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du tableau, encore, et de comment il va

Publié le 23 juillet 2010 par Lironjeremy
du tableau, encore, et de comment il va du tableau, encore, et de comment il va du tableau, encore, et de comment il va C’est vrai, on laisse la toile quand s’est dressé en elle une sorte de figure, que la confusion, le risque d’éparpillement semblent contrés. On dit que ça tient. Les éléments qui composent le tableau semblent être si bien liés ensemble par des relations multiples, croisées, qu’ils forment un tout inébranlable. Là je regarde des toiles anciennes. Leur manière d’exister, ce qui les a fait me reste pour grande part énigmatique. Aurais-je réalisé ça si je l’avais voulu ? Je veux dire, est-ce que la volonté y suffirait ? Et comment j’aurais bien pu inventer ce vouloir là ? Une chose : je ne pourrais pas maintenant le refaire, comme si la méthode ou la recette s’étaient effacés en même temps que d’être mis au point. Le tableau est en grande part le résultat d’un agir spontané, intuitif. C’est sur cette impulsion vague que se posent les questions, qu’interviennent les choix, que s’instaure une certaine logique interne. En fait, une chose en entraîne une autre. Tout au bout se trouve le tableau. C’est affaire de rigueur ou disons d’exigence. Tout ça est dégagé du monde, entraine une certaine solitude autistique au fin fond de l’atelier, tourné et attentif à ce qu’il advient, mais ça se complique aussi du fait que l’œuvre produite participe d’un fait social. L’œuvre, comme l’artiste, est organiquement liée à la collectivité, à une culture (celle de celui qui l’apprécie, comme celle de celui qui la fait), elle s’y insère. Si les mots se définissent par l’usage que l’on en fait, l’idée d’œuvre, et donc la suite de déterminants qui parcourent son élaboration, sont intimement liés au contexte, à l’époque, à la culture (cette idée curieuse de vouloir témoigner d’une époque, d’une culture, alors que l’on est fait d’elle). Tout ceci, inconsciemment probablement, accompagne ce sombre désir d’intensité à l’œuvre. Le tableau, sous cet aspect, témoigne d’un moment dont il s’est arraché pour poursuivre. Je lui trouve alors nécessairement une tonalité mélancolique, quelque chose de déraciné qui accroit son énigme. C’est le survivant d’une histoire qui s’est perdue. Je le regarde longuement et constate comme il a séché, ou gagné en maturité, qu’il a atteint une certaine compacité que je ne lui connaissais pas : il me serait impossible de le retoucher à 4 ou 5 ans de distance, il s’est contracté sur lui-même, est devenu inaccessible.

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