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Manif ?

Publié le 23 septembre 2010 par Saint Pingouin

Que pourrais-je vous raconter en cette journée syndicale ?

Que je suis aux 35 heures, mais que je les ai faites en 3 jours mes 35 heures ?

Que je me suis décrétée en week-end à partir de midi, puisqu'avec les 5 heures de ce matin, ça fait 40 et que donc j'ai fini ma semaine ?

Qu'on va sûrement m'appeler pour le boulot, et que j'irai faire ce qu'on attend de moi, sans rechigner, sans toucher un centime de plus ?

Aujourd'hui, grève, rien que pour emmerder le monde. Parce que franchement, ceux qui ont du boulot, ils n'ont pas le temps de faire grève. Ceux qui ne veulent pas mettre en péril leur entreprise en loupant une grosse affaire pour quelques heures de manifs... Ceux qui n'en ont rien à foutre de la réforme des retraites. Genre moi.

Oui je m'en branle de la retraite à 60 ans. De toute façon je suis une femme. J'ai bac +5 et je gagne moins qu'un ouvrier. Et je toucherai une retraite de merde dans tous les cas.

Et puis c'est évident : de toute façon, je vais sûrement crever avant mes 60 ans. Alors la retraite... ben oui. Avec toutes les saloperies que je respire, j'ai pas de doutes sur mon avenir. Et tous les cons que je supporte à longueur de journée, cela n'entre pas dans le cadre de la pénibilité du travail. Se faire insulter par des représentants syndicaux en réunion chez le client juste parce qu'ils ne supportent pas mon patron, ça donne pas envie de les rejoindre dans un cortège de manif pour les retraites.

Et puis si on réfléchit : à quoi bon la retraite, ça sert à quoi de vivre ? De toute façon on crève tous, d'une manière ou d'une autre, et après il n'y a rien. Enfin si, les vers de terre qui bouffent votre cadavre, mais à part ça...

Vous allez me dire, fonder une famille, voir les gamins grandir, les petit-enfants tout ça tout ça... oh mais réveillez vous bordel ! Les petits-enfants sont gentils parce qu'ils attendent que tu crèves papi ! Pour avoir leur part d'héritage ! Et quand tu seras crevé, aussitôt ils t'auront oublié. Ces valeurs d'un autre temps doivent être oubliées.

Un matin d'été, alors que le manchot et moi prenions le petit-déjeuner sur le balcon, nous observions les voisins se livrer à leur rituel immuable du "je ratisse le sol avec le tracteur" et "je m'entraîne avec mon canasson", j'expliquai au manchot ignorant que si les gens avaient des occupations pareilles, c'était pour éviter de penser qu'ils allaient mourir. Le manchot fut étonné de mes propos aussi en rajoutai-je une couche, lui demandant si le soir en s'endormant, il était sûr de se réveiller le lendemain. Il m'avoua n'avoir jamais pensé à des choses pareilles, et me fit remarquer que j'avais de sérieux problèmes psychologiques.

C'est là que j'eus l'illumination : ah non, en fait ce fut un rayon de soleil en pleine gueule. Ce con avait réussi à percer entre deux feuilles d'arbre... la campagne, c'est traître.

Bref, la vie, c'est comme la réforme des retraites, c'est courru d'avance. Alors pas la peine de se battre, ça rajoute de la fatigue inutile. Après, chacun pense comme il veut, je n'oblige personne.


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