C’est mon fils, ma racaille !

« Votre bébé a 19 mois… A cet âge et malheureusement pour les parents, piquer une petite crise est souvent la solution la plus simple pour un bambin qui ne parvient pas à se faire comprendre.(…) Parler à d’autres mamans (…) et savoir rire ensemble des moments les plus gênants ou les plus frustrants vous aidera vraiment à remettre les choses en perspective. »

Ouf, la newsletter Pampers de ce matin, bien que pratiquant l’euphémisme à outrance, me rassure un brin sur lesdites ‘petites crises’ de mon fiston. « Remettre les choses en perspective » lors d’une franche partie de rigolade entre mummies est aussi un concept qui me parle. Et pourtant…

« D’autres mamans », et de celles avec qui je n’ai guère d’autres sujets de conversation, j’en croise au parc tous les mercredi. Oui, j’ai cette chance d’avoir mon mercredi en « off », ce qui me permet 12 heures durant de me consacrer exclusivement au chérubin : jour de ‘repos’ dans l’idée, « le jour le plus long » de ma semaine dans les faits.

Tous les mercredi donc, la balade au parc est un peu la parenthèse tant attendue de la journée : pour lui comme pour moi. Lui impatient de se défouler et de retrouver toute une tripotée de joyeux camarades sur qui taper. Moi, espérant enfin éviter les coups et pourquoi pas, trouver une copine parmi la population de mamans anonymes.

Le truc c’est que quand ma tornade blonde débarque dans le bac à sable, les mamans du quartier sont bizarrement peu enclines à la rigolade.  Dès lors qu’il se met à cogner, hurler, taper des pieds, non seulement la « bonne copine » recherchée se fait espèce en voie de disparition mais en plus je dois faire face à tout un tas de spécimens relativement hostiles…

En numéro 1, régnant sur toutes les autres espèces de mamans « Madame je sais tout » ! celle qui a déjà  plusieurs mouflets à son actif et/ou qui s’est enquillé Dolto/Hamos/Pernoud en boucle. Celle qui fine psychologue, donc, s’empressera de relever tout sourire chacun de tes faux pas dès ton entrée dans le square qui est bien entendu son terrain de prédilection…
-   «  Vous lui répétez « doucement, doucement » très souvent, ne serait-ce pas ces freins permanents qui justement l’encourageraient à taper ? ».
-   « … » ( = ne pas s’énerver surtout ni essayer de rentrer dans le débat, sourire poliment, puis s’emparer de l’enfant pour fuir vite. Très loin)

Près du toboggan, nous croiserons ensuite la couveuse : celle dont le fils qui a environ une tête de plus que le tien hurle à la mort dès qu’on le frôle. Celle-ci ne manquera pas de t’assassiner du regard au moindre mouvement brusque de ton rejeton. Suspicieuse, elle ne vous lâchera de toutes façons pas des yeux : si le fils est aussi agité, c’est bien que la mère a un problème…

Sur le banc du fond du square, confortablement installée avec une copine célibataire nous avons la « je m’en foutiste » : over busy à fumer ses clopes et de surcroît en pleine discussion, elle n’a pas vraiment le temps de surveiller sa fille… Cette dernière s’étant entichée de ton beau gosse de fils : c’est donc à toi naturellement que revient la tâche. Cool, tu n’en avais pas assez d’un. Le plus réjouissant c’est que la dite gamine est 100 fois plus teigneuse que le tien. À force de la voir agresser et mordre ton fiston- c’est l’amour vache-, tu te prends soudain d’empathie pour la couveuse, mais bon, c’est trop tard pour aller faire copine-copine…

Il y a aussi la gentille, pleine de bonne volonté et de paroles rassurantes. C’est dommage : avec elle, le second degré et les fous rires complices sont inenvisageables. La gentille a pourtant aussi du faire face à quelques moments difficiles avec son enfant, et puis c’est passé… “comme par enchantement” ! Aujourd’hui la gentille bouquine tranquillement dans l’herbe pendant que son enfant, extraordinairement « zen », ignore superbement les assauts répétés du tien, qui finira donc par s’énerver tout seul…

Enfin, il y a la mamie du coin, qui après avoir nourri - et rameuté-  tous les pigeons de la ville, merci bien… croira bon de dégainer sa cargaison de petits gâteaux pour faire taire la sirène hurlante qui t’accompagne… A bout de nerfs tu ferais bien un bout de discussion histoire de décompresser avec mamie mais après avoir évoqué arthrose, hallux valgus et autres choses appétissantes, tu te décideras enfin  à rentrer dans tes pénates…

C’est donc pas encore cette semaine que je trouverai ma copine de square… Faudrait peut être que je change de quartier. On trouve de la trendy mummy au parc près de chez vous ???