Emma ou « comment on fait les bébés…? » Episode 5

Scène 3

Sors de ce corps !

Lundi 7 juillet a vu la fin de mon angoisse d’accouchement solitaire avec l’arrivée de Dorothée (Sainte Dorothée devrais-je dire !) et de sa petite famille… bon, avec un peu (beaucoup) de retard sur l’horaire prévu mais ce n’est pas grave, le tout est que tout le monde soit bien arrivé. Du coup j’ai un peu (oui un peu seulement !!) entamé le plat de crêpes en les attendant…

Je découvre que Raphaël ne ressemble plus du tout au petit bébé que j’avais vu 3 ans plus tôt, et je découvre aussi Didou, la petite sauvageonne, qui est quand même venue dans mes bras assez spontanément et sans pleurer… YES ! J’ai également le plaisir de faire la connaissance de Stéphane, que sa tendre moitié m’avait dépeint comme un type pas sociable du tout et qui se révèle l’être finalement, avec un certain humour très fin que j’aime beaucoup.

A peine arrivée, je montre à Dorothée le fonctionnement de la maison, au cas où je devrais partir à la maternité rapidement et que du même coup elle se retrouve seule à la maison avec tout son petit monde.

On fait donc le tour du locataire (ben oui, je ne suis pas propriétaire de mon château !), placards de cuisine, arrière cuisine, frigo, buffet, salle de bain, machines, chambres, ordi, etc etc. Il faut que tout le monde se sente à l’aise même si je dois partir, et j’espère bien partir un jour quand même, je dirais même le plus tôt possible, maintenant que mon ange gardien est là.

Emma, sors de ce corps !!!

Je me vois bien accoucher mardi 8 moi. Ça correspond avec le cycle lunaire et maintenant que Dorothée est là, je me dis que ça va décider ma fille. Que nenni ! Les jours passent et se ressemblent ! Et rien ne se passe !!

Alors, pour tuer le temps et profiter du moyen beau mauvais temps, on flâne, on profite de la plage, de la mer (enfin, juste de la vue hein, pas de baignades envisageables, brrrrrrr l’eau est trop froide à Fécamp !), du parc pour les enfants, des crêpes et autres spécialités maison. Et chaque jour :

Emma, sors de ce corps !!!

Ce n’est pas possible, on m’a menti, je ne suis pas enceinte et je ne vais jamais accoucher !!! Je suis juste grosse comme ça, sans raison, pour faire joli.

Mardi et mercredi sont donc des jours qui passent… et où rien ne se passe… sauf que Didou fait des câlins à mon gros bidon. Elle dit à sa copine de venir mais la petite loutre n’en fait qu’à sa tête… et je vois d’ici la semaine se terminer sans que j’aie accouché, et Dorothée et Stéphane repartir alors que mon bidon est encore plein comme un œuf Kinder. L’angoisse du « je vais faire ça toute seule » me reprend quelque peu. Je ne me souvenais plus bien de ce qu’on avait fait ces deux jours là mais en parcourant les pages du planning de cette période, je me rends compte que je ne m’en souviens pas parce qu’on n’a rien fait de spécial. Peut-être un peu de cuisine, repas sucrés, crumble, crêpes… Je me souviens avoir fait des photos de Raphiboubou et de Didou. Ils sont beaux ces loulous ! En dehors de ça, je suis les recommandations du bon docteur Leia pour la prise des petites billes d’homéopathie et pour les litres de tisane de feuilles de framboisier que je dois ingurgiter par jour. Je sais pas ce que ça prépare, vu le temps que ma petite chieuse met à se décider pour sortir de sa cachette, je n’ai pas l’impression que ça prépare grand-chose !! M’enfin, en bonne élève, je fais tout comme elle me dit.

Je me sens un peu fatiguée, mes nuits sont courtes, je dors peu, je cogite beaucoup, j’ai du mal à trouver des positions confortables. Emma est assez souvent en mode chat, toujours sur le côté gauche de mon ventre, elle appuie ses jambes sur les parois de mon ventre comme on met parfois ses pieds sur le tableau de bord de la voiture pour se délasser un peu pendant les longs voyages. En même temps, le voyage, il ne tient qu’à elle d’y mettre fin !!!

Je me sens sereine aussi, plus d’appréhension quant à l’accouchement en lui-même. Dorothée me dit que c’est parce que je suis prête. C’est sans doute vrai, je me sens vraiment prête, prête à faire le grand saut dans le monde des contractions, des poussées, et de la découverte du petit être que je porte depuis 9 mois. Je me sens même impatiente, ça c’est indéniable. Les angoisses du « ventre vide » s’estompent aussi. Tout ce que je veux, là, maintenant, c’est qu’elle sorte de là !

Emma, sors de ce corps !!!

Je ne sais toujours pas si Cédric viendra. Si elle sort avant le week-end, c’est sûr que non. Sinon… on verra bien sur l’instant. Je lui ai dit que de toutes façons je lui téléphonerai quand ce serait le moment, il décidera à ce moment là… j’ai de l’espoir sans en avoir… avec lui, on ne peut jamais savoir.

Mercredi on se dit qu’on va aller à Etretat le lendemain, pique nique, grimpette des falaises et maternité lol ! Dorothée me dit qu’elle est sûre que ce sera après Etretat. Ah ben va pour jeudi alors ! Ouaiiiiiiiii viiiiiiiiiiiite !!

Mercredi, je suis jalouse, Sabrina part à la maternité… et moi je reste chez moi. Maiheu, c’est quand mon tour ? Bon aller, Leia a dit après Etretat donc demain c’est mon tour…

Jeudi : IL PLEUT !!!! On ne va pas à Etretat ! Et je n’accouche pas ! Comme le temps est nul, jeudi, on larve. Et Emma reste au chaud. Je me demande si elle va mettre tous les petits vêtements d’été que je lui ai acheté si le temps continue d’être aussi mauvais. Ma valise pour la maternité est prête, celle de ma fille aussi, juste les trucs de dernière minute à y mettre quand on partira mais sinon tout est déjà prêt et descendu, sur le point de faire feu. A ce rythme là, les valises vont même finir par aller à la maternité sans moi !!!

Jeudi, Ronan naît. Bienvenu bébé… peut-être va-t-il montrer la route à ma fille. J’ai même cru un instant que Christina allait accoucher avant moi. Ca m’a défrisée une minute !

C’est décidé, si demain il fait beau, on va à Etretat. Après Etretat, Leia l’a dit. Ce sera après Etretat (j’ai presque envie de dire que de toutes façons ça ne peut être qu’après maintenant… je le sens pas vraiment pour le jeudi soir).

Vendredi 11 : IL FAIT BEAU ! ON VA A ETRETAT ! Petite pensée pour Jacquette et Laurent. Le temps est magnifique. On prépare le pique nique, on prend la Kangoo de chez Mickey et on file sous le soleil vers la destination qui est censée me faire accoucher. On met la valise de bébé dans la voiture au cas où…

On retrouve la sœur et le beau frère de Stéphane et on commence la grimpette de la falaise d’aval, bien tranquillement. Mon dieu, que c’est dur de faire grimper une baleine ! Mais je veux accoucher alors j’y mets du cœur à l’ouvrage. Doucement mais sûrement ! Mais alors heu… doucement hein ! Je croise quelques regards interloqués et certaines personnes me questionnent… ils ouvrent de grands yeux quand je leur dis que je suis enceinte de 9 mois !

Petite « visite » des points de vue en haut de la falaise, et arrêt pique nique bien mérité. Il était temps, j’en pouvais plus ! Attention à ne pas s’asseoir dans la crotte de mouton ! Raphaël s’amuse à balancer son pique nique aux goélands qui enfournent chips et sandwich avec conviction. Et moi, une fois (mal) assise par terre, j’ai du mal à bouger quoi que ce soit d’autre que ma mâchoire pour mastiquer mon repas !

Il fait chaud, j’ai envie de faire pipi (encore !), j’ai aussi envie d’une glace (encore… mais je ne suis pas la seule) et on doit penser à l’atelier cartes postales. Donc on ne tarde pas trop trop à descendre. Le plus dur dans tout ça est de me relever… et la descente est peut-être pire que la montée !

Je tire d’ailleurs mon chapeau à Dorothée qui s’est tapé toutes les montées avec Didou en écharpe ! Bravo, il fallait le faire. Sans compter qu’une Didou ça gigote et que ce n’est pas facile de monter dans ces conditions.

Une fois en bas, sur le front de plage, on fait tous les ateliers précédemment cités (pipi, glaces et cartes postales) et Magali et son petit homme nous quittent. Mais la journée étant encore belle et pas finie, et n’ayant toujours pas la moindre contraction (à mon grand désespoir), Leia propose donc de visiter la falaise d’amont cette fois. Ma foi, pourquoi pas ? Je suis fatiguée mais je me dis que si je n’arrive pas à aller au bout, je m’arrête et je redescends.

Nous voilà donc repartis pour l’escalade. Là, j’avoue, c’est vraiment dur. Mais je tiens bon, je monte et j’arrive au bout à la vitesse de l’escargot, mais quand même, j’y arrive. Et toujours rien, ni contractions ni perte des eaux ni rien de rien. Je désespère. Même pas la moindre douleur… Emma aime les promenades dans le ventre de maman et elle n’a visiblement pas l’intention de quitter les lieux.

Emma, sors de ce corps !!!

Dans la journée, Stéphane a dit à Dorothée que si je n’avais pas accouché ce week-end, ils resteraient jusqu’à ce que ce soit fait. AAAAAAAAAAHHHHHHHHHHHHH je suis soulagée ! Comme c’est gentil !! Bon, ça c’est réglé. Si mademoiselle chat se fait attendre au-delà du week-end, je sais que mon petit ange gardien sera quand même près de moi pour accueillir mon merveilleux petit bébé.

La journée à Etretat se termine normalement, enfin, je veux dire sans départ à la maternité lol ! Toujours pas l’ombre de la moindre contraction et c’est avec dépit que je reprends la voiture pour rentrer… certes, la journée n’est pas finie, mais je ne vois pas ce qui pourrait décider bébé si l’exercice de la journée ne l’a pas convaincu !!

En arrivant à la maison, nous allons à la pharmacie chercher le traitement homéo que je dois prendre car il n’en restait plus assez… et c’est limite car la pharmacie ferme dans quelques minutes. Puis nous décidons d’aller manger au Mac Do, personne n’ayant le courage de faire quoi que ce soit à manger après cette épuisante journée. Et puis comme ça, pas de vaisselle !

Toujours pas de contractions… rien de rien, même pas de prémices. Même pas une micro contraction pour me faire plaisir.

Retour du Mac Do, toujours rien. A 22h30, nous sommes tous achevés par la journée alors nous montons nous coucher. J’avoue que je suis un peu à bout. De fatigue, de nerfs, de désespoir… tous feux éteints, ma tête bouillonne de mille pensées. Je sais que ça se rapproche, que je ne peux pas être plus près… mon impatiente monte… et je ne sais toujours pas si papa sera là le jour J.

A suivre… L’accouchement est pour bientôt !!!