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Histoire de la Nuit, XVIIe-XVIIIe siècle d'Alain Cabantous

Publié le 21 février 2010 par Kiwibleu By Patricia Ramahandry

Elle est un instant noirci, opaque, inquiétant. La nuit fourmille. Eveille toutes nos craintes comme toutes nos voluptés. Elle est un instant noirci, gonflé à l'imaginaire, accaparé par nos rêves, par nos fantasmes...
Mais à qui donc appartient-elle ? me direz-vous. C'est le monde de la flamme vacillante,du frisson, de la tentation...
Et Buffon de dire : C'est de là que viennent la frayeur et l'espèce de crainte intérieure que l'obscurité de la nuit fait sentir à presque tous les hommes.
Et Rousseau d'acquiesçer : s'il entend du bruit, il songe aux voleurs, s'il n'entend rien, il devine des fantômes...

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Qui êtes-vous Alain Cabantous ?

Professeur d’histoire moderne à l’université de Paris I-Panthéon-Sorbonne, c'est un spécialiste de la mer, des rivages, du littoral, un des meilleurs connaisseurs européens des mentalités à l'époque moderne, du rapport entre les sociétés et les cultures occidentales des XVII et XVIIIe siècles (de la Renaissance à la Révolution). Bibliographie.

La nuit dérègle nos sens...

couv.jpg Etudier les mythologies urbaines mène sûrement un jour sur les chemins de la nuit. Ce fut le cas d'Alain Cabantous.
Il nous rappelle que la nuit est un peu plus que l’extension du jour, que c'est un temps où les conduites sociales changent, où les frontières entre public et privé s’estompent, où les peurs s’installent et les frissons séduisent.

Ce que l’on croyait tenir pour le temps du repos paisible et du sommeil nécessaire se révèle recouvrir et favoriser des pratiques sociales, tant à la ville qu’à la campagne, qui, souvent différentes, sont partout dangereuses en ne correspondant pas aux normes tracées de plus en plus vigoureusement dans les pays de l’Occident européen.


La nuit... reposante ou menaçante, et surtout multiple. Différente sous un ciel urbain ou rural, anglais ou français, la nuit nous bouleversait. Nous déréglait.

Une torche dans les gouffres de nos mentalités

De nos jours, en Occident, la nuit est endiguée, bornée, réduite, on la fait blanche. Elle est adoptée, mais défigurée. Les États, les villes, les communautés n'ont eu de cesse d'en chasser la turpitude et les succubes.
Désormais toujours éclairées, dans nos villes occidentales, et nos zones rurbaines, , nous avons perdu beaucoup de l'importance du nocturne, de ses failles et de ses possibles.
L'auteur de L’Histoire du blasphème en Occident (Fayard, 1998) promène avec rigueur et sensibilité une torche dans les gouffres de nos mentalités passées. Et par l’ampleur de ses références (littéraires, théologiques, judiciaires) et des pistes nouvelles qu’il fait surgir, suprême paradoxe, il retient la nuit, il la met en lumière.
L'Histoire de la Nuit, XVIIe-XVIIIe siècle d'Alain Cabantous est un bel ouvrage très dense, érudit mais simple. Véritablement passionnant.


Pour les accros de la nuit...

Simone Delattre avait déjà, il y a quelques années, entrepris de s'intéresser à la nuit, dans Les Douze Heures noires. La nuit à Paris au XIXe siècle (Albin Michel, 2000).
Elle nous révélait Paris par le biais de ses nuits. C'était riche, étonnant d'audaces, mémorable.



Bonne nuit...


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