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Des retraités… et des larmes parfumées

Publié le 11 septembre 2010 par Bababe

Des retraités… et des larmes parfumées

Ces jours-ci, les mots « retraité » et « brûler » flottent dans l’air comme la fumée  émanant de la résine appelée Larmes du Soudan que j’ai associée avec le feu pour parfumer le mal, et transformer dans la non violence, le mauvais esprit en bon esprit;    formule que conseillaient les aïeules depuis le temps où le désert du Niger était vert et rempli d’animaux

.

C’est dans cette atmosphère que j’ai croisé sur mon chemin deux vieux retraités qui m’ont marqué.

L’un par cette phrase : « Je ne suis plus que tout seul ». Il a 88 ans, n’a pas d’enfant.

On éprouve un pincement au cœur, mais quand on réalise qu’il a perdu sa femme depuis 7 ans, on  devient presque soulagé car il tient bon.

Ce retraité de chez Renault  tient même très bien quand on mesure le travail de titan qu'il vient abattre quotidiennement dans un parc où il dispose de 500 mètres carrés de jardin.  Au-delà de son propre plaisir, cette activité comme il dit, lui permet de tenir.

Deux chers bonhommes installés à l’ombre d’un arbre et dont les deux âges réunis font à peine celui du vieil homme se demandèrent où celui-ci trouvait sa force et sa volonté ; alors qu’eux  rêvaient de prendre leur retraite avant 60 ans.

L’autre retraité,  son ordinateur portable en bandoulière, montre bien qu’il est ravi  de s’initier aux nouvelles technologies malgré son âge. Il vient de débarquer d’un séjour en Amérique chez ses enfants et petits enfants. Son nouvel embonpoint, comme on dit dans sa culture, prouve  bien qu’il a été gâté par sa belle fille. Cette belle fille qui redoutait d'avoir un beau-père et qui a trouvé un père.

Ses phases d’euphorie cohabitant avec ses phases de mélancolie semblent céder la place à  de nouvelles coupures (même si celles-ci sont beaucoup plus brèves que celles de l’électricité au Sénégal.) C’est quand il se met à héler inopinément le nom de son petit fils comme si celui-ci qui se trouve désormais à des milliers de kilomètres de lui, l’entend. Si on ne sentait pas l’émotion dans sa voix qui vous pince le cœur, on l’aurait pris pour mo artidaani (celui qui n’est pas revenu en entier). Certainement ce qui paraîtrait comme une absurdité vient du fait qu’un petit de vingt mois ne peut pas comprendre qu’un être auquel il a commencé à s’attacher l’abandonne.

Me prenant à méditer sur ces chemins croisés,  mon inspiration fut stoppée par d’autres maux venus du désert parlant d’inondation.

Je me suis alors demandé, est-ce que ce n’est pas parce que je suis plus préoccupé par les Larmes du Soudan (résine) que par les véritables larmes qui inondent et noient le Soudan que mon inspiration s’est dissipée dans le brouillard ?

Malgré ça, je me suis obstiné à souffler sur les braises. J’y remettais de la résine, cette fois celle argentée d’un cèdre bleu à côté d’un séquoia géant de Californie tout en prononçant des mots. Et une composition d’un berger de mots apparue : je les partage avec vous.

« J’ai marché à travers les collines argentées de mon Fuuta lointain,

J’ai interrogé le mystérieux écho des vents du Wallo,

J’ai attendu avec impatience le parfum des nuits de ton été,

J’ai suivi le réverbères des vallées serpentées de nos majestueuses Palé,

Je me suis confié aux secrets des nuits douces de nos villages,

Abandonné aux rythmes d’une jeunesse digne et pleine d’insouciance,

Tout ça à la recherche de cet être cher et inégalé,

Alors, oiseau sublime, emporte-lui mon bonjour et ma fidélité en cette amitié pure. »

Njuulee mo wuuri !

Mes meilleurs vœux à toute la planète et ses habitants, faune et flore comprises.

Signé Sorcière


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