Magazine

Les deux taverniers sont des têtes de mort. Aussi drôles et...

Publié le 17 septembre 2010 par Fabrice @poirpom
Les deux taverniers sont des têtes de mort. Aussi drôles et...

Les deux taverniers sont des têtes de mort. Aussi drôles et sympas que des cancers de la gorge. Trop cool, des trachéotomies sur pattes.

Des potes à moi. Mais une galère de fric les a obligé à vendre leurs sourires sur eBay il y a deux ans.

Choupette se trémousse discrètement puis file s’agripper au bar. Un larynx en phase terminale se penche. Elle braille dans son oreille en faisant un geste vague vers la foule agglutinée - l’équipe légèrement pintée mais pas assez.

Elle revient sur ses pas, guillerette, après avoir refait le plein de jaja.

J’ai négo trente minutes d’happy hour supplémentaires, rien que pour notre gueule.

Elle trinque, s’enfile une goulée et sourit.

C’est grâce à mon chemisier.

Ses pieds ornés de talons aiguilles à faire frémir Almodovar, son cul de brésilienne bien calé dans un jean’s bien coupé, un chemisier blanc dessine un V autour de son cou. Quelques boutons ouverts. Mais pas trop. Mais un peu quand même.

À cause des boutons pression. Tous les mecs ont une furieuse envie de les arracher. J’vais faire tourner l’info.

L’histoire des boutons pression risque effectivement d’intéresser du monde…

Elle sort sur la terrasse de ce bar prout prout de la rue Montmartre. Lieu choisi cette semaine pour l’apéro hebdo mis en place depuis le début de la campagne parisienne. Elle balance l’info à un premier loulou. Premier cri de joie. Le buzz circule rapidement. Et l’onde de choc avec. Genre traînée de poudre. Cris, gloussements et autres borborygmes d’assoiffés se propagent à la vitesse du son.

Un dernier soubresaut. L’info a fait le tour. Une partie de la troupe disséminée dehors gigote, va titiller les cancers de la gorge et revient, des munitions plein les mains.

La vie reprend son cours. Et ce soir, toute la petite famille qui suit le cours de la vie se renifle gentiment le derrière. Chacun essaye d’en trouver un à son goût.

Ce sont des choses qui arrivent. Des mains qui s’égarent sur des chutes de rein, et qui parfois s’éternisent. Des messieurs trop sérieux collés à des opineuses du chef. Des mains pressées sur des hanches fébriles. Des conversations téléphoniques éclair à l’écart de la bande. Des doigts taquins qui chatouillent des côtes sensibles, des victimes qui se tortillent comme des serpents sur le sable. Des bras cassés qui se servent de l’autre main et s’en sortent bien. Des blondinets qui se font titiller par des petites brunes. Des confessions chuchotées dans des creux d’oreilles attentives. De la tension accumulée, écrabouillée à coups de pinte. De la fatigue, giflée à la mousse.

La vie suit son cours. 

Les demie-heures défilent. Au terme de chacune d’elles, Choupette repart à la charge. Happy négo. Ça marche, ça marche, ça marche, ça plante.

Plein tarif. Z’êtes des éponges. Va m’coûter d’l’argent vot’ happy hour si j’la maintiens.

Ce n’est plus un larynx, c’est une calculatrice qui cause. Mais faut comprendre le bonhomme. Vu le tarif du bail d’un endroit pareil dans un quartier pareil, les actes de foi éthyliques ne sont sans doute pas sa came.

Une poignée réduit les doses mais biberonne toujours. D’aucuns vont en quête de glucides, lipides et protides. D’autres s’enfuient discrètement. Certains, enfin, s’en vont user leurs semelles, là où on les accueille, jusqu’au petit matin.

La foule s’effiloche lentement.

Dans la matinée, les premières gueules se pointent au compte goutte. Langues qui pendent, regards vitreux, guiboles tremblotantes. Soda pétillant et eau gazeuse sur toutes les tables.

Les essorés déshydratés s’installent, démarrent les bécanes et décrochent les combinés. Rameuter du monde pour les projets du week-end.

Dézinguer des terrains, peindre des murs, nettoyer des parcs, monter un enclos pour chevaux… motiver des bras souvent fragiles pour transpirer.

Plus que trois semaines avant la fin de l’opération. Et l’effondrement général.


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Fabrice 1390 partages Voir son profil
Voir son blog