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The Tudors - Episode 5

Publié le 10 mai 2007 par Heather

Un épisode qui a regagné mon intérêt, par rapport aux deux précédents. En effet, une fois que l'on décide de définitivement faire son deuil d'un quelconque respect de la chronologie et que l'on accepte le postulat d'un décor historique très romancé, cet épisode se révèle plus qu'intéressant et très plaisant à suivre.

Commençons justement par ce qui est le mieux traité (et le plus intéressant) : les projets de divorce (enfin, d'annulation pour être précis) de Henry et les conséquences immédiates qui sont développées. C'est un affrontement entre Wosley et Catherine qui parait se profiler. D'une dignité impeccable, avec une noblesse qui contraste vraiment avec l'ensemble des autres protagonistes, Catherine voit sa position se fragiliser tout au long de l'épisode. D'abord par le statut de Duc conféré au fils bâtard de Henry, puis sa fille est envoyée loin d'elle, première représaille implicite de Wosley. Elle souhaitait que Mary ne soit pas oubliée et que dans l'ordre de succession, elle demeure l'héritière. Retournant ces propos contre la reine, Mary est envoyée elle-aussi loin de la Cour, pour être élevée par d'autres personnes, s'émancipant ainsi de la tutelle maternelle. La scène des séparations, en espagnol, est poignante. L'actrice est grandiose. Se profile une opposition, cette fois directe, entre Catherine et Wosley. Jusqu'à présent, c'était seulement par quelques bribes lâchées à l'oreille du roi que leurs divergences étaient apparues. Désormais, cette méfiance réciproque savamment entretenue se change en lutte ouverte. Mais Catherine ignore à quel point sa situation s'est fragilisée. Au plan international, la trahison de Charles Quint permet à Wosley d'instrumentaliser les liens du sang qui unissent la reine à l'Empereur, de façon à entretenir le fossé désormais creusé entre Henry et Catherine. D'autant que cette dernière n'apprend que très tardivement le projet de séparation de son mari. Une déclaration abrupte d'un roi qui a déjà en tête d'autres priorités et qui grandit un peu plus la reine dont la réaction de détresse est vraiment émouvante. Elle demeure d'une dignité détachée, jamais prise en défaut, restant au château malgré tout, attendant cette éventuelle annulation.

Mais cette séparation s'annonce plus complexe qu'initialement pensée. En effet, le conseil de hauts dignitaires ecclésiastiques réunis par Wosley a bien du mal à suivre le raisonnement juridique qui les mènerait à la conclusion voulue par Henry. Il a épousé la femme de son frère ? Mais le mariage n'avait pas été consommé. Et plus que tout, la dispense papale accordée à l'époque devrait apaiser la conscience tourmentée du roi. Wosley plaide la position de Henry avec autant d'aplomb que possible. Mais il est parfaitement conscient de la faiblesse des arguments avancés. D'autant qu'il semble bien que bon nombre de ses "collègues" voient d'un bon oeil une façon de contrer son influence. En effet, si la position de Catherine se fragilise tout au long de l'épisode, celle de Wosley est également en danger. Les sous-entendus menaçants et impatients de Henry qui souhaite son annulation le prouvent. Wosley est encore maître du jeu, mais pour combien de temps ?

La preuve de la faiblesse de ces arguments est encore illustrée par l'opposition à laquelle il se heurte auprès de Thomas More ; chez qui ce raisonnement sonne beaucoup trop artificiel pour être sincère. Au-delà du problème de fond, il évoque une autre préoccupation, très concrète : Catherine d'Aragon est une reine populaire. Henry s'imagine-t-il qu'il peut se débarasser d'elle ainsi, sans conséquence ? Plus tard, c'est au tour du roi d'exposer ses vues à More, éprouvant un besoin de se justifier sans réussir à convaincre. A nouveau, cette hantise du péché sonne creux. Invoquer le Lévithique d'une part, refuser la dérogation du Pape d'autre part, sont deux positions inconciliables. Les intérêts en jeu n'ont rien de religieux.

En parallèle, Henry contourne peu à peu toutes les défenses d'Anne Boleyn. Il lui offre le rang de "maîtresse en titre" (lol) et semble prêt à abandonner son comportement habituel de courreur de jupon pour atteindre la jeune femme. Cette dernière continue de jouer sur la patience du roi. Refusant, dans un premier temps, se drapant dans une apparence d'honneur blessé, puis acceptant finalement, la proposition pour rentrer au château. Henry semble revivre à ses côtés, tellement détendu par rapport à sa traversée du désert durant l'épisode précédent.

Cependant ses pulsions colériques et son orgueil demeurent une constante dans laquelle John Rhys Meyer excelle à retranscrire. La violence de la scène, lorsqu'il s'emporte verbalement contre l'ambassadeur de Charles, est révélatrice. Vexé et trahi par les manoeuvres de l'empereur qui a relâché François, rompu sa promesse de mariage envers Mary, et finalement utilisé au maximum l'aide quasi-unilatérale de l'Angleterre tant que cela servait ses intérêts, Henry envisage de nouveau un traité avec... la France, dans l'optique d'une alliance, cette fois, contre Charles. Toujours plus sensible aux intérêts français qu'espagnols, Wosley le pousse sur cette voie.

Enfin, l'épisode voit également une évolution dans les romances périphériques. C'est tout d'abord Thomas Tallis qui finit par succomber aux avances de Crompton. Même si je ne sais pas trop quel intérêt cela peut avoir pour l'ensemble, pourquoi pas... Nous verrons ce que les scénaristes nous préparent. Il est trop tôt pour juger. En revanche, on peut désormais juger une autre histoire : la pire idée de cet épisode est sans conteste le traitement de la relation entre Charles Brandon et Margaret, récente veuve éplorée du roi du Portugal, qui choisit de se marier dans la foulée avec Charles. Sans même de prévenir Henry. Si Charles a sans doute raison, la fureur de Henry qui les bannit de la Cour s'expliquant surtout par son orgueil blessé de voir une Margaret bousculer tous les protocoles et oublier son autorité, je reste perplexe concernant l'ensemble de la storyline. En particulier la dernière scène, où Margaret, sans envergure et tellement saoûle, nous offre une scène de ménage manquant singulièrement d'inspiration.

L'épisode se termine sur une forte note dramatique. Tandis que le petit Henry Fitzroy (l'enfant bâtard) meurt (nouvelle grande liberté historique -mais ressort scénaristique dramatique indéniable), les hommes de Charles saccagent Rome et retiennent le Pape prisonnier.

Bilan : Peut-être est-ce parce qu'on se reconcentre un peu sur la politique, au-delà uniquement des romances, mais j'ai préféré cet épisode aux deux précédents. Il faut dire qu'il enregistre et rebondit justement sur les situations nées antérieurement. Un épisode rythmé très intéressant, en dépit de quelques ratés.

A lire : La review d'Alanis.


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