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[Critique cinéma] Poetry

Par Gicquel

[Critique cinéma] Poetry

[Critique cinéma] Poetry
Ces derniers temps le cinéma asiatique nous a proposé un regard sur la société des  Philippines et de la Corée, qui à l’œil occidental peut paraître très étrange. Avec «  Lola » de Brillante Mendoza (dans ce blog- en dvd le 06 octobre  2010 ) et «  Mother » de Joon-ho Bong (toujours dans ce blog)  une femme seule, grand-mère ou mère seule, est confrontée à une situation familiale pénible, engendrée par la conduite du fils ou du petit-fils de la maisonnée.

C’est encore  la trame de «  Poetry ». Dans une petite ville de  province  en Corée, une grand-mère élève son petit fils. Elle est aux petits soins pour cet ado qui ne lui prête guère attention, alors qu’elle est  tout amour. Poétesse dans l’âme, elle prend des cours d’écriture et s’extasie devant un arbre en fleur. Jusqu’au jour où la beauté des choses s’estompe devant l’indicible réalité qui l’entoure.

[Critique cinéma] Poetry

Là où on imagine l’explosion de la cellule familiale, des tensions sans fin et l’inéluctable main mise de la morale et des codes de la société, c’est un tout autre scénario que Lee Chang-dong, nous révèle à travers un récit sans heurt , ni altercation.  C’est toute son intelligence que de ramener le propos au niveau de la douceur et de la tendresse, même si le gamin est d’une insupportable indifférence, d’une ingratitude totale. Une attitude qui fait écho au comportement des adultes, qui face à l’acte monstrueux  de leurs progénitures, ne pensent qu’à se protéger. Et comme dans les deux films précédemment cités, l’argent disent-ils sera le remède à tous leurs maux.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Ce cynisme cruel, s’ajoute à celui de l’establishment totalement corrompu. Un monde de brutes , totalement étranger à la mamie, maintenant prête à y sombrer, si son geste peut encore sauver la vie de son gamin.

Et  là encore le réalisateur n’en fait pas des tonnes, et c’est toujours ce qui fait sa force. Il pose sa caméra à hauteur d’hommes et les laisse s’exprimer par  leurs bassesses ou  leur grandeur d’âme, comme cette femme magnifiquement interprétée par Yoon Hee-Jeong , qui depuis une quinzaine d’années n’avait pas remis les pieds sur un plateau de cinéma.

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On la suit avec une grande attention dans sa quête parallèle pour le bonheur, quand face au déclin de son petit monde, elle se réfugie dans celui des rimes et des complaintes (quelques cours de poésie à rallonge et tirades ennuyeuses auraient pu cependant nous être évités). C’est son échappatoire, sa raison de vivre, pour retrouver cette mémoire qui bat la chamade, en même temps que toute sa raison de vivre lui file entre les mains.

Ce n’est pas le seul portrait juste de ce film Lee Chang-dong ayant le coup d’œil pour crayonner en quelque images des traits de caractères, des lignes de personnalité , le plus en vue étant l’inspecteur de police, poète lui aussi . S’il n’est pas encore concerné par l’enquête qui perturbe l’entourage, il pose lui aussi à sa façon  la question de l’existence des mots, et de la signification de la poésie. Une fois sa tirade terminée, il y ajoute ses commentaires. Ils sont toujours très particuliers …


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