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Choses qui font battre le coeur ... de Sei Shônagon ...

Publié le 07 septembre 2010 par Asiemute

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"Des moineaux qui nourrissent leurs petits.
Passer devant un endroit où l'on fait jouer de petits enfants.
Se coucher seule dans une chambre délicieusement parfumée d'encens.
S'apercevoir que son miroir de Chine est un peu terni.
Un bel homme, arrêtant sa voiture, dit quelques mots pour annoncer sa visite.
Se laver les cheveux, faire sa toilette, et mettre des habits tout embaumés de parfum. Même quand personne ne vous voit, on se sent heureuse, au fond du coeur.
Une nuit où l'on attend quelqu'un. Tout à coup, on est surpris par le bruit de l'averse que le vent jette contre la maison."


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La poétesse Sei Shônagon
Estampe de Kiyonaga Torii (collection du musée Guimet)

Les "Notes de chevet" ont été écrites par Sei Shônagon, dame d'honneur appartenant à la cour impériale du Japon, dans les premières années du XIème siècle, c'est à dire vers le milieu de la période à laquelle les historiens ont donné le nom de Heian, qui autrefois désigna Kyôto : Heiankyô, "Capitale de la paix".


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Autour des empereurs, de leurs épouses et de leurs concubines, s'empressaient une foule de courtisans et de dames, dans les divers pavillons aux noms évocateurs dont l'ensemble, entouré d'une double enceinte, formait le palais de Heian.

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Sei Shônagon qui dut arriver au palais impérial au début de 990 entra au service de Sadako, une jolie princesse de quinze ans qui, à la même époque, devint épouse d'un empereur (lui-même âgé de dix ans seulement) avant d'accéder quelques mois plus tard au rang d'impératrice.

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Dans ses mémoires, Sei Shônagon raconte comment à l'impératrice, qui lui montrait une grosse liasse de papier en demandant ce qu'il faudrait écrire là-dessus, elle répondit qu'elle en ferait un "makura", que l'on peut traduire par oreiller. Mais en fait il désigne un support, une pièce de bois plus ou moins rembourrée dans sa partie supérieure, et qui, soutenant la nuque, peut permettre aux élégantes de ne pas gâter pendant leur sommeil la belle ordonnance de leur coiffure.

Sur ces liasses de papier, Sei Shônagon notait ses impressions, le soir, dans le silence de sa chambre.

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Dans les textes anciens, l'ouvrage est appelé simplement Sei Shônagon no ki, "Le livre de Sei Shônagon". Le titre employé aujourd'hui est Makura no Sôshi, "Notes sur l'oreiller". Le traducteur a préféré lui donner le titre de "Notes de chevet".

Quant au mot Sôshi, il s'applique à un genre littéraire bien défini, dont Sei Shônagon a donné le premier et le parfait exemple.

Les sôshi sont des écrits intimes : mais à la différence des journaux intimes, ils ne respectent pas d'ordre chronologique, ni d'une manière générale, aucun plan.

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Le mot zuihitsu, qui sert également à les désigner, signifie littéralement "au courant du pinceau" ; il s'agit en fait d'esquisses dont l'auteur a jeté sur le papier "en laissant aller son pinceau" toutes les idées, les images, les réflexions qui lui sont venues à l'esprit, et c'est bien ainsi, d'après Sei elle-même, qu'elle écrit ses "Notes".

Notes de chevet
Traduction par André Beaujard - extrait de l'introduction

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Photos prises à Tokyo (mai 2010) et Kyoto en juillet 2008 et octobre 2009 lors du Jidai matsuri


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