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Balades irlandaises : le rêve des lettres

Publié le 22 septembre 2010 par Rendez-Vous Du Patrimoine
Balades irlandaises : le rêve des lettres
Assurément, l'Irlande et les lettres sont  associées depuis toujours, au point qu'au sens littéraire, on ne saurait commencer un billet sur "les lettres" sans citer Swift, Oscar Wilde, Joyce, Beckett et tant d'autres. La conservation des écrits se concentre aussi dans certains lieux magiques comme à Trinity College (Dublin) où plus de 200 000 ouvrages présentés dans la Grande Galerie  sont veillés jour et nuit par les bustes en face à face des grands anciens (Homère, Socrate, Platon, Aristote...) et des grands anglo-saxons (Shakespeare, Bacon,Milton, Newton...).Mais au sens littéral du mot, les lettres sont d'abord ces pleins et déliés, ces courbes enluminées, ces traits de plume qui ont dessiné des mots sur les plus anciens parchemins.Le livre de Kells, si connu qu'il a inspiré un joli dessin animé, est le joyau de ces archives monastiques carolingiennes.
Aujourd'hui conservé au Trinity College et précédé d'une excellente exposition introductive, ce manuscrit des quatre Evangiles repose dans une vitrine à la lumière tamisée, comme une pépite au milieu d'un coffre-fort.
Les foules s'inclinent au dessus, murmurent quelques mots comme on prononce une prière, à voix basse, et repartent à pas lents  avec un mélange  de respect, d'émerveillement, d'admiration pour le travail réalisé mais aussi de déception avouée : on ne peut donc rien déchiffrer !C'est qu'entre langue latine, texte sacré et formes complexes, le texte se dérobe aux contemporains.Ce jour là, puisque les pages sont tournées tous les quatre mois, il s'agissait de l'Evangile de Luc (4-1) sur la tentation de Jésus et par ailleurs du texte de Jean (7-31/44)  où Jésus dit justement : "Vous me chercherez et vous ne me trouverez pas car là où je suis, vous ne pouvez venir" (34). Etrange coïncidence. Le sens des lettres a fui, leurs dessins se perdent dans la page. On ne peut venir à la connaissance. Privation posée comme un fait à accepter.La simple perception de la beauté, privée du contenu des oeuvres, rapproche ainsi ces lettres peintes des dessins gravés beaucoup plus anciens que les hommes préhistoriques ont laissés à Newgrange ou ailleurs. On admire, on ne comprend pas toujours mais on repart avec l'émotion d'un mystère qui persiste à travers le temps : l'expression du sacré a transformé les hommes en artistes et ceux-ci nous font toujours rêver.  Même si l'on reste sur le seuil, la recherche et la vision du livre ouvert apporte satisfaction et plénitude.Merci pour votre lecture ! Thank you for reading !

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