la tristesse. Comment se relever d'une

        catastrophe pareille? il le faudra malgré tout. Nous resterons plus de trois semaines sans eau potable, l'usine

   de désalénisation a été sévèrement endomagée. L'aéroport de Juliana restera fermé à tout trafic (sauf militaire et

       protection civile) jusqu'au 1er Novembre 1995. 

    12 Septembre 1995  

   Quelques jours plus tard, la tempête tropicale Marylin fera tomber le déluge sur Marigot, mais un déluge d'eau

   douce qui aura un effet salvateur sur toute la végétation!

   J' ai une pensée pour tous mes amis qui sont encore à St Martin et qui viennent de subir un autre cyclone de

       classe 4. 

                              Marigotine


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