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Comment l'accord Chirac nuit à la démocratie

Publié le 30 septembre 2010 par Gillesp

Une démocratie qui a soif de justice, de transparence et d'égalité vient de voter cette semaine une chose importante. Dans cette démocratie pour qui il n'y aucun homme au dessus de la loi, les élus ont voté hier pour traduire devant une cour spéciale leur ancien Premier ministre pour "négligence". Cela vient de se passer pas plus tard qu'hier en Islande. Et puis il y a Paris.

Libération demandait le mois dernier au Maire de Paris s'il pouvait comprendre que l'accord avec Chirac puisse choquer les Français, sa réaction était celle-ci : , balançait-il furieux, avant de tourner les talons et de planter les micros des radios. Quelle dignité ! Quelle conception étroite de la démocratie, quelle vision étonnante de la justice !

Si Delanoé est persuadé que son acte est juste, alors qu'il organise un référendum local. Pourquoi un référendum ? Parce que c'est la seule technique qui relève vraiment de la démocratie participative. Lors d'un précédent débat, Delanoé m'affirmait qu'on ne pouvait pas faire mieux qu'à Paris en terme de démocratie participative grâce à ses comptes-rendus de mandat. Il n'a pas dû se rendre souvent à Berlin et ils en font davantage qu'ici en organisant régulièrement des référendums d'initiative populaire (on pourrait aussi citer Arcueil ou Bagnols pour leurs référendums consultatifs). C'est autre chose que le droit de pétition que je contribue à contrôler à la CPDP.

Un référendum local sur l'accord avec Chirac, Delanoé le gagnerait facilement... si les parisiens partagent sa conception curieuse de la morale, de l'éthique et de la justice. Mais rares sont ceux qui comprennent son sens de la justice en dehors de ses sous-fifres. D'ailleurs, c'est bien ça qui l'empêche d'avoir recours au référendum, qui repose sur une valeur essentielle et pourtant si loin de ses manières de faire : l'égalité de tous. L'égalité de tous devant la loi. L'égalité politique de tous pour décider du bien commun. Rien n'est plus clair, plus simple, plus logique.

Or le moins qu'on puisse dire, c'est qu'avec le comportement de diva avec Libération, on reconnaît bien là les puissants et leur arrogance. L'abolition des privilèges doit être assez loin dans son esprit. C'est d'ailleurs confirmé dans son bouquin tristement nommé

" J'ai un respect pour la fonction présidentielle... [...] J'ai dit à notre avocat Jean-Pierre Mignard : "Je ne veux pas que tu demandes l'audition de Jacques Chirac." [...] Je crois qu'il faut faire preuve de respect et d'élégance dans les rapports humains, même en politique. Je n'ai aucune envie que Jacques Chirac aille en prison."

Pour Delanoé, il y a donc des hommes qui doivent échapper aux auditions et à la prison du seul fait de leur fonction... Eh bien, c'est en "bonne" voie, Jacques Chirac va être relaxé grâce au maire de Paris. Mais est-ce à lui de décider de ce qui est juste ? Delanoé répète à qui veut l'entendre qu'il ne faut pas confondre justice et vengeance. Mais malheureusement ce que sa défintion de la justice n'est que de la . Tous les gens choqués ne veulent pas une vengeance, mais juste la justice. Une justice libre, c'est à dire une justice sans entrave. Et ceci a été rappelé par Arnaud Montebourg, par Ségolène Royal et par Eva Joly. Bientôt Delanoé nous dira que faire voter des morts, ce n'est pas très grave : après tout, si on n'est pas content, on n'a qu'à se faire élire au suffrage universel...

Pour conclure, quand on sait que l'ONG Transparency France a écrit dans son dernier rapport que "la France continue de véhiculer une image relativement dégradée de sa classe politique", quand on sait que la France n'est classée qu'au en ce qui concerne la lutte contre la corruption, quand on sait tout ça, la seule conclusion qui s'impose, c'est que cet accord avec Chirac est particulièrement minable.

Et tout ça pour quoi ? Parce que Delanoé est une autorité morale ? C'est peu crédible, il ne sortira pas grandi de cet épisode. Ou est-ce une autre raison ? Peut-être ce protocole serait l'arbre qui cache la forêt ? La politique, c'est plutôt ça, du donnant-donnant. Alors quelles sont les affaires qui vont rester sous le tapis grâce à cet accord ? La presse a cité le cas d'Eric Ferrand, d'autres ont souligné que le préfet venait d'enteriner une décision municipale pourtant entachée d'irrégularités sur les Halles.



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