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L’horoscope panoramique de l’homme vierge

Publié le 18 septembre 2010 par Nicolas Esse @nicolasesse

L’horoscope panoramique de l’homme vierge

De l’insatisfaction nait l’ulcère à l’estomac.
Soucieux de la qualité des sucs gastriques qui parcourent vos intérieurs, je sacrifie mes heures de sommeil pour repartir sur le chemin que les étoiles tracent pour les hommes vierges. Cette fois-ci, pas de quartier. Ceci est un horoscope divisé en quatre rubriques carrées et tendues de rigueur spartiate : Santé, Travail, Argent et Amour. Avec des majuscules pour bien montrer où se trouve le début du mot.

SANTÉ
L’homme vierge est en bonne santé mais faut pas pousser. S’il sort de chez lui torse nu en hiver, alors, l’homme vierge attrapera une bonne broncho-pneumonie. Il sera allongé sur un lit d’hôpital. Il souffrira en implorant le ciel.
Conseil : en hiver, ne pas sortir le torse nu. Mettre une veste. Ajouter une écharpe pour les grands froids.

TRAVAIL
L’homme vierge travaille. Parfois beaucoup. On me signale également des cas d’hommes vierges qui travaillent peu ou pas du tout. Croyez bien que je le déplore. Le travail est une invention qui vient de loin et qui permet à l’homme moderne de courir vers l’imprimante pendant que la mort gourmande l’attend dans ses cuissardes vernies.
Conseil : n’oubliez pas de remettre du papier dans l’imprimante.

ARGENT
L’homme vierge mange son pain à la sueur de son front. Lorsqu’il découvre le pain aux raisins, il se dit que sans sueur et avec un peu de vanille, le pain est beaucoup plus bon.
Conseil : Enfournez, enfournez d’avantage, pour que la vanille se mélange aux raisins.

AMOUR
Un sujet délicat mais il faut aujourd’hui laisser enfin la vérité éclater au grand jour : il arrive que l’homme vierge éprouve une bouffée de chaleur.
Son pouls s’accélère. Il a des vapeurs. Ces changements physiologiques visibles à l’œil nu sont les manifestations du trouble que l’homme vierge éprouve à la vue de l’être aimé. Il a des frissons. Il regarde le sol. L’homme vierge s’avance alors vers l’objet de ses transports et l’aborde en lui demandant si elle / il habite chez ses parents. Ensuite, le couple nouveau procède à un échange de fluides corporels, l’extase n’est pas bien loin, oui, oh oui, prends-moi tout(e). Brigand. La nuit recouvre les amants épuisés d’une ombre aussi noire que les cuissardes vernies de la mort. L’aube bleue vient caresser leurs visages. Il dit alors heureuse ? Elle / il dit que oui. Alors, ils se lèvent, s’habillent et s’en vont remettre du papier dans les imprimantes. Le soir, ils se retrouvent. Ils achètent un frigidaire, un monospace et une voiture d’enfants. Ainsi motorisés, ils procréent en toute hâte.
(Pour la clarté du récit, nous abandonnons ici la voie du couple monosexuel. Non. Je n’ai rien contre le couple monosexuel. C’est juste que cette alternance elle / il alourdit le récit. Et il faudrait approfondir la question de la procréation, envisager ses aspects plus sophistiqués. Il existe à ce sujet une littérature luxuriante que je vous laisse consulter.)
Ils vont à la mer et aux sports d’hiver. L’homme vierge remplit les imprimantes par pleines lessiveuses. Son épouse aussi. Ils ont une résidence secondaire et c’est un rayon laser qui tond la pelouse. Ensuite les enfants s’en vont à leur tour, mettre du papier dans les imprimantes. Le soir tombe. L’homme vierge s’assied sur un banc. Il sort de sa poche une blague à tabac gris et une pipe culottée jusqu’à l’os.
Il regarde le soir tomber et se tourne vers son épouse. Il lui dit femme, les enfants sont partis et le soleil se couche dans tes yeux gris, on dirait la mer qui se reflète sur les falaises blanches de Douvres. Avant de partir, il est temps de penser à nous.
Elle pose son regard sur son homme vierge que le crépuscule embrase. Elle dit oh oui. Pensons à nous. Achetons une imprimante.



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