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Dans la nuit brune

Par Fibula
Dans la nuit bruneDans la nuit brune, Agnès Desarthe, Éditions de l'Olivier, 2010
La biche brame au clair de lune
Et pleure à se fendre les yeux
Son petit faon délicieux
A disparu dans la nuit brune
(p.135)
Disparition.
Un jeune homme, Armand, se tue à moto. C'est l'amoureux de Marina, la fille de Jérôme, agent immobilier d'une cinquantaine d'années, divorcé, un peu perdu, et qui se questionne sur son passé. Qui sont ses parents ? Que s'est-il passé dans la forêt avant ses 3 ans ? Pourquoi ne se souvient-il pas ?
Mais pour le moment, il faut que Jérôme soit là auprès de sa fille qui est effondrée après la mort de son premier grand amour. Mais Jérôme est totalement démuni face à ce chagrin, lui qui ne sait pas comment exprimer ses propres émotions...
Un inspecteur, Alexandre Cousinet, entrera dans sa vie pour l'aider à résoudre quelques énigmes. Il enquête sur la disparition d'une autre jeune fille, Clémentine. Il y a aussi Rosy, la meilleure amie de Marina, qui par son caractère volontaire, apportera quelques pincées de philosophie et aussi de mystère à Jérôme. Et puis Vilno, l'Écossaise, personnage peut-être un peu superflu, qui cependant, donnera un peu d'espoir à Jérôme.
Agnès Desarthe nous avait offert Mangez-moi en 2006, qui est son seul autre roman que j'ai lu et que j'avais adoré, d'ailleurs.
Dans son dernier roman, on reconnaît sa plume et ses thèmes favoris : les relations parents-enfants, la quête identitaire, le deuil.
Pas très jovial me direz-vous. Pas forcément nouveau non plus. Mais ces thèmes là ont de multiples déclinaisons. Dans la nuit brune nous offre la vision d'un homme qui, toute sa vie, a fermé les yeux, sur sa vie, sur ses émotions, sur ses failles, ses difficultés de communication. Jusqu'au jour où un drame abominable, la mort injuste d'un jeune homme de 18 ans, le bouleverse à un tel point qu'il devra tout réapprendre ou presque. Au fur et à mesure de sa réflexion, Jérôme parvient à revenir en arrière, sur ce passé mystérieux dans les bois, sur ce qui pourrait expliquer pourquoi aujourd'hui il se sent si seul et différent.
Ce personnage très touchant, parfois exaspérant par son incapacité à être, mélange le passé et le présent, le rêve et le réel pour comprendre sa vie qu'il a laissée passer sans s'en rendre compte.
Ce qui au départ était l'histoire d'un deuil d'une jeune fille et d'un père désœuvré (car il adorait le jeune amoureux de sa fille : «- C'était un très gentil garçon, dit Jérôme. Très attirant.
Paula ouvre de grands yeux, interloquée. Jérôme réfléchit un instant et poursuit.
- Oui, attirant. À cause de sa peau. Et puis il avait un sourire très large, très joyeux. Je ne l'ai pas vu beaucoup. Marina et lui étaient tout le temps dehors, mais à chaque fois qu'on s'est croisés, j'avais...comment te dire ça ? Tu vas te moquer de moi. J'avais comme une boule au cœur.» (p.28)), devient une quête identitaire axée sur Jérôme.
Jérôme qui essaie tant bien que mal de se sortir de la nuit brune et de se diriger vers la lumière...
Le site de l'auteure
En écrivant ceci, j'écoute Lætitia Sadier, The Trip (Drag City, 2010)

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