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Le supplice du santal, de Mo Yan

Publié le 30 août 2010 par Charles Carrard

Si vous chercher un livre drôle, tragique, théâtral, historique, intéressant, passionnant, j'ai ce qu'il vous faut : Le Supplice du santal.

Le supplice du santal, de Mo YanEcrit par Mo Yan en 2001, traduit en français en 2006 par Chantal Chen-Andro, ce roman de quelques 760 pages vous emmènera au coeur de la Chine. Vous découvrirez l'opéra à voix de chat, la vie quotidienne au Shandong au début du siècle, l'invasion allemande et la situation politique de l'époque. Vous vous passionnerez pour l'intrigue, ressentirez la douleur, la joie et l'émotion des personnages.

Résumé

Quatre hommes tourmentent la très belle Meiniang: son père Sun Bing, chanteur d'opéra, condamné au supplice du santal pour rébellion.
Son beau-père, le redoutable Zhao Jia, accompagné de son fils, le boucher Petit-Jia, pour mettre à exécution la plus cruelle des tortures. Son amant, le très amoureux Qian Ding, reste en sa qualité de préfet de l'empire, le seul capable de dénouer ce drame...

Mo Yan emploie un style plein d'humour, détonnant dans une tragédie.

Bâti comme un opéra classique, lyrique et virtuose, ce livre des supplices dépeint les derniers feux de l'univers traditionnel chinois. La mort de l'empire Qing méritait ce traitement grandiose. Dans un savoureux mélange de violence et de tendresse, d'humour féroce, de truculence et de noirceur, se découvre à nouveau le goût prononcé de Mo Yan pour les jeux de contraste. Son art est renouvelé de plus belle, plus affirmé que jamais. Il allie, avec un brio extraordinaire, la profondeur d'une réflexion universelle et la modernité d'une forme littéraire surprenante.

Car dès le début du livre, se mettent en place tous les éléments de la tragédie "Espèce de chien, tu ne le sais pas encore, mais dans une semaine je t'aurais tué" professe Meiniang à l'encontre de son beau père Zhao Jia.

Un chant de la mort polyphonique d'une incroyable beauté formelle, avec humour noir, truculence, cynisme et voyeurisme à chaque étage.

Le Figaro

Mais qui va mourir ? Le père de Meiniang ou son beau père ? Et qui d'autre ? Dans cette période tourmentée où l'arrogant Allemand, cherchant à percer une voie ferrée dans la région, considère les Chinois comme moins que rien, tout est possible.. Et le sang va couler...

C'est un huit clos à la Sartre, en plus puissant, en plus détonnant. Cinq personnages, quatre hommes et une femme, mais quelle femme ! Amante du potentiel sauveur, fille du condamné, femme du boucher (qui deviendra bourreau ?) et belle fille du bourreau... c'est elle qui entraîne le lecteur dans les abysses de la nature humaine.

C'est elle le fil conducteur lors des nombreux retour dans le temps créés par le romancier. Car le livre est une véritable pièce de théâtre, un opéra à voix de chat, un film de science fiction même car on va du passé au présent, du présent au futur, pour découvrir et comprendre l'enchaînement des faits, des actes...

En toile de fond, la révolte paysanne, contre qui ? les Allemands ? probablement, les mandarins ?  certainement. On se rapproche presque de Max Frisch avec Andorra, où la foule en arrière plan annonce une catastrophe immense.

Construit comme un opéra classique chinois, Le supplice de Santal explore toutes les formes de l’agonie, celle qui vocifère et celle qui se tait." (Nils C. Ahl, in Le Monde des Livres, Avril 2006). Un jeu subtil entre les formes narratives, celles de l'opéra chinois à voix de chat, des styles grotesques et excessifs quasi shakespearien et une sobriété problématique autant que surprenante, l'auteur donne de la voix à toutes les voix tues de l'agonie et du théâtre. C’est l’instrument du supplice qui compte, bien plus que le supplice lui-même. Le bruit, la contradiction, la superposition des registres est toute l'énergie du texte dissonant et fantastique. Petit Jia, boucher pathétique, vraisemblablement idiot (mais la bêtise est l'un des chemins de la sagesse) pousse de joyeux « miaous » à tout propos. Sun Bing, chanteur finissant à voix de chat n’est qu’un « théâtreux », dont la révolte se résume à un concours de barbe  : c’est à qui a la plus belle, la plus grande, la plus drue. "Meinang, passionaria aux grands pieds, fragile et grincheuse, n’est qu’une demi-mondaine à peine courtisane, dont les bruyantes menaces n’ont aucun effet – et dont le corps « plus sucré que les melons du Nord-Est » raconte autant les ennuis de province que les idéaux médiocres. Cela finit toujours par des étreintes de couloirs et des cris de cochons qu’on égorge. Exigeant, vociférant, parfois difficile, Le Supplice du Santal  est un très beau livre de boucherie et d’honneur. Toujours surprenant, jamais facile, le livre brûle parfois un peu les yeux du lecteur. Et pourtant, on ne s’arrête pas de lire : Miaou, Miaou !

Nils C. Ahl, in , Avril 2006

Ce roman est sans doute le meilleur que j'ai lu, et l'un des plus intéressants pour comprendre une période de l'histoire de Chine.

Attention, âmes sensibles s'abstenir, car les descriptions des supplices chinois sont très réalistes et on est souvent pétrifiés d'horreur...

Concernant le supplice du santal en lui-même, je vous laisse découvrir ce que c'est en lisant le livre..

Le supplice du santal, de Mo Yan

Extrême fin du dix-neuvième siècle. La Chine impériale est aux mains des “grandes puissances” du moment, au premier rang desquelles l’Allemagne de Bismarck : en l’absence d’empire colonial, elle y trouve le moyen de s’approvisionner à bon compte en matières premières et en denrées rares. La Belle Époque dites-vous ? Pas en Chine en tout cas et pas en ce temps-là... Les paysans se révoltent et sont durement réprimés par les armées étrangères qui s’appuient sur le système du mandarinat, fortement attaché à ses privilèges. Dans ce contexte historique mouvementé, Mo Yan nous décrit le destin funeste de Sun Bing, un chanteur d’opéra “à voix de chat” (une forme populaire apparue à cette époque) qui va être victime d’un concours de circonstances devant le conduire à un supplice particulièrement cruel, le “supplice du santal” (âmes sensibles s’abstenir !). Un récit puissant, décrivant avec précision, au travers d’un événement local (la révolte des habitants d’un village du Shangdong), les rouages d’une société féodale sur le déclin. On y découvre que la cruauté de l’armée allemande valait bien le raffinement des fameux “supplices chinois”. Bien que complexe dans sa structure et dans les rapports entre les personnages ce roman se lit aisément et passionnera le lecteur du début à la fin. Une œuvre magistrale, malgré un défaut de relecture de la part de l’éditeur, qui a laissé passer de trop nombreuses erreurs de language

Jean-François Ponge

Mo Yan

Guan Moye 管谟业 est né en 1956 au sein d'une famille paysanne du Shandong.
De 1959 à 1961, sa famille connaît la faim en raison du Grand Bond en avant. En 1966, pendant la Révolution culturelle, il est classé parmi les "mauvais éléments" et renvoyé de l'école. Quand il parvient à intégrer à 20 ans l’Armée populaire de libération, il se sent libéré. Il poursuit alors des études dans une école de l'armée, puis à université de Pékin (Beida), dont il est diplômé en 1991.
En 1981, il publie son premier roman, Radis de Cristal (透明的红萝卜 Touming de hong luobo), et prend le nom de plume Mo Yan, 莫言, "celui qui ne parle pas". Sa reconnaissance est immédiate, mais ce n’est qu’avec son Clan du Sorgho (红高粱 Hong Gaoliang), qui sera porté à l'écran sous le nom Le Sorgho rouge par Zhang Yimou en 1986, qu'il atteindra sa notoriété actuelle. Il démissionne de l'armée en 1997, pour disposer de plus de liberté de création.

Plus d'infos sur Wikipédia

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