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Le mystère de Grenoble

Publié le 17 septembre 2010 par Jlhuss

reding.1284660563.jpgAssister au cœur de l’été à une attaque en règle contre des camps de Roms illégaux présents depuis belle lurette a pu paraître incongru à certains, incompréhensible pour d’autres.  Des analystes de première intention concluaient allègrement que l’exécutif perdait les pédales et se lançait dans des polémiques inutiles et dangereuses, bien sûr, mais également politiquement et tactiquement maladroites. Pas question ici de revenir sur une opinion ferme consistant à affirmer qu’un Président de la République se doit avant toute chose au rassemblement et non à la division, que jouer avec des minorités désignées à la vindicte est mauvaise pratique. Mais Sarkozy est ce qu’il est, il a choisi cette méthode, la pratique du clivage. C’est un président « clivant » et pas un Président rassembleur.

barroso.1284660690.jpgNe tombons surtout pas dans le piège d’une inconséquence supposée : sa démarche est volontaire, réfléchie. Au départ cette affaire de Roms était franco-française et le bénéfice pour l’exécutif pouvait apparaître assez mince : quelques transferts de voix entre le FN et l’UMP ne font pas un printemps 2012 radieux.
Puis il y eut la fameuse circulaire du 5 aout, rapidement corrigée et cependant détonateur du deuxième étage de la fusée. Personne ne me fera croire que  le maintenant fameux “en particulier de Roms”  signifié aux préfets, se trouvait là par inadvertance et légèreté d’un directeur de cabinet. Rapidement retirée, et pour cause, la parenthèse fut assez longue et publiée pour entraîner la riposte escomptée. Il était évident que l’extraordinaire boulimie des oppositions en matière d’anti-sarkozysme primaire d’une part, et l’évolution européenne du dossier d’autre part, allaient déplacer la polémique vers des zones plus rentables ! Les uns et les autres s’accordant dans l’escalade verbale, nous venons d’atteindre ce nouveau palier beaucoup plus payant pour l’exécutif . C’est maintenant sur la masse des anti-européens viscéraux de ce pays que joue le Président.“A la terrase de chez lulu” ça fait un tabac !

Illusoire de rappeler qu’il a toujours soutenu ces élargissements sans précautions ; il joue pourtant sur du velours. Les Mitterrandiens et les autres au PS, à part Chevènement, seraient bien en mal de lui faire la leçon sur le sujet européen. Il serait facile de leur rappeler avec quel mépris ils traitaient ceux (ici même) qui osaient émettre quelques réserves vis à vis de tous ces traités mal ficelés et aveugles. Il serait facile de dénoncer des référendums bafoués par un congrès versaillais plein de zèle à plus des 3/4 de ses membres, les moins solubles dans le mirage européen s’abstenant. Et puis … La mémoire est tellement fragile en politique sur les sujets de fond … La grande majorité des journalistes pourra continuer en vain à montrer du doigt les débiles, en cela ils ne feront que renforcer une opposition toujours aussi tenace vis à vis du supra-national.
Le rôle du Souffre-douleur de l’Europe a de beaux succès devant lui : les feuilles se déchaînent pour relater des entretiens tendus avec Barroso, et laissent parfois envisager le clash. Dans sa grande majorité le peuple approuve la raideur française face aux commissaires de Bruxelles. Berlusconi emboîte la pas, d’autres vont suivre. Au dernier sommet européen la Commission a d’ailleurs une fois de plus fait la preuve de son incapacité à résoudre les problèmes, remettant à un sommet ultérieur la question européenne des Roms et montrant ainsi, à l’évidence, son véritable visage, celui de l’impuissance. Les peuples n’aiment pas ça …
Et si nous touchions enfin aux ressorts cachés du « mystère de Grenoble »?

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Presse Internationale (extrait Libé )

«La France mérite d’être boutée hors de l’Union»

[…]Affliction aussi dans les colonnes des quotidiens anglais. «Les leaders européens ont mieux à faire que de se chamailler sur les gypsies», s’agace The Independent, avant de donner «en un sens» raison à Viviane Reding: «Ceux qui sont expulsés par M. Sarkozy et M. Berlusconi ont perdu la protection dont ils bénéficiaient avec l’effondrement de l’ère post-communiste dans les pays de l’Est et ont émigré vers des pays où ils ont de meilleures chances de survie. Ils sont les plus pauvres des pauvres, avec un nom qui les condamne à la discrimination. Ceux qui exploitent politiquement de si infortunées victimes devraient avoir honte

The Guardian y va plus franchement encore. C’est simple,  «la France mérite d’être boutée hors de l’Union pour avoir déporté des Roms». Et «sans plus de cérémonie que (la police française) n’en a accordé aux familles roms», encore. Qu’aurait-on dit, pousse Louise Doughty, éditorialiste et romancière, si «Sarkozy avait commencé à déporter des gens qui se seraient trouvés être juifs ou noirs? Aurait-il fallu à l’UE 18 mois pour réagir?» «Si Sarkozy est autorisé à poursuivre ses déportations, d’autres gouvernements de droite réaliseront que la persecution des Roms est rentable en termes de vote et sans que cela ne leur coûte rien. (Viviane) Reding doit agir vite et fort si elle veut que sa volte-face ait le moindre impact – et les autres gouvernements européens, Royaume-Uni compris, doivent la soutenir haut et fort.»  […]


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