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Le Bruit des Glaçons

Publié le 24 septembre 2010 par Mg

Bertrand Blier, auteur reconnu et adoré pour plusieurs films majeurs (oui, oui) dans les années 70, a su conservé un joli rythme de croisière, et n’a jamais arrêté de sortir des films à intervalles réguliers. Depuis Combien Tu M’Aimes en 2005, il n’avait cependant pas donné de nouvelles, et le voir revenir avec dans ses valises Jean Dujardin et Albert Dupontel relevait de la logique pure et du plaisir certain. Bref, on l’attendait sévère.

Et puis Blier, il faut faire attention. Le ton caustique et acerbe, la douce critique enrobée dans un cadre contemporain, en n’hésitant pas à balancer ses comédiens dans un grand n’importe quoi, c’est fini. Dorénavant il préfère le doux parisianisme au quotidien, en effleurant ces bobos quadra se reposant sur eux-mêmes. Prenons ce Bruit des Glaçons, référence au seau à glace que se trimballe partout notre héros du jour, un auteur à succès cloitré dans sa maison de campagne (Dujardin, barbu). Voilà donc, isolé, un grand égoïste alcoolique, déterminé à sombrer dans l’indifférence générale, et l’oubli total. Une forme de disparition avant la date fatidique donc. Il faudra l’arrivée d’un cancer, personnifié par un Dupontel très sournoirs, pour réveiller quelques ardeurs, voir sentiments. Sans quitter son seau à glace.

Le cinéma de Blier a souvent été d’une forme particulière, et évidemment cela suscite l’intérêt. Pourtant, ce dernier exercice en date semble flirter avec une certaine forme de paresse, ou de théâtralité pesante. Une maison, quatre personnages, beaucoup plus de bouteilles… L’environnement est posé, et extrêmement réduit. Non pas que cela ne suffise pas à créer un film, mais un huis clos dans les collines du Sud de la France pour parler de vie et de mort, c’est un peu limité. Voir un semi-bourgeois dépressif pataugé dans son alcool au cœur de sa maison de campagne, un peu inutile. On se demande par moment si Blier n’a pas simplement filmé les répétitions pour sa prochaine pièce, ou simplement voulu faire un long sur une idée de court. Rallongé à outrance, et composé de quelques gimmicks assez directs (comédiens parlant en regardant le spectateur..), le Bruit des Glaçons a tout de l’exercice de style minimaliste, sans réellement approfondir le réel sujet. Préférant confronté le héros à son cancer (et idem pour sa servante), ajoutant des morceaux de sentiments amoureux un peu décousus, Blier nous fait son cinéma en mode découpé, sans réel lien pour tenir l’ensemble. Le final assez grotesque aurait pu être réussi s’il n’avait pas été aussi simplet, voir trop gentil.

Blier a encore quelque part une certaine magie, et le risque pris avec le Bruit des Glaçons ne marquera pas son dernier film. On avait largement préféré voir Campan tenté d’emballer Monica Belluci. On reste ici un peu refroidi par les errances de ces personnage dans leur villa avec piscine, dans une odeur d’alcool prononcée…


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