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Quand Télérama court derrière Marianne !

Publié le 19 septembre 2010 par Nicolas007bis

Mary et Line

Quelle n’a pas été ma surprise de voir la couverture du dernier numéro de Télérama.

J’ai d’abord cru que je m’étais trompé, que j’avais en main un exemplaire de Marianne, mais non, pas de doute possible, s’est bien Télérama qui fait l’intégralité de sa couverture sur …« LE COUPLE qui fait trembler L’ELYSEE» !!!...rien de moins !

Le couple en question, nous dit cette même couverture, ce sont Monique et Michel Pinçon, sociologues de leur état.

A ce stade, on est tenté de se dire que si Télérama, journal sérieux et culturel (pléonasme)s’il en est, consacre sa couverture avec un titre aussi catégorique, à ces 2 personnages, 2 scientifiques de surcroit, c’est qu’il doit avoir de bonnes, sinon de très bonnes raisons pour cela !..en clair c’est que derrière il doit y avoir du lourd, du très lourd !

A ce stade là on se dit « ah, enfin, voilà des scientifiques qui grâce à une argumentation de scientifiques, c'est-à-dire solide, circonstanciée, argumentée, cohérente, objective et irréfutable, va précipiter la chute de la maison Sarkozy déjà fort mal en point ! »

Voilà des gens qui comme Pierre Cahuc et André Zylberberg dans l’excellent « Les réformes ratées du Président Sarkozy » (Editions Flammarion) vont nous donner les clés pour juger les méfaits actions de notre président.

Du coup, j’ai fais ce que toute personne un tant soit peu curieuse aurait fait à ma place, je me suis précipité sur l’entretien donné par Monsieur et madame Pinçon à Télérama (pages 18 à 22).

Là, j’y apprends que ces sociologues, anciens directeurs de recherche au CNRS ont récemment publié leur 16ème livre en commun intitulé « Le Président des riches ».

Il faut dire que ces 2 sociologues se sont spécialisés sur l’étude de « l’organisation et des meurs de la grande bourgeoisie française » autrement appelés pour plus de facilité : les riches !

Je l’annonce d’entrée, je n’ai pas lu leur bouquin et ce n’est pas la lecture de cet entretien qui va m’y inciter, au contraire !

A travers leurs propos, il apparaît que sous une étiquette de scientifiques reconnus, Monsieur et madame Pinçon, sont en fait des idéologues qui à travers leur dernier ouvrage, n’ont fait que de la petite politique !

Ils sont manifestement tombés dans un travers malheureusement fréquent, ils sont sortis de leur strict domaine de compétence, sans pour autant l’annoncer clairement, pour aller se fourvoyer sans les moyens méthodologiques et les bases scientifiques suffisantes pour le faire, à défendre une thèse idéologique !

Le début de l’entretien porte sur leurs travaux de sociologues sur le milieu des riches sinon des très riches. Ces travaux sont certainement intéressants même si, à les lire, ce qu’ils nous disent sur le fonctionnement de « l’aristocratie de l’argent » (réseaux, cooptation, défense de leurs intérêts …) on s’en doutait un peu, mais ils auraient du s’en tenir là !

Le doute commence à s’insinuer dans les esprits bien faits lorsqu’ils nous disent tout crument qu’il faudrait décorer le majordome de Bettencourt, celui qui a enregistré les conversations de sa patronne avec de Maistre, sous prétexte qu’il a fait « œuvre utile » en révélant les pratiques de cet univers social » !!!!.

Décorer quelqu’un qui met sur la place publique des conversations privées !!!

Lorsqu'on évoque l’idée de dénonciation, même du pire des truands, les bonnes âmes poussent des cris d’orfraie et renvoie tout de suite à la déportation des Juifs !...mais le majordome de Bettencourt qui a non seulement dénoncé sa patronne à la Police mais a trahis sa confiance, lui, il faudrait le décorer !!!...drôle de mentalité !

Le doute s’intensifie lorsque, probablement pour préparer leur charge anti-Sarko, ils énoncent comme un reproche le fait que la mobilité entre public et privé se soit intensifiée. Ils donnent comme exemple, Proglio ex PDG de VEOLIA (entreprise privée) qui a été nommé à la tête d’EDF (entreprise publique) !

Comme si il était anormal que le PDG d’une entreprise publique comme EDF, compte tenu de son activité et du fait qu’elle évolue dans un monde de plus en plus concurrentiel, soit recruté dans le privé plutôt que dans la haute administration (par contre il était anormal qu’il ait les 2 casquettes)!

On a pourtant vu ce que ça a donné avec le Crédit Lyonnais !!!!

Les doutes s’estompent définitivement lorsqu’ils partent dans une charge anti-Sarko avec en point d’orgue cette affirmation pour le moins péremptoire « Nicolas Sarkozy est clairement le Président des riches » !

A la limite, pourquoi pas, mais on s’attend à ce que ces scientifiques nous justifient en quoi «Nicolas Sarkozy est clairement le Président des riches » !

Alors on lit, avec une impatience difficile à dissimuler, la suite de l’article et notamment les réponses à la question posée par Télérama : « Quels exemples pouvez-vous donner de cette politique ?»

Et là, le moins que l’on puisse dire c’est qu’on est franchement déçus !

Monsieur et madame Pinçon nous ressortent le bouclier fiscal en nous annonçant, comme une révélation, qu’il concerne essentiellement les riches !

Pas franchement un scoop, rappelons que le bouclier fiscal a été institué par Villepin et non par Sarko pour « compenser » les effets pervers de l’ISF !
Or, pour ceux qui l’ignoreraient, ISF signifie « Impôt de solidarité sur la fortune » !
De plus, ils nous disent « le problème c’est que, pour l’essentiel, les revenus des plus riches ne proviennent pas de leur travail mais de leurs placements et qu’une bonne partie de ces sommes est escamotée grâce aux niches fiscales… » !

Mais, qu’est ce que cela signifie « escamotée » ?

Rappelons à ces « scientifiques » que les niches fiscales n’ont pas été inventées par Sarkozy et qu’elles ont, à tort ou à raison, une justification d’intérêt général !

C’est au législateur d’arbitrer entre une entrée d’argent par l’impôt et un financement direct par les contribuables des Dom TOM, des associations d’utilité publique, des PME etc.

Pourquoi devrait-on reprocher aux « riches » d’en profiter ?

Ils illustrent également leur propos en évoquant, comme mesure destinée aux « riches », la défiscalisation des droits de succession instituée par la Loi TEPA !

Mais rappelons à ces « scientifiques » que la loi TEPA a instauré une exonération des droits de succession à hauteur de 150.000 euros et qu’en conséquence, elle concerne en priorité les classes moyennes !

Ils évoquent également l’aide apporté par l’Etat aux banques pendant la crise. Pourtant tout le monde s’accorde à dire qu’elle était nécessaire et de plus elle a rapporté de l’argent à l’Etat !

Autre fait révélateur, en fin d’entretien ils racontent leur diner avec un grand banquier qui, à la question « quel était le ministre des Finances que vous avez préféré » leur répond, à leur immense surprise, Pierre Bérégovoy ! Tout simplement parce que Pierre Bérégovoy est celui qui à « dérégulé les marchés ».

Ce qu’ils traduisent aussitôt par un très simpliste et malhonnête, celui qui «à permis à la finance d’assoir son pouvoir sur l’économie et de transformer la bourse en casino » !

Plus étonnant, à les lire, cette réponse a faillis les faire tomber de leur chaise !

Cette anecdote est tout à fait symptomatique de leur ignorance de l’histoire économique et politique récente de notre pays. Lorsqu’on se targue, en tant que scientifique, de traiter de politique économique, ne pas savoir que les Socialistes avec Bérégovoy à la tête du ministère de l’économie et des Finances ont modernisés le système bancaire et financier français, est plutôt inquiétant !

Ce qui est gênant dans cette histoire, c’est que, sous couvert d’étude scientifique puisqu’ils se présentent comme des sociologues, les Pinçons ont manifestement écrit un bouquin à charge qui s’appuie sur une argumentation de café du commerce.

En donnant autant d’importance à ce livre polémique, Télérama cherche probablement à racheter le fond de commerce de Marianne. Il franchit là un palier dans le petit jeu de la surenchère anti Sarkozy auquel s’adonnent de plus en plus de médias français sans doute libérés par les sondages catastrophiques et par le succès de quelques précurseurs comme Marianne ou Médiapart.

Que les médias jouent leur rôle de 4ème pouvoir, c’est indispensable, mais l’exercer de cette manière, sans nuance et sans trop d’intelligence, en essayant de coller à l’air du temps politique, ne peut-être que contreproductif et donnerait presque envie de voter Sarko en 2012….euh….presque !


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