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Monopilote

Publié le 06 septembre 2010 par Toulouseweb
MonopiloteMichael O’Leary ręve d’instaurer l’équipage Ť ŕ un ť.
Aprčs les toilettes payantes, les passagers debout et autres propositions insensées, le patron de Ryanair revient sous le feu des projecteurs avec une autre idée absconse, la suppression du copilote dans le cockpit des avions de ligne. En clair, Michael O’Leary entreprend la promotion de l’équipage Ť ŕ un ť. Il imagine dans la foulée la diminution des coűts d’exploitation qui pourrait en résulter, une envolée sympathique de la marge bénéficiaire de la compagnie et le recul de 50% du nombre de pilotes susceptibles de le contrer. Ce dernier Ťrisqueť est pourtant minimal, sachant que le personnel de Ryanair est fermement incité ŕ résister ŕ toute tentation de syndicalisation.
Notre provocateur Irlandais ne dirigerait pas une compagnie en route vers les 75 millions de passagers annuels, on prendrait le parti d’ignorer délibérément ses propos, on éclaterait de rire en l’écoutant ou, mieux, on l’accuserait d’incompétence. Quoi qu’il laisse entendre, ce n’est pas ŕ lui qui formuler de nouvelles réglementations aériennes et, bien sűr, on doit s’en féliciter.
S’il le pouvait, sans doute Michael O’Leary entreprendrait-il de remplacer sans tarder ses Boeing 737-800 par des drones ŕ 150 places, pilotés du sol par de petits employés sous-payés et terrorisés par une direction au comportement moyenâgeux. L’étape suivante serait, peut-ętre, de remplacer le voyage aérien automatisé par la commercialisation de DVD en 3-D avec options olfactives et rayons UV assurant le bronzage et la chaleur ambiante d’îles paradisiaques. Nous pourrions ainsi regarder la mer, les vagues, la plage sans devoir nous déplacer et, au Ťretourť de vacances virtuelles, c’est le teint avantageusement hâlé que nous reviendrions au bureau. Tôt ou tard, le bon Michael y viendra, ajoutant sans doute que cette formule permettrait d’obtenir un niveau maximal de sécurité aérienne (lequel est atteint dčs que les avions restent au sol) et, bien sűr, une nette chute des émissions de CO2. Mieux encore, les riverains d’aéroports retrouveraient le sourire, les méchants décibels ayant disparu.
En clair, le patron de Ryanair se moque du monde. Ou, autre option, il continue de tirer un bon parti des inouďes faiblesses du systčme médiatique. Une déclaration indubitablement idiote est reprise, amplifiée, diffusée tous azimuts tout simplement parce qu’elle a été formulée en public. Ce faisant, faute de supprimer la moitié de ses pilotes, Ryanair escamote ses dépenses de publicité. Il lui suffit en effet de dire n’importe quoi pour ętre cité urbi et orbi. Unanimement, au lieu de nous taire, d’ignorer le bonhomme, nous disons inlassablement que ses idées ne sont pas recevables, qu’elles polluent l’atmosphčre. Et, pour réagir ainsi, nous n’avons d’autre choix que de faire référence ŕ ses propos, de parler de lui. Nous voici ŕ mi-chemin entre le cercle vicieux et le mouvement perpétuel.
La réussite commerciale de Ryanair est spectaculaire et il faudrait ętre de mauvaise foi pour contester que cette compagnie, plus que toute autre, a littéralement révolutionné le réseau aérien européen. Le modčle low cost, hissé ŕ ce niveau, est un art autant qu’un modčle économique que les compagnies loyalistes ne parviennent pas ŕ contrer. Ceux d’entre nous qui voyagent avec Ryanair (y compris ceux qui n’osent pas l’avouer) devraient s’exprimer plus souvent. Il serait utile de les entendre dire qu’il faudrait ętre autiste pour ne pas profiter de tarifs extraordinairement attractifs. Cela étant dit, avec eux, nous préférerions que cette compagnie soit dirigée par un homme bien élevé qui ne prenne pas ses clients pour des idiots. Lŕ, de toute évidence, c’est trop en demander.
Pierre Sparaco - AeroMorning

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