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#26 - Surhumain

Par L3ctro

26 - Surhumain Vendredi 14 novembre 2008 – 19h42
Lyon, France

   James finissait tranquillement sa semaine chez lui, avant de reprendre le lycée lundi matin. Il se sentait en pleine forme, malgré parfois quelques vertiges. Ayant eu le malheur de le signaler à sa mère en début d’après-midi, elle l’envoya à l’hôpital passer quelques examens. Après l’avoir examiné, Sarah avait dit que ces symptômes étaient normaux, compte tenu des rudes changements qu’il avait subi, et qu’il se sentirait mieux dans les prochains jours.

Tranquillement, il lisait dans sa chambre, sa mère étant partie faire des courses. Elle avait eu du mal à partir, et ne s’en alla qu’à condition que James garde son téléphone dans la chambre et que sa mère l’appelle tous les quarts d’heure.

La nuit était tombée. La télé et la lumière du salon étaient allumées, faisant un bruit de fond. Dans sa chambre, une lampe de chevet lui permettait plus clairement de se plonger dans L’homme invisible. Les lumières tamisées combinées au papier peint jaune orangé lui rendaient une sensation de chaleur, alors que dehors la température devait se situer aux alentours des trois degrés. Il se sentait bien.

Sur le mur, un grand poster représentant un martien fixait James, alors qu’il était étendu. James, en pull, se sentait confortablement installé sur le matelas et regarda par la fenêtre. Un lampadaire dégageant une lumière blanchâtre éclairait la rue alors qu’un chien aboyait dans la maison en face, après un passant semblant avoir froid.

Se sentant l’estomac vide, il se leva pour aller chercher quelque chose à grignoter en attendant que sa mère revienne. Il prit un bout de papier afin de marquer le chapitre XV, où l’homme invisible allait rendre visite au docteur Kemp. Il le posa sur le sol, puis se dirigea vers la cuisine. Dans le placard, il prit une poche de chips, qu’il éventra, tout en entendant le générique de Monk, à la télévision.

Alors qu’il plongeait ses doigts dans l’ouverture à la recherche d’un morceau de pomme de terre, il entendit un bruit étrange, comme une résonnance. Le bruit était très faible, mais aussi très aigu. Il se retourna, toujours la main dans le paquet de chips, et se finit par se dire que ses oreilles lui jouaient un tour, que c’était un son provoqué par la télévision allumée ou que c’était simplement une crise d’acouphène. Seulement, le bruit ne partit pas, et ne semblait pas provenir de la télévision. Portant la main qui était dans la poche de chips à son oreille, il appuya sur le pavillon afin d’enlever ce bruit gênant. Malheureusement, rien ne se produisit.

Le phénomène vint même à croître ; plus dans son oreille droite que dans la gauche. Ce bruit fut accompagné d’une légère douleur contre son lobe frontal. Il se mit à tourner sur lui-même afin de localiser le son, mais le volume du bruit augmenta, et augmenta encore, et finalement il semblait venir de nulle part et de partout. Le son montait, puis diminuait, et à chaque pic il était pris de vertiges. Avant qu’il n’ait pu se diriger vers la salle de bain afin d’aller chercher un coton-tige, il se sentit pris d’un violent mal de crâne. Les vertiges devinrent de plus en plus violents, à tel point qu’il lâcha la poche de chips sur le sol et mit ses mains sur sa tête. Ses tympans commençaient à lui faire mal. Il poussa un grognement assez fort, au moment où l’ampoule de la cuisine commençait à clignoter. Tout d’abord, elle s’éteignit et se ralluma presque aussitôt, puis elle commença à hésiter entre les deux positions. James poussa un second grognement, et se mit à genoux, sur les chips qui craquelèrent. Le résonnement du craquement, combiné au bruit de la télévision, lui donnèrent envie de vomir. La lumière de la cuisine clignota de plus en plus brusquement, et l’image de la télévision se brouilla. Tous ses sens étaient atteints. Il sentait de légers picotements sur sa peau, ainsi que dans sa tête. A partir de ce moment-là, il ne vit plus rien de ce qui l’entourait, fronçant les yeux. Il n’entendit rien non plus.

Il entendit un bruit. Un bruit indescriptible, tellement il résonnait dans sa tête. Peu à peu, il devint de plus en plus clair. C’était la sonnerie de son téléphone portable.

Il ouvrit les yeux, et tout s’arrêta. Plus de douleur, plus de bruit. C’était sombre. Il ne vit ce qui l’entourait que grâce au lampadaire situé dans la rue, dont la lumière blafarde passait à travers la vitre de la cuisine. Plus rien ne sembler fonctionner dans la maison : le four n’indiquait pas l’heure, la télévision ne fonctionnait pas et aucune lumière n’était allumée.

Lorsqu’il regarda au-dessus de lui, il vit que l’ampoule de la cuisine avait littéralement explosé. Autour de lui s’étendait un vaste mélange de bouts de verre et de chips.

Se souvenant du téléphone, il décrocha.

-   Allô ?

-   Oui, chéri, c’est moi… Ça va ? Tu as mis du temps avant de décrocher… répondit sa mère.

-   Je… J’étais au petit coin, désolé, improvisa-t-il.

   Il n’avait pas envie de retourner une fois de plus à l’hôpital, alors c’est tout ce qu’il trouva à dire.

-   Bien. Tout va bien ?

-   Oui…

-   Bien. J’arrive dans cinq minutes.

-   Très bien. A tout de suite.

Il raccrocha et paniqua. Il se releva en faisant attention aux bouts de verre, puis alla voir le compteur situé dans le garage, tout en déblayant son pantalon des éclats de chips.

Il marcha en titubant, reprenant peu à peu ses esprits. Il remit le compteur en marche, puis entendit un tas de machines se remettre en route dans la maison.

Revenant dans la cuisine, il balaya le sol, tout en réfléchissant à ce qui venait de se passer, puis retourna couper l’électricité afin de changer l’ampoule. Tout semblait parfait.

Sauf une chose. Un bibelot, une sorte de vase en verre blanc, était, depuis très longtemps, posé sur le rebord du plan de travail. L’agitation avait du le faire chanceler, il avait éclaté en mille morceaux. Cogitant, il finit par trouver une explication à donner à sa mère.

Il alla finalement s’assoir sur le canapé, sans regarder le programme mais en pensant à ce qui venait de se produire.

Sa mère arriva.

-   Je suis là ! Tu m’aides à décharger la…

Elle marqua un temps d’arrêt en voyant le vase cassé.

-   Mais… Qu’est-ce qui s’est passé ? reprit-elle.

   La phrase qu’il lança ensuite avait été mûrement répétée et arrangée durant les dernières minutes :

-   Je suis allé me chercher des chips, lança James, et une est tombée dans le vase. J’ai voulu le retourner, mais je ne connais pas encore ma force…

-   Ne me mens pas !

-   Pourquoi je mentirai ?

-   Je… J’espère pour toi… Bon. Viens m’aider à porter les sacs.


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