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Valls, Gorce : réfonder pour ne rien dire

Publié le 28 novembre 2007 par Omelette Seizeoeufs

Sur les mouvements sociaux, le PS a été inaudible, invisible. On a du mal a ne pas être d'accord avec Julien Toledano, contre la position molle de François Hollande et donc du PS. En disant que le PS fut "inaudible", je ne fais que reprendre Manu Valls, qui disait l'autre jour dans Libé :

On vient encore de le constater face au dossier des régimes spéciaux de retraite sur lesquels nous sommes inaudibles. Le PS crève de ses fausses synthèses au nom de l'unité.

Inaudibles, tiens! Et Valls, l'a-t-on entendu, sur ces régimes spéciaux? Voici ce qu'il avait à en dire, ce grand réfondateur:

Le député PS Manuel Valls a dit dimanche 18 novembre être favorable à l'alignement des régimes spéciaux de retraite sur ceux de la fonction publique. Alors qu'il était interrogé par France 2, le député de l'Essonne a déclaré: "oui, il faut harmoniser les régimes spéciaux sur les 40 années de cotisation de la fonction publique". Il a également affirmé que le PS "aurait dû être plus clair" sur ce sujet pendant la campagne présidentielles.

Quel courage, qu'est-ce qu'il est audible! Tout en reprenant la ligne du parti, et donc celle de Hollande, il trouve le moyen d'en faire une critique du PS, plutôt qu'avec, par exemple, du Président de la R. Non, le plus grave, c'est que le PS aurait dû être "plus clair" là-dessus.

Ainsi, les appels à la réfondation sonnent de plus en plus creux. Que Hollande ait une grande part de responsabilité dans la situation actuelle, c'est une évidence. Encore que... comme une famille classiquement dysfonctionnelle, c'est peut-être moins la faute de celui qui a maintenu ce que Valls appelle les "fausses synthèses", que celle, collective, de tous ceux qui étaient plus confortable dans un statu quo consensuel mais pleins de non-dits, que dans le danger d'un réel changement de cap. L'ironie de l'histoire, c'est que celle qui a osé brisé le consensus, c'était quand même Ségolène Royal, qui avait des relations familiales d'une autre sorte avec le Premier Secretaire.

Mais revenons à Valls, et aussi à Gorce, qui dressait, il n'y a que quelques jours, "l'acte de décès du socialisme traditionnel":

"De l'autre, a-t-il poursuivi, les rénovateurs qui pensent au contraire que nous sommes entrés dans un monde radicalement nouveau et que la fidélité à nos valeurs doit s'accompagner d'une révision complète et sans tabou de notre projet politique."

Il a dénoncé "l'attentisme" qui "trouve toujours de nouveaux prétextes pour ne rien changer" et ce qu'il a appelé "l'arrangisme".

Cette attitude, selon lui, "se donne aujourd'hui libre cours" dans le parti. Elle "consiste à opérer les recompositions, les alliances, les futures synthèses, sans aucun rapport avec les questions de fond, sans souci de l'orientation politique commune, en continuant à brouiller les repères et les enjeux".

Ce sont les mêmes thèmes que Valls : mauvaise "synthèse" hollandaise, modernisation dont on ignore le contenu véritable. Quand je parlais de la stratégie Valls, en septembre, il était clair que la modernisation à laquelle il faisait sans cesse appel, c'était en réalité le sarkozysme, tout simplement. Cette analyse tient encore, à mon avis. Mais maintenant que les choses se précisent davantage, on s'aperçoit que le discours de ces "réfondateurs" est tout simplement une manière de profiter de la faiblesse du PS pour s'imposer comme une alternative, sans rien proposer.

Combien de fois faut-il que Dagrouik nous rappelle que le PS n'a pas besoin de se réfonder pour reconnaître le marché ? La "réfondation", telle qu'elle se présente, est simplement une manière de prendre le pouvoir, et en quelque sorte de prolonger le jeu des personnes qui a si bien réussi jusqu'à présent.


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