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La solitude des nombres premiers, de Paolo Giordano

Publié le 22 septembre 2010 par Vivons_curieux

La solitude des nombres premiers, de Paolo GiordanoAlice est anorexique. Depuis cet accident de ski, sa jambe gauche la fait boiter et c’est tout son être qui se déséquilibre. Mattia lui se mutile, rongé par la culpabilité parce qu’un jour d’hiver alors qu’ils étaient invités à un goûter d’anniversaire et parce qu’il ne supportait plus le regard des autres sur sa sœur jumelle handicapée, Mattia préféra laisser Michela seule à la table d’un parc et venir la rechercher quelques heures après. Jamais il ne la retrouvera.

De leur passé douloureux et cabossé, c’est au lycée qu’Alice et Mattia vont se rencontrer. Mattia plait à Alice. Elle le trouve si différent des autres mais tellement semblable à elle-même. Leur solitude, la peur du poids des conséquences comme elle le définit très bien et leur incapacité à s’adapter au monde hostile qui les entoure font d’Alice et Mattia une parfaite illustration de la théorie des nombres premiers, ceux qui ne sont divisibles que par un et par eux-mêmes. De l’enfance à l’âge adulte en passant par les affres de l’adolescence, on découvre au fur et à mesure le parcours de vie de ces deux âmes esseulées, perdues dans le labyrinthe de leur existence mais dont leur rencontre les marquera à jamais.

La solitude des nombres premiers est un livre d’une mélancolie juste, dépouillé de toute sensiblerie larmoyante et de modulations pathétiques. L’écriture de Paolo Giordano est à l’instar des émotions d’Alice et de Mattia, à la fois sèche, concise et froide, presque clinique et mathématique comme l’univers de nos deux protagonistes.

Prix Strega en 2008 (l’équivalent en Italie de notre Prix Goncourt), le premier roman de Paolo Giordano mérite amplement sa récompense. Il pose des questions essentielles sur la différence, le regard porté à autrui, la difficulté de s’intégrer dans une société et de vivre avec les autres, comme les autres.  S’il fallait ne garder qu’un extrait de la difficulté à définir le mal-être d’Alice : « Explique-moi ce que c’est. Il n’y avait rien à expliquer. Il n’y avait pas de motif, ou il n’y en avait pas qu’un. Il n’y avait pas de début. C’était elle, un point c’est tout ».


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