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Yvon Chateigner, l'homme qui ressuscite les icones musicales

Publié le 24 septembre 2010 par Veryfriendly
Yvon Chateigner, l'homme qui ressuscite les icones musicales VERY FRIENDLY : Bonjour Yvon, "la magie", ton nouveau single sortira le 18 octobre 2010, aux allures de bossa nova, m'a fait penser à du Nicolas Peyrac. Ma première question est comment est née cette chanson? Quel regard as-tu sur la nouvelle génération d'interprètes français et internationaux ?
YVON CHATEIGNER : La chanson est liée au disque précédent ("l'amore l'amore" en hommage au chanteur Luigi Tenco). Lorsque j'ai fais mes concerts, j'ai invité sur scène un auteur compositeur italien du nom de Giuseppe Cuccé. C'est lui qui m'a fait écouter ses compositions, et j'ai eu un coup de cœur pour ses titres. J'ai demandé à Pierre Faa, ce qu'il en pensait, il m'a donné son accord pour l'adapter en français. Pour la petite anecdote, le titre "la magie" n'était pas dans mon choix des titres de l’album. Ensuite, il y a eu un concours de circonstance, lorsqu’Arnold Turboust l'a écouté, il s'est trompé de titre et l'a mise par inadvertance dans l'album. Puis par la suite, lorsque nous avons travaillé Arnold et moi sur ce titre, nous nous sommes rendu compte que c'était la chanson phare du disque. Pour répondre à ta deuxième question, il y a plein de bonnes choses dans la nouvelle génération d'interprètes. Du reste, il y a toujours eu des bons auteurs/compositeurs, hélas, souvent on ne leur donne pas la chance d'être entendu. Ce qui se passe actuellement côté nouvelle scène musicale me plait assez. Il y a des gens talentueux qui ont mis la barre assez haute par rapport à la qualité de travail artistique.

VERYFRIENDLY : Les titres de ton album "la magie" sont-ils tous autobiographiques ?
Y.C. : Non, les chansons de mon album ne sont pas tous autobiographiques. Il y en a certaines oui, comme "étoile solitaire", "une aventure" ou "tourne le vent", on peut dire qu'elles me ressemblent toutes. D'une manière générale, le disque est hyper personnel, je m'investis tant au niveau texte qu'au niveau musique. Par contre, l'album italien "l'amore l'amore" est un album concept. Pour ce nouveau disque, j'ai tout supervisé de A à Z en collaboration avec des gens qui me connaissent bien. C'est pour ça que ce disque est assez proche de moi, de mon univers. Mon regret est que je n'ai pas fait la réalisation de l'album "l'amore l'amore", car ma voix sur cet album n'est pas aussi belle que sur celle de "la magie".

V.F. : Tu es interprète, producteur de grands artistes comme Cora Vaucaire, Annie Cordy (qui est actuellement à l'affiche de "laissez-moi sortir" de Jean-Marie Chevret, l'histoire d'une artiste qui n'est prête à prendre sa retraite), Jacqueline Boyer, Gloria Lasso, ou bien encore Zizi Jeanmaire. Qu'est-ce qui te fascine chez ces chanteuses que je pourrai nommer "Artistes de Music-hall", qui aujourd'hui se perd de plus en plus ?
Y.C. : Ce qui m'intéresse ce n'est pas l'âge des artistes, c'est plutôt de savoir si l'artiste a des choses à dire et si elle a toujours envie de chanter. Je te donne un exemple, la chanteuse Anny Gould que je produis. Cette dernière a toujours envie de chanter, ça se ressent à travers son enthousiasme. Tout comme Zizi Jeanmaire ou Gloria Lasso qui ont eu un destin incroyable. Ces dames ont rencontré les plus grands, elles ont travaillé avec des légendes du music-hall. Pour ma part, c'était très enrichissant de travailler avec ces artistes, de parler avec elles. J'ai appris énormément à leur côté et cela m'a servi pour la suite de ma carrière. Je peux également te donner l'exemple de la chanteuse Cora Vaucaire, avec qui j'ai eu une relation artistique enrichissante.

V.F. : Tu es de la génération 70's/80's où les artistes jouaient tous le jeu de la comédie, de la folie, et du déguisement dans les shows mémorables chez les Carpentier. Qu'est-ce qui t'as poussé un matin à te dire je cite : "Je veux devenir artiste ». Dans l’émission La chance Aux Chansons" tu as
rencontré celle qui deviendra ton amie Anny Gould ?
Y.C. : Quand je suis arrivé à Paris, comme il fallait bien vivre, j'ai commencé par faire de la figuration pour des films et des téléfilms, puis par la suite chez Pascal Sevran dans son émission "la chance aux chansons". J'y suis resté un an, un an et demi, c'est là où j'ai rencontré Anny Gould justement. Quand elle m'a connu, je n'étais que figurant. Grace a cette emission, j’ai rencontré Gilbert Bécaud, la chanteuse Mireille (ndrl : le petit conservatoire), Frida Boccara, ce sont des artistes que j'aimais et que j'ai eu la chance de rencontrer. Évidemment, j'en ai gardé un très bon souvenir, c'était une très belle époque pour moi.

V.F. : Par la suite tu deviens, standardiste à Radio Bleue où tu prends conscience des attentes des auditeurs. Et là, une idée vient germer, telle une graine dans ton jardin musical, tu visites fréquemment le théâtre du Jardin De Neuilly et tu entends Cora Vaucaire et là c'est la révélation. Tu collabores avec celle que tu admires depuis toujours. Puis tu réalises la première compilation de Betty Mars. Puis viendront Jacqueline Danno et Charles Dumont. Quel regard portes-tu sur ton parcours ?
Y.C. : J'ai l'impression d'avoir fait beaucoup de choses dont je suis fier, mais également des erreurs que j’ai payé très cher et que je veux oublier. Hormis cela, je suis très fier de mon travail de production : j'ai produis 35 à 40 albums! Paradoxalement, il y a des collaborations qui m'ont moins marqué. Puis il y a eu des souvenirs forts, des scènes avec Cora ou Anny, toujours avec beaucoup d'émotion. Mais ceux pour qui je n'ai sorti que des disques, ce feeling était moins fort.

V.F. : Qui étais-tu enfant? Rêveur ou mature bercé au lait des Carpentier, Guy Lux, Mike Brant, Rika Zaraï, Dalida... Quelle sensation avais-tu plus jeune en regardant ces divers shows à l'américaine Made in France?
Y.C. : Enfant, j'étais un garçon très introverti. La musique, les disques étaient pour moi, le seul moyen de rêver, de m'évader. Puis lorsque j'étais ado, ce qui me fascinait c'était Guy Lux et ses émissions. Et avec le temps, j'ai découvert une autre catégorie d'artistes, c'était la génération des chanteurs rive gauche. De toute façon, j’aime beaucoup la variété aussi.

V.F. : Tu es arrivé à 20 ans à Paris, tu as eu un parcours atypique, tu as fais plein de petits boulots. Et surtout tu as pris des cours de théâtre, car je crois qu'à la base tu te destinais à devenir comédien, et c'est là que tu as commencé à rencontrer plein d'artistes et que tu as a eu l'idée d'en produire certains.
Y.C. : C'est fou! Car finalement, la vie ne te mène pas là où tu veux aller. Je voulais être comédien, mais je suis devenu producteur. J'ai occulté mon désir d'être artiste, afin de m'occuper des autres. Pour moi, ce n'était plus suffisant, j'avais besoin d'autres choses. Je me suis dis c'est le moment de m'occuper de moi, puis il y a le détonateur au Québec. Alain Simard m'a proposé ses chansons, donc c'est parti comme ça, et nous avons fait un premier album.

V.F. : Est-ce que tu peux nous parler de ton aventure québécoise ?
Y.C. : Un coup de cœur pour Alain Simard. J'ai entendu Luce Dufault dans sa chanson "si demain". J'ai cherché à savoir qui l'avait écrite et j'ai cherché à rencontrer l’auteur. J'ai aimé son univers rock, j'ai sélectionné ses titres, et c'est parti comme ça. Je l'ai fais en secret par peur de la réaction des gens, même mon entourage, puis j'ai fais les salles du Café De La Danse et de l'Européen avec le répertoire rock. Puis par la suite, je me suis rendu compte que ma véritable personnalité était plus chanson. Je ne suis pas fait pour chanter des titres d'univers rock.

V.F. : Tu dis dans une interview, je cite : "Plus je vieillis, plus je me rapproche de l'enfance". Sens-tu une certaine lassitude, un spleen ?
Y.C. : Une lassitude, par moment. Même si, j'ai encore envie de produire, de faire des disques, j'ai bien évidemment des moments de découragements avec la conjoncture actuelle. Il y a plein d'artistes que j'aimerai produire, mais je ne peux pas, du fait de la conjoncture financière. Je suis attaché à ce que j'aimais enfant, c'est un peu comme un refus d’affronter la vie. Ne pas être abîmé par la routine, par la vie de tous les jours, même si cela est inévitable...Quelques fois on est déçu par les artistes, on les pousse à donner le meilleur d'eux-mêmes et cela est souvent mal perçu de leur côté. Il faut se battre aussi avec eux pour leur faire admettre certaines choses, c'est assez usant.

V.F. : Cela me fait penser au parallèle de ton album "ciao amore ciao". Pourquoi un tel engouement pour les titres quasi mélancoliques de Luigi Tenco qui connu une fin tragique? (il se suicide dans la nuit du 26 au 27 janvier 1967), après avoir appris que sa chanson "ciao amore ciao" chantée avec Dalida ait été éliminée à la fois par le jury et le public. Par la suite, Dalida la sublimera en la chantant en solo avec une telle détermination et une telle émotion.
Y.C. : Le disque "l'amore l'amore" m'a apporté l'adhésion du public italien, j'ai par la suite eut l'occasion de rencontrer des auteurs italiens. C'est tout un travail de chanter en italien, alors que je ne le parle pas j'exerçais en phonétique. Grâce à Tenco, j'ai rencontré Dorval qui m'a écrit par la suite une chanson titre. Pour répondre à ta question concernant Luigi Tenco, en fait, je ne connaissais pas bien ses titres. Je l'ai connu suite à la chanson de Dalida "ciao amore ciao" puis un jour, j'ai entendu "vedrai vedrai" j'ai été séduit, et j'ai fais un travail de recherche. Il a des chansons fortes et puissantes, des chansons d'amour, et d’autres antimilitaristes, et j'ai pris le parti de garder les chansons d'amour. Je suis un garçon tourmenté, par conséquent, je me suis complètement investi et reconnu dans ses titres. J'ai mis deux ans à travailler sur ce projet, après bien sûr, ça déteint sur ton état d'esprit. Par contre, sur le cd "la magie", je voulais des choses plus légères afin de me vider et me libérer de ces chansons dramatiques et tristes.

V.F. : Autre destin Barbara. Que faisais-tu le jour de la mort de Barbara, le 24 novembre 1997? Et quel fut ton sentiment à l'annonce de son décès? Que retiens-tu de cette longue dame brune dont deux titres de son dernier album studio furent écrits par Jean-Louis Aubert "le jour se lève encore" et "vivant poème".
Y.C. : Je m'en souviens bien, car ce jour-là j'étais au Québec en compagnie de Cora Vaucaire. Elle faisait une tournée à Montréal. Cora était très proche de Barbara, du reste elle est à l'origine de sa carrière. Personne ne nous avait prévenus de son décès, lorsque la journaliste a interviewé Cora, elle lui a annoncé cette nouvelle, et cette dernière a eu un choc. La relation entre Cora et Barbara était forte. J'ai vu une fois sur scène Barbara au théâtre Mogador, pendant son concert en 1990. Pour tout te dire, j'ai découvert le répertoire de Barbara après sa mort. C'est l'une des plus grandes artistes françaises. Il est très difficile de chanter du Barbara. Cora reprend merveilleusement bien sa chanson qui se nomme "Drouot".

V.F. : Jakie Quartz, Jeanne Mas, Alice Sapritch, Amanda Lear, Frida Boccara, Betty Mars ou bien encore Annie Cordy, Zizi Jeanmaire à la sauce électro avec "dancer". Tu aimes les chanteuses mythiques. Qui aimerais-tu remettre au goût du jour et qui sont inoubliables dans le cœur du public, que ce soit des chanteuses françaises ou internationales? A savoir qu'avant sa disparition Gloria Lasso a eu droit a un lifting musical avec deux tubes que j'adore : la reprise des Rita Mitsouko "baïlando con Marcia" (version espagnole de "Marcia Baïla" 1984) et la reprise de la chanteuse jazzy Basia "Promesas" (version espagnole de "Promises" 1987). Je te dis cela, car d'après l'article de R.F.I. datant de mai 2000, j'ai entendu parler de quelques noms comme Nicole Croisille.
Y.C. : Les artistes que j'aimais, j'ai travaillé avec elles. Le seul regret que j'ai, c'est Gloria Lasso, j'ai fais plusieurs disques avec elle, mais hélas je n'ai pas pu aller jusqu'au bout, car physiquement elle était au bout.

V.F. : Qui est Yvon Chateigner dans la vie quotidienne?
Y.C. : Je n'ai pas la grosse tête, je vis assez mal le quotidien. Je suis quelqu'un de passionné et d'entier. Avec le recul, je veux aller à l'essentiel, je ne veux pas travailler avec des gens qui ne me conviennent pas. Je veux lancer ou relancer, selon le cas, des artistes que j’aime. Par exemple : Véronique Rivière, dont je produis le prochain album. Il y a dix ans, je faisais plusieurs disques par mois, et c’était trop de pression. Aujourd'hui, je veux faire moins de choses, et m'investir d'avantage.

V.F. : Jeanne Mas ne tarie pas d'éloge à ton sujet. Lors d'une interview accordée en mai 2007, au magazine Tribu Move. Elle dit, je cite : "Yvon est un homme de cœur, un artiste avec une forte sensibilité". Que penses-tu de sa nouvelle vie américaine dans l'Arizona? Du reste dans une interview pour le magazine Métro, un internaute lui demande si c'est elle qui fait la proposition des singles à la maison de disques ou si ils se mettent tous les deux d'accord, elle répond qu'elle travaille en accord avec toi et qu'elle se sent très bien à Edina Music. Serais-tu prêt à faire un duo Jeanne Mas/Chrissie Hynde, car elle a émis ce souhait dans l’interview en 2008 pour le journal Métro. Elle a également déclaré que vous n'aviez pas choisi la date du 28 juin, par hasard pour son concert.
Y.C. : Pourquoi pas un duo Jeanne Mas/Chrissie Hynde, tout est possible! Il suffit d'avoir la bonne chanson. Maintenant concernant Jeanne Mas et sa nouvelle vie, je trouve courageux de sa part, de tout recommencer à zéro. Elle se prend en main, et j’ai beaucoup d’admiration pour elle.

V.F. : Tu as produit les spectacles de Jeanne Mas au Trianon qui ont eu lieu les 25, 26, 27,28 juin 2008, qu'est ce que cela représente pour toi?
Y.C. : Ce qui me fait plaisir, ce sont les commentaires qui me disent que le Trianon reste son plus beau spectacle. Elle était entourée de musiciens américains. Le Trianon était un écrin pour elle. Ce qui était extraordinaire, c'est qu'elle a survolé toutes les périodes de sa carrière, et cela reste un beau souvenir.

V.F. : Crois-tu qu'il faut être torturé et tourmenté pour créer de belles chansons, car dans une interview accordée au magazine Tribu Move n°116, tu dis à propos de Luigi Tenco : "J'ai ce côté tourmenté, cette fêlure, que l'on ressent dans ses chansons..."?
Y.C. : Non pas du tout, ce n’est pas une obligation d’être torturé ni tourmenté pour écrire de belles chansons. Car souvent, les chansons les plus simples sont les plus difficiles à écrire. Pour faire ce métier et aller sur une scène, il faut avoir quand même une certaine folie, une certaine fêlure. Mais il n'est nullement besoin d'être tourmenté pour écrire des textes. Il y a des chansons très fraîches qui me plaisent beaucoup !

V.F. : Qu'est-ce que cela te fait d'entendre Orlando dire que sa sœur (ndlr : Dalida) serait devenue avec joie ta marraine? Quel est ton titre phare de Dalida? Et as-tu regardé le téléfilm "Dalida " avec Sabrina Ferilli?
Y.C. : J'ai beaucoup de regrets de ne pas avoir connu Dalida davantage. Car pour moi, Dalida, c'est l'une des plus grandes artistes françaises capable de procurer toutes les émotions, c'est une artiste complète. On y retrouve : La joie, le drame, les paillettes, la tragédie. Elle est irremplaçable, personne n'a son charisme. Je suis assez admiratif du travail qu'à fait Orlando des années après. Dalida était la chanteuse de mon enfance. Non, je n'ai pas de titre phare de Dalida, par contre, j'aimais son timbre de voix, son physique, la chaleur qu'elle dégageait, on l'aimait pour elle, c'était un tout. Aujourd'hui, ce type d'artiste n'existe plus, c'était des artistes qui étaient bien au-delà des chansons qu'ils chantaient. Oui, j'ai vu le téléfilm et j'ai aimé. Par contre, je trouve que l'actrice interprétant Dalida n'était pas aussi belle que l'originale. Bien sûr, le téléfilm qui retraçait sa vie était émouvant, mais je préfère voir la vraie.

V.F. : Samedi 6 novembre tu seras en concert à l'Alhambra pour présenter tes nouveaux titres extrait de ton troisième album. Peux-tu nous en dire plus ce cet évènement, car j'ai entendu dire qu'il y aura des surprises et des duos sur scène ?
Y.C. : Alors en fait, le spectacle sera en majorité, composé des titres du nouvel album, ainsi que quelques chansons en italien. Il y a aura un duo avec Dorval, et un autre avec Marie-Amélie Seigner, et peut-être d'autres choses que j'ai pas encore en tête. Caroline Clerc fera ma première partie. C’est une comédienne qui chante des chansons érotico-comiques à double sens. Elle est hilarante. http://www.musicme.com/Caroline-Clerc/
Cela sera une soirée complète et riche en émotions : on passera du rire aux larmes, puis peut être d'autres surprises. Je n'y ai pas encore réfléchi complètement.

V.F. : Si je te dis "Mes amis et moi" regardons "Adélaïde" passer "Un duel au soleil" avec "Les Envahisseurs" et "Hilary". A quoi cela te fait-il penser ? Que représente pour toi Arnold Turboust, au-delà du fait qu'il est le réalisateur de ton disque? Tu le connaissais déjà, tu aimais son travail, ses collaborations ?
Y.C. : (rires) Avec Arnold, c'est une super belle rencontre artistique. Il était très à l'écoute de mes attentes, il a mis sa griffe, sa patte tout en gardant ma personnalité. Il y a eu des mois et des mois de collaboration. Je suis ravi du résultat. Car il a su rester proche de ma personnalité, il n'a pas fait du "Turboust". Bien sûr, je connaissais son travail pour Etienne Daho, puis par la suite par ses albums solo.

V.F. : Quelles sont d'après toi, les qualités primordiales pour qu'un artiste devienne un artiste culte (ce qui manque cruellement aujourd'hui en France)? Je parle d'un artiste qui n'aura pas peur de surprendre.
Y.C. : Il y a tout un travail derrière, et puis c'est une question de chance. Il y a un moment pour tout. Exemple : Adamo a eu des années de galère avant de devenir culte. Peut-être que le temps fait son chemin...Il faut durer dans la longueur, et surtout être bien entouré. Par exemple : Sylvie Vartan est culte, tout comme Françoise Hardy.

V.F. : Quel courant musical inexploré aimerais-tu tenter? Y'a t'il une chanson que tu aimerais reprendre à ta façon, sans la dénaturer?
Y.C. : Le jazz. J'adore écouter du jazz, surtout le jazz vocal. Car il y a des mélodies intemporelles. On peut faire passer tous les sentiments, et ça me correspond bien. En ce qui concerne les chansons, il y en a plein! Il ne faut pas trouver des chansons usées jusqu'à la corde, du vu et déjà vu. Ex : "les feuilles mortes", utilisées à maintes reprises. Je n’en peux plus d’entendre « la vie en rose » et « l’hymne à l’amour » à toutes les sauces. En tout cas, il y a matière à chercher des chansons moins évidentes plutôt que les grands standards. J'aimerai faire une ou deux reprises, des chansons inexploitées, et que les gens peuvent découvrir. Quelque chose de très intemporel, cela peut passer des titres du répertoire des années 30 à nos jours. Mais après tout est question d'arrangement musical, d'orchestration.

V.F. : Dernière question avant le questionnaire décalé. Tu dis que tu as un côté sombre comme Luigi Tenco qu'est-ce que cela signifie? Car tu ne m'as pas l'air mystérieux, ni suicidaire, hormis qu'on ne connait pas ton âge. Et côté cœur, ta vie est elle aussi sombre et mouvementée que celle qu'avait Dalida ?
Y.C. : Non, pas du tout (rires). Si j'ai choisi ce type de chanson, c'est que j'aime ce style. Mais attention, je ne suis pas tout le temps en dépression! Je suis normal, il y a des moments où je ris, où je suis déprimé comme tout le monde. Peut être un peu plus souvent que la normale si tu veux.

V.F. : P.S. : En ce qui concerne son actualité, en plus du concert qu'il donnera à l'Alhambra, Yvon Chateigner produira le prochain cd de la chanteuse Véronique Rivière. A noter que suite à son cd "l’amore l’amore", Yvon Chateigner a reçu d'autres propositions de collaborations artistiques. Des artistes le connaissant, ont pu lui soumettre des titres en rapport avec sa personnalité.

QUESTIONNAIRE
ARTISTE ATYPIQUE : ANTISTAR (introspection)
V.F. : Comme tu as fais plein de petits boulots et que pour en arriver là, tu as dû travailler dur. Donc, je vais te demander de te mettre dans la peau non pas d'un artiste, mais d'Yvon Chateigner étant ado avec ses rêves et ses ambitions.
Y.C. : Oui

V.F. : Si tu devais produire une actrice ou un acteur dans le cadre d'un single ou un album avec qui aimerais-tu collaborer et quel univers lui proposerais-tu ?
Y.C. : S’il y a bien une actrice avec laquelle j'aurai aimé travailler, c'est Annie Girardot. A l'époque, j'aurai aimé lui faire lire des textes. J'aurai voulu également connaître l'actrice Anicée Alvina (ndlr : actrice plus connue dans la série "les 400 coups de Virginie", disparue brutalement à l'âge de 53 ans le 11 novembre 2006 dès suite d'un cancer des poumons). J'aimerai également travailler avec Cristina Marocco, une personne adorable avec qui j’ai chanté en duo sur scène.

V.F. : Si tu devais retenir un évènement qui t’as marqué entre 1960 et aujourd’hui ?
Y.C. : Ce qui m'a marqué comme tout le monde c'est le 11 septembre 2001. Sinon un autre évènement qui m'a marqué, c'est la première fois où je suis monté sur scène c'était le premier café de la danse. La sensation que tu as lorsque tu montes sur scène, c'est magique, tu n'es plus le même. C'est quelque chose de très impressionnant d’avoir devant toi ces gens qui sont venus pour toi. Il y a également, une part d'inconscience. Je me lance, j'agis et je réfléchis ensuite.

V.F. : As-tu une série préférée ?
Y.C. : Adolescent, c'était "les 400 coups de Virginie" (avec Anicée Alvina), "la poupée sanglante" de Gaston Leroux, c'est mon feuilleton culte! Sinon je suis branché série à fond, je suis actuellement sur "Medium" avec Patricia Arquette, il y a aussi "Six Feet Under", et tout le monde m'a parlé de la série "Glee", alors je la suis maintenant. Et sinon j'aime les séries d'ado : "Newport Beach", le style de séries qui se déroulent dans les lycées. Il y a aussi "Véronica Mars", en fait c'est le refus de grandir et le fait de rester un éternel ado qui m'attire.

V.F. : Si Yvon Chateigner d'aujourd'hui pouvait donner un conseil à Yvon Chateigner débutant, quel
conseil aimerais-tu lui donner? Et qu'as t'il réussi et quels sont ses regrets?
Y.C. : Je lui dirai de commencer à chanter plus tôt. Car j'ai perdu trop de temps à douter de moi, j'aurai dû chanter bien avant. Je me disais que ce n'était pas le moment. Pour tout ce que j'ai fais, j'ai toujours tout donné, je n'ai pas de regrets. Même si c'était pour des personnes qui ne le méritaient pas.

V.F. : Quel est ton vrai nom, ton âge?
Y.C. : Je m'appelle Yvon Chateigner et en ce qui concerne mon âge, il me reste encore une vingtaine d'années avant d'aller à la retraite. Car, il me reste encore beaucoup de choses à faire. (Rires)

V.F. : A quel âge as-tu eu ton premier flirt?
Y.C. : Très tard, j'étais déjà adulte.

V.F. : Si tu avais à changer quelque chose en toi lequel serait-il?
Y.C. : Je changerai mes yeux.

V.F. : De quel artiste te sens-tu le plus proche dans ta vision des choses, de la vie, dans tes textes?
Y.C. : Dorval, pour moi avec Laurent Manganas, ils savent tous les deux faires LA chanson idéale. Dorval est l'artiste avec laquelle je partage le plus de feeling, nous avons une profonde amitié.

V.F. : Que peut-on te souhaiter pour ce concert et pour l’avenir en général ?
Y.C. : De pouvoir continuer. Et surtout que ce disque me permette d'en faire un autre. J'ai déjà plein d'idées de chansons, beaucoup de créativité, beaucoup d'idées de reprises.

V.F. : Merci Yvon, de t’être prêté au jeu du questionnaire
Y.C. : Merci à toi !

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