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«L'énigme du désir » Vivian Adams.

Par Manus

ŤL’énigme du désir ť Vivian Adams.

«L’énigme du désir » Vivian Adams.

Brian Sommers mène une vie sans histoires.  Caroline, son épouse, et leur fille de seize ans partagent son quotidien.  Il est noir.  Notaire.  Et obsédé sexuel.  De ces obsédés qui n’ont encore jamais franchi le pas de l’adultère, mais dont les fantasmes les poursuivent de jour comme de nuit. 

Chaque femme croisée dans la rue, dans un magasin, sur un escalator, ou dans un métro se fera prendre par lui, verra la main fébrile de Brian remonter sa cuisse et la posséder ensuite avec avidité, dans toutes les positions plus insolites les unes que les autres, si possible. 

L’écriture de Vivian Adams, dans « L’énigme du désir » éd. Gallimard 2010, traduit de l’anglais par Laetitia Devaux, contraste avec le désir obsessionnel qui marque le personnage principal, la sexualité omniprésente dans le livre, et le raffinement de son style, cette élégance qu’il emploie, comme cette façon qu’on les anglais de tenir une tasse de thé.

Mots crus utilisés à bon escient, ce sont surtout des atmosphères érotiques, un climat tendu au travers d’une vie bourgeoise et intellectuelle que l’auteur décrira sans que la tension ne retombe.

Si Brian admire Caroline pour ses qualités intellectuelles, sa personnalité de femme de tête, il ne pourra cependant éviter au doute de le submerger par une nuit - sa femme est partie pour trois jours à un séminaire – où un coup de téléphone le tire de son sommeil.  

Une femme, brisée, le supplie de demander à sa femme de cesser de harceler son mari, car elle l’aime.

L’univers de Brian s’effondre.  Sa femme le trompe, alors que lui n’a jamais lacéré leur contrat de mariage de coups de canif.

L’angoisse qu’il éprouve, la colère aussi, se mélangent à son désir sexuel croissant pour les autres femmes.  D’autant plus qu’une petite jeune, aux seins adorables, est hébergée pour un temps chez eux.  D’autant plus qu’une cliente à son travail ne cesse de l’envelopper de ses charmes pour l’attirer à elle.  Et d’autant plus, qu’un cancer se profile à l’horizon, à son plus grand dégoût, lorsqu’il vit, un matin, du sang baignant dans la cuvette.

Le pire, c’est qu’il n’arrive à joindre sa femme par téléphone.

Vivian Adams entraînera le lecteur dans un tourbillon d’émotions intenses s’articulant autour de la chair, du désir, et de ce déchirement entre la fidélité et l’assouvissement de ses pulsions.

La grande qualité du livre est de retranscrire, sans faiblir, l’ambiance anglaise et bourgeoise intellectuelle, bon chic bon genre, tout en soulevant la part d’ombre, cette noirceur de l’âme, qui grouille derrière ces attitudes sans fêlures.

Par contre, et c’est sur ce point qu’un roman peut être qualifié de bon roman, la chute laisse à désirer.  Si le lecteur n’aura été lassé par le tempo soutenu, l’écriture fine, malgré le sujet ultra exploité, il sera déçu par la fin qui s’estompe comme la chute du Niagara finissant en ruisselet.

Il est à souligner que ce roman est le premier de Vivian Adams, et qu’un tel livre, par la maîtrise et la maturité de l’écriture qu’il offre, mérite le respect.

Savina de Jamblinne.


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