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Premières nuits des bébés à la maison

Publié le 07 septembre 2010 par Xavaic
Premières nuits des bébés à la maison
Les meufettes, fraîchement débarquées dans notre foyer, nous ont révélé leur excentricité. A la fois diurne et nocturne, ces petites bêtes menaient un style de vie frénétique. En effet, en raison de leur petite taille, leurs ressources énergétiques étaient très limitées, et elles devaient donc se nourrir et chasser régulièrement (leur digestion s'effectue en 2 heures et demie) ; De plus, elles étaient en quête de leur terrier, ou de leur nid, du moins un habitat qui corresponde à leur besoin spécifique ( moelleux, chaleur ). Elles affectionnaient donc la tiédeur de ma poitrine protubérante et celle, non pas moins saillante de leur papa. Elles aimaient aussi occuper notre grand lit ( comme tous ceux qui l’ont essayé… Nous avons une literie Tréca, et il n’y a pas mieux au monde ! ), allant même, comme la femelle coucou gris, jusqu’à parasiter ce qui était originellement notre nid.
Je me les remémore ces petites bêtes, laconiques et rosette, arborant l’étendard de la liberté absolue contre mes nombreuses propositions de paix : Les câlins, les berceuses, les promenades dans la maison n’avaient pas raison de leur envie de hurler*. Les nuits surtout, elles osaient faire la foire non-stop, réussissant avec brio d’ailleurs.
La première nuit, personne dans la maison n’avait dormit ( y compris le voisin d’au dessus, mais peut être était-ce pour d’autres raisons… ) Inutile de préciser que la journée mon mari travaillait ( vive le café serré et les toilettes insonorisées du bureau ) et que les meufettes ne me laissaient aucun répit qui m’aurait permit de me reposer.
La seconde nuit, mon mari proposa de s’occuper seul des 2 anarchistes pour que je puisse dormir ; Et je prendrai sa place dans les tranchées la nuit prochaine. L’idée nous parut bonne car nous ne pouvions continuer à vivre sans dormir : on commençait à se comporter bizarrement (mon mari mettait mes strings et moi ses caleçons), j’avais même des hallucinations auditives et commençais à dire des absurdités : « Ramène-moi ces monstres d’où elles viennent ! »
Je m’allongea donc, bénissant la bienveillance de mon mari à mon égard et laissant ce dernier replié sur le petit canapé dans la chambre des meufettes. Mais les hurlements terrifiants de nos bêtes m’empêchèrent de sombrer dans le sommeil réparateur. Surtout, au fur et à mesure que les vociférations s’intensifiaient dans le silence de la nuit, je trouvais très éprouvant de passer seul la nuit avec 2 bébés hurlants et sentais de la compassion pour mon cher et tendre barricadé avec les deux bêtes qui se remplaçaient pour brailler. Quand l’une se pacifiait enfin, l’autre émergeait de son répit, si bien qu’ il n’y avait aucun amnistie pour recharger nos batteries. Cette nuit là, quand j’avais quitté ma couche pour trouver mon mari épuisé, je ressentis tout le poids que représentait l’élevage de jumelles. Mon mari était en train de bercer une meufette dans les bras, et bercer l’autre dans son lit à roulette, grâce à l’habileté de son gros orteil droit de pieds. Craignant qu’il ne se fasse une foulure du gros orteil, je lui avais donc proposé d’en prendre une avec moi dans notre chambre. Peut être que le fait d’être séparée aurait raison de leur diabolique machination libertaire ? Je me mis en position semie-couchée, ajusta une meufette au sein et le sommeil m'engloutit ainsi que la meufette présente. Mon mari, mécontent du confort du petit canapé revint dans le lit avec l’autre meufette geignante, qui trouva une place confortable à l’autre sein. Tout le monde s’endormit. Alléluia, nous avions trouvé la tactique pour dormir 1 heure jusqu’à ce que le concert reprenne.
La troisième nuit, la ménagerie se retrouva dans le grand lit pour une partie de poker à quatre qui dura toute la nuit. Mon mari et moi étions tombé d’accord sur le fait qu’il était cruel de laisser une personne seule enfermée avec les fauves dans leur chambre. Cette nuit là, les meufettes furent indomptables ; la mise au sein ne les pacifiait plus que quelques minutes ; ce qui « marchait » pour les calmer hier, ne fonctionnait plus aujourd’hui. Nous ne savions plus comment vivre. Les effets de la fatigue étaient sévères et je ressentais un grand froid intérieur et avais une tête de foldingue. Des photos censurées témoignent.
Inquiète d’avoir engendrer des meufettes anarchistes qui entendaient faire de notre foyer le point de départ d’une révolution « mustela nivalis », j’ai contacté une puéricultrice de PMI pour qu’elle vienne constater les faits. Mon mari accueillit la gentille dame qui me rencontra dans le salon en train de pleurer à chaude larme, une meufette hurlante dans les bras, et l’autre sur les cuisses, tout aussi criarde. Cela faisait 3 nuits que mon mari et moi n’avions pas dormit ni fait aucune sieste depuis 4 jours. « la couche était pleine » comme on dit. La puéricultrice tenta en vain de les calmer, puis, horrifiée devant tant de dévouement à pousser la gueulante, me dit gravement : « Laissez-les pleurer et reposez-vous. Et ne pleurez pas, les bébés le ressentent ». La solution paraissait simple, mais je ne pouvais m’y résoudre. J’imaginais que mes bébés arrêteraient de pleurer ainsi dés qu’elles comprendraient que papa et maman étaient maintenant tout le temps présent pour elles. J’imaginais donc que les laisser pleurer ne pourrait qu’accroître ce que j’imaginais être des crises d’angoisse.
La quatrième nuit, nouvelle partie de poker à quatre dans le grand lit de moins en moins spacieux à cause des meufettes. A un moment, le marchand de sable surgi pour tout le monde et nous dormîmes environ deux heures. Nous dûmes nous réveiller pour le repas car les meufettes devaient manger à heures fixes du fait de leur petit poids… Avec regret, nous les réveillâmes pour leur ration de lait mais Morphé les interpella aussitôt le biberon sifflé. Et elles furent s’endormir dans leur lit…
La cinquième nuit, les meufettes comprirent que papa et maman étaient toujours là pour elles. Chacun dans son lit et pas d’histoire ! Nous furent réveillés à plusieurs reprises par des cris espacés, sans que cela ne se transforme en crise de hurlements. Plusieurs fois, je me leva pour rassurer les chérubines dans leur lit qui replongèrent à chaque fois assez rapidement dans le sommeil. Je crois que nous avions gagné la partie. L’ordre avait triomphé sur les velléités anarchistes de mes filles.
La sixième nuit, nous osâmes même laisser pleurer une meufette, pendant quelques poignées de secondes sans intervenir… Et elle se calma seule rapidement. Nos sommeils étaient légers avec les repas de minuit et de 4h du mat’, mais au moins, on reprenait un semblant de rythme.
Les deux premières semaines furent difficiles, mais la troisième semaine, les meufettes nous firent le cadeau de faire leur nuit ; (Elles avaient donc 2 mois et 1 semaine.)
1er round : de 23h jusqu’à minuit,
2ème round : de 00h30 jusqu’à 4h00,
3ème round : 4h30 jusqu’à 7h30
L’élevage de jumelles est ardu et la période où ces petits monstres ne dorment pas la nuit est véritablement éprouvante car les 2 parents sont obligatoirement monopolisés. Il n’y a donc pas de possibilité pour que l’un ou l’autre se repose. De même, le fait que les bébés se relayent, voir s'inspirent mutuellement est bien difficile à gérer. L’idéal, pour nous a été de les séparer, d’abord de lit, ensuite d’endroit ( d’où l’importance d’avoir des lits à roulettes ! ). Les premiers jours, nous avons systématiquement répondu à tout leur appel de la jungle, puis petit à petit, nous en laissions pleurer une pendant une poignée de seconde… Fréquemment, elle se calmait seule, sinon nous intervenions.
Je ne sais si leur séjour à l’hôpital a joué un rôle dans le fait qu’elles aient autant pleuré les premiers jours à la maison. Etait-ce liée au changement d’ambiance ? Etait-ce une angoisse liée à leur solitude habituelle la nuit ? Voulaient – elles s’assurer que papa et maman étaient bien là ( et non pas les Ténardiers ) ? Seules les meufettes le savent…
En tous cas, les comptes se régleront pendant leur adolescence… hi ! hi ! hi !
Notes :
* Les bébés hurlaient mais nous nous étions assurés qu’il ne s’agissait pas de cris liés à des maux de ventre comme c’est souvent le cas avec les bébés…

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