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Let the right one in (Morse) et Lesbian Vampire Killer…

Publié le 09 septembre 2010 par Ladrevert

Mes deux derniers films vampiriques depuis Daybreakers.

Le premier, il faut le dire j’ai craqué : Lesbian Vampire Killers est vraiment le comble de la série B/Z, l’humour potache joué à son maximum. J’ai franchement et étonnamment passé un bon moment avec ce film, il semblerait que les scénaristes et essayé de trouver le pire titre puis de bâtir le scénario dessus. C’est réussi, je ne vais pas trop en parler car le titre résume bien le film…

le trailer :

Let the right one in (Morse) et Lesbian Vampire Killer…

Et maintenant passons aux choses sérieuses : Let the right one in ou Morse en français.

C’est le film le plus esthétique et poétique que j’ai vu depuis longtemps, on peut également parler de photo, et depuis Fritz Lang dans sa première période allemande on a vu peu de film avec cette qualité. La bande son envoutante soutient intelligemment le film et confère à l’atmosphère, et en fait cette adaptation de roman nordique est une vraie petite perle extrêmement bien pensé, avec des plans incroyables et une narration extraordinaire. Je n’ai que des superlatifs en fait.

Le trailer :

Let the right one in (Morse) et Lesbian Vampire Killer…

Les ricains sont malheureusement en train de préparer un remake, on craint le pire…

Le livre original : Låt den rätte komma in de John Ajvide Lindqvist (laisse moi entrer)

Morse a remporté le grand prix de Fantastic Art à Gérardmer en 2009 (que j’adore ce festival !)

ATTENTION SPOILER

Bon commençons par le titre : le français reprend le système de communication entre les deux enfants héros de ce film et est un clin d’oeil à morsure…

Le titre original lui est bien entendu un clin d’oeil au mythe vampirique moderne, où il faut inviter le vampire à entrer. On verra d’ailleurs une scène dans le film plutôt intense qui démontre ce qui se passe si un vampire entre sans avoir été invité… l’autre signification peut-être : il faut choisir la bonne personne que l’on va laisser entrer dans sa vie. Ce que les deux héros protagonistes vont faire.

Ah oui le film nous narre la vie d’Oskar, 12 ans, dans une petite province de Suède, dans les années 80. Nous sommes en plein hiver, tout ce blanc donne une atmosphère surréaliste au film. Là où 30 jours de nuit jouait sur le côté huis clos de l’Alaska, nous sommes bien dans la vie de gens ordinaire dans ce film. Les premiers mots sont d’Oskar plantant un arbre avec une lame : crie ! crie comme une truie ! (ça commence bien)

Oskar vit seul avec sa mère et est la tête de turc d’une bande de sales mômes, qui on le verra harcèle Oskar sauvagement… Oskar est plutôt un intellectuel. Le film ne narre pas une idéalisation de l’enfance, mais ce qu’il y a de l’adulte dans l’enfance, de la pureté et de la méchanceté à l’état pur. Il n’y a pas même de notion de bien ou de mal, d’empathie, Oskar frappé au sang, son assaillant ne se préoccupera pas d’Oskar mais de la réaction de la mère d’Oskar comme si Oskar était dépourvu d’humanité, était un simple objet qu’on maltraite. L’objet d’un autre.

Oskar va dès le tout début du film rencontré la toute jeune Eli, qui vient d’arriver avec son père. Elle se promène quasiment sans vêtement dans ce froid glacial. Oskar et Eli vont sympathiser d’une drôle de manière et s’apprivoiser jusqu’à s’aimer, de manière platonique, pure, mais avec un désir sous tendu (scène où Eli se couche nue dans le lit d’Oskar et lui caresse la main)

Au début le film est plutôt social et reprend l’une des thématiques vampiriques : les serial killers d’enfant (le vampire de Dusseldorf par exemple traité dans M Le Maudit de Fritz Lang ). Le père d’Eli tue et vide de leur sang comme de cochons de jeunes enfants. Il tue pour Eli bien entendu. J’ai eu l’impression que ce compagnon est un peu jaloux d’Oskar et qu’il pourrait être une vision d’Oskar dans quelques dizaines d’année. Le film joue assez peu sur la violence et les effets spéciaux, mais quand il y a des effets ceux-ci sont réalistes, quant à la violence elle sera contenue en permanence, ce qui amplifiera les moments d’explosion… jusqu’à la scène finale, démentielle.

Du haut de ses 12 ans Eli est à la fois une jeune fille de son âge mais également une femme très très âgée, on le voit à un moment du film, on voit le visage qu’elle devrait avoir on devine son âge avancé… qui est-elle ? qui est son père, cela reste dans le film un mystère (un domestique de sa famille, ou un ancien amour ?). On peut présupposer que c’est l’héritière d’une ancienne et puissante famille compte tenu des richesses qu’elle a en sa possession. Eli et Oskar sont complémentaires. Eli est bestiale, Oskar intellectuel. Eli peut tuer sauvagement et pleurer après, à la fois prisonnière de sa condition et un prédateur sublime qui peut également tuer sans remords ni complaisance, Oskar lui est brimé et rêve de vengeance. Eli lui dira de répondre très fort et de ne plus se laisser faire après qu’Oskar fut frappé au sang.

Oskar le fera et cela lui causera des problèmes avec sa mère tout en lui procurant une certaine satisfaction. Sa mère se plaindra de l’absence de modèle paternel. On voit peut le père mais cela soulève un deuxième sujet du film : la transgression sexuelle après les meurtres d’enfant. Le réalisateur sous entend que le père d’Oskar est homosexuel, comme dans le reste du film ceci est sous entendu, rien n’est clairement explicite. L’autre transgression sexuelle concerne la relation entre Eli et Oskar. Oskar qui vieillira avec une gamine de 12 ans, ou encore une autre interprétation… à un moment on voit Eli nue. Peut-être qu’Eli n’est pas vraiment une fille, cela expliquerait pourquoi elle demande à Oskar si ce dernier l’aimerait si elle n’était pas une fille. On peut bien sûr le comprendre au premier degré elle étant un vampire, mais elle lui répond bien qu’elle n’est pas morte. Dans le roman on apprend qu’Eli est un enfant castré.

Les moments de violence dans ce décor de glace,  la chaleur des corps fumants, les cadavres congelés, la violence fugace après des moments presqu’atemporels, dans ce lieu où il ne se passe rien, comme si le temps s’était figé dans la glace… la violence et la brutalité sont tant exacerbés que magnifiés… le film se construit par petites touche, où l’on découvre tant Eli qu’Oskar, et leur petit monde. Le compagnon d’Eli, une femme mordue par Eli qui se suicidera, seule (après avoir été attaquée par une horde de chats ayant détecté sa nature), abandonnée par son compagnon ensuite repentant, qui était fou de rage depuis la mort de son ami, lui même assassiné plus tôt par Eli jouant l’enfant perdue et l’ayant saigné à mort une fois dans ses bras. Eli tuant dans l’hopital son ancien compagnon arrêté par la police il s’est défiguré à l’acide. Ne pouvant parlé, et inviter Eli à rentrer dans sa chambre celle-ci, il se penche à l’extérieur de la fenêtre ou Eli pourra le saigner, on verra son corps virevolter dans la chute, et sa dernière exhalaison dans la neige…

En plus des qualités esthétiques, de l’ambiance sonore, le jeu des acteurs est très fin. Le film est la parfaite alchimie entre un film poétique, surréaliste, social, frénétique et tragique (rien que ça !)

Après LA scène de violence inouie, où Oskar a failli mourir et où enfin Eli démontre l’étendu de son pouvoir, scène où une fois de plus rien n’est totalement montré (et oui, dans le côté onirique, Oskar a parfois douté de la réalité d’Eli, comme la nuit qu’ils ont passé ensemble, heureusement elle lui avait laissé un message écrit)… Le film se termine sur une note d’accomplissement entre Eli et Oskar, un de ces moments de la vie parfait, là où de nombreuses forces ont convergé pour qu’on y arrive. Bien entendu libre au spectateur de s’imaginer la suite, car ce moment si parfait ne peut être que fugace, du fait même de la nature humaine d’Oskar pour qui le temps va passer et dont les désirs d’homme vont apparaitre et d’Eli qui est figé dans ce statut de femme enfant impossible longuement décrit et réprouvé par la société vampirique dans entretien avec un vampire de Anne Rice.

Voilà j’espère que vous prendrez plaisir à découvrir ce petit chef d’œuvre du genre.



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