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Elizabeth : l'âge d'or

Par Rob Gordon
On a parfaitement le droit d'aimer un film pour de mauvaises raisons. Pas sûr que Shekhar Kapur ait réalisé Elizabeth : l'âge d'or dans ce but, mais son film est un délicieux cours de vulgarisation historique, ornementé de 1001 breloques et kitscheries en tous genres. Et c'est merveilleux. Voilà un film à ne surtout pas conseiller aux amoureux de l'Histoire, la vraie, la sublime, avec ses cargaisons de dates, de faits, de détails importants. Le film de Kapur touchera surtout ceux qui ont toujours eu du mal à avoir la moyenne en histoire-géo et qui souhaitent un cours intensif pour mieux connaître l'Angleterre du XVIème siècle. Peu adepte de la nuance, il force le trait afin que l'on reconnaisse d'emblée les espagnols, les russes, les anglais. Ça semblerait presque fin face à la façon dont il traitait les français dans Elizabeth il y a dix ans de cela (Vincent Cassel en grand folle, et Eric Cantona en début de reconversion, c'était quelque chose).
Ce cours d'histoire express séduit par la démesure dont il fait preuve. Les acteurs jouent de façon théâtrale, mais le font plutôt bien ; les décors, les monologues, les costumes, tout est absolument excessif, et c'est formidable. Cate Blanchett a parfaitement compris le principe et surjoue juste comme il faut une Elizabeth aux deux visages : la monarque sans coeur uniquement préoccupée par le destin de son Angleterre chérie, et la femme fragile, tombée subitement amoureuse d'un aventurier qui passait par là. Celui-ci est interprété par Clive Owen, qui se régale dans le rôle du beau gosse, multipliant oeillades et courbettes en étant parfaitement consciet de son sex-appeal. À la fin, le voir gagner une bataille maritime contre les espagnols à lui tout seul est proprement joussif : on est a priori dans un film historique, mais Owen noue la joue Jack Sparrow.
Alors oui, c'est certain, si Kapur voulait faire du Chéreau ou du Kubrick, c'est extrêmement raté ; en revanche, à condition d'y aller décontracté et sans autre exigence que d'absorber de la culture de masse et d'en prendre plein les yeux pendant quasiment deux heures, Elizabeth : l'âge d'or est un spectacle faramineux.
8/10

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