Renault et PSA remboursent de manière anticipée les aides de l’Etat

Au plus fort de la crise, les deux constructeurs automobiles français ont eu recours chacun à un prêt de 3 milliards d’euros de la part de l’Etat français. Ce prêt était conditionné à l’engagement des deux groupes de sauvegarder les emplois en France et de ne pas délocaliser. On se souvient que la rumeur selon laquelle Renault produirait la future Clio dans son usine turque avait fait grand bruit. Les critiques avaient fusé, certains reprochant à Renault de ne pas respecter ses engagements alors que l’Etat avait donné 3 milliards d’euros à l’entreprise. L’affaire s’était conclue par la convocation de Carlos Ghosn, le PDG de Renault, à l’Élysée et l’assurance que le groupe automobile contribuerait à construire une partie de la production des Clio dans son usine française.

Les deux entreprises mais aussi l’Etat sont finalement tous les trois gagnants. L’Etat va se faire rembourser l’argent prêté ainsi que les intérêts d’environ 6%. Les deux groupes français ont eux pu se financer pendant la crise alors que leur notation par les agences de crédits sont relativement mauvaises (Fitch avait dégradé Renault et PSA à BBB- au moment de l’obtention du prêt) et les condamnait à devoir emprunter à un taux très élevé auprès des établissements traditionnels. Les deux groupes ont tous les deux annoncé au mois de juillet des résultats semestriels positifs (malgré des perspectives difficiles pour le second semestre où l’arrêt des primes à la casse dans la plupart des pays ainsi que l’augmentation du cours des matières premières vont se faire largement ressentir). Ce remboursement anticipé d’un milliard d’euro de la part de chaque constructeur est aussi un signe fort pour les marchés. Alors que le remboursement devait s’échelonner entre 2011 et 2014, le remboursement en avance d’un tiers de l’emprunt a été accueilli chaleureusement par les marchés avec des hausses de 4,03% pour Peugeot et 3,25% pour Renault le jeudi 09 septembre, date de l’annonce du remboursement anticipé. Malgré cela, Fitch a annoncé que cette nouvelle n’aurait pas d’incidence sur la notation des deux groupes étant donné qu’une partie de l’emprunt est à taux variable, indexé sur la performance des deux groupes, et que celui-ci est devenu moins avantageux qu’un financement sur le marché.

Arnaud Bavelier