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Yggdrasill et les Roms

Publié le 16 septembre 2010 par Adamantane

http://www.adamantane.net/hebergerie/le_batelier/yggdrasill/Bien que le petit homme qui nous dirige d'une voix de stentor, d'une main de fer et d'un coeur de pierre, et qui ressemblerait à Napoléon Bonaparte s'il en avait les qualités, alors qu'il n'en a que les défauts, ait attiré avec les mots qu'il ne faut pas notre attention sur les Roms, nous pouvons tout de même le remercier de nous avoir rappelé l'existence de cette culture qui a sa place dans l'assemblée des cultures européennes.

Avant de vous parler du véritable tatot tzigane, tel que rapporté par Tchalaï Unger,  ou de vous faire connaître un des onze poèmes pour les fils du vent, tels qu'écrits par Jeanne Gamonet, je vous livre un texte repéré dans le numéro 6, daté d'octobre 1938, d'Yggdrasill, le bulletin mensuel de la poésie en France et à l'Étranger...

Ce texte, extrait de Bible Tzigane,  est dû à Juljan Tuwim, poète polonais chef du groupe du Scamandre, et traduit par Rosa Bailly.

Souple jour, mai de tzigane

Qui sent fort le vent et le pain.

Terre labourée, pays brun,

Ciel fiché par l'aube en la glèbe.

Non le printemps, mais bien le premier âge,

La fécondité jeune à chaque pas s'incarne.

Juin est entré avec ses lettres au village,

Comme le dur noyau aux pulpes des cerises.

Quand le regard repu se congestionne

Sur l'ornière joyeuse et pareille aux cerises,

Une rouge lueur bat au soir dans la cloche,

Sur le refuge étoilé, sur ses ors.

Et là, étoile, résonnance, aube ou sourire,

Sonnent en mai l'angélus dans nos rêves,

Et tu fais feu, en pétillant, sur la chaumière,

Jour villageois au souple mai de la Bohême.

Yggdrasill, l'arbre éternel sur qui reposent les neuf royaumes, le frêne aux trois racines,  à l'entrée de l'hiver se sent plus fort reverdir. Des voix au-dessous de lui chuchotent à propos du grand hiver des dieux et des hommes, et voilà bien des siècles et plus encore qu'il entend annoncer cycliquement le gel des coeurs, le refroidissement des astres et la prise en glace des océans les plus intimes.Et cependant il persiste et se dresse, arbre éternellement arbre.

La légende murmure, qui bruit dans ses feuilles,  que c'est accroché dans ses branches, au prix de neuf jours et autant de nuits de contemplation immobile, qu'Odin perça le secret des runes.

Merci à Emmanuel Lochac, car en cherchant une de ses oeuvres publiéesen revue j'ai découvert, agrément collatéral, le texte de Juljan Tuwil, et aussi  à Oluf Olufsen Bagge, à qui est attribuée selon Wikipédia Coomons l'image insérée dans ce papier. Il ne m'a pas semblé utile, en dépit des allusion du chapeau (involontaire rapprochement) de lui donne pour cocarde une effigie du petit caporal.


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