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Pour une pornographie au service de l'imaginaire

Publié le 30 septembre 2010 par Claramoi

Nombreux sont ceux qui s'insurgent contre la pornographie, la trouvent dégradante et voudraient la réprimer, la supprimer… Elle joue pourtant un rôle essentiel dans la sexualité, et comprendre ce rôle permettrait de corriger les errements des productions pornographiques afin que nous puissions disposer d'une pornographie enrichissante pour nos imaginaires.
La pornographie, c'est-à-dire une mise en scène de la sexualité, a toujours existé. En France, les grottes de Lascaux en sont le plus ancien témoignage connu. Dans le monde, toutes les civilisations sont concernées, depuis la Chine et le Japon (avec les traités illustrés de postures et les fameuses estampes), en passant par l'Inde (et les statues des temples) ou Madagascar (et les groupes de tombeaux érotiques) : chaque société a ses oeuvres, à la variété infinie.
L'imaginaire humain a besoin de récits
Les récits forment une part importante des oeuvres pornographiques, et les films, depuis qu'ils existent, se sont aussi préoccupés de parler de la sexualité et de la montrer. Il n'y a là rien d'extraordinaire : les récits et les films concernent tous les domaines de l'activité des humains, et la sexualité fait partie de la vie humaine. En quoi serait-il scandaleux qu'un jeune de l'espèce humaine voie des figurations d'adultes de son espèce, nus, ayant des organes génitaux visibles, et utilisant ces organes ? Devenir adulte, c'est bien, petit à petit, donner sa place à la sexualité dans sa vie : est-ce réalisable si toute représentation de cette sexualité est gommée dans la formation ? L'échec de l'éducation sexuelle du XIXe siècle devrait nous ramener à beaucoup de prudence.
La fiction n'est pas le réel
La rencontre amoureuse doit remplir un grand nombre de conditions pour être satisfaisante : ce qui amène à recourir à l'imaginaire où tout marche sans problème. Le film pornographique joue alors, pour la sexualité adulte, le même rôle de dédramatisation que le conte (Petit Poucet, Petit Chaperon rouge…) joue pour les appréhensions des enfants.
Mais ces films sont "fabriqués" : acteurs sélectionnés (taille du sexe bien supérieure à la moyenne), séquences choisies pour leur effet visuel (éjaculation hors du vagin), scénarios adéquats (passage immédiat à la nudité et aux contacts génitaux). Alors que dans la réalité de la vie, on n'a pas tous le corps de Marilyn ou de Marlon, ni de Rocco Sifredi ; on éjacule surtout dans le vagin ; on doit se séduire et se préparer un certain temps avant le passage à l'acte.
A la recherche d'une nouvelle pornographie
Même si la pornographie a sa place dans la vie sexuelle, il reste que, trop souvent, les films enferment leurs spectateurs dans une vision de la sexualité très limitée, peu respectueuse des personnes et particulièrement misogyne dans certains cas, totalement coupée de la réalité de la relation humaine dans d'autres. Il y aurait sans doute place pour d'autres récits, fondés sur d'autres représentations du désir et de la jouissance humaine. Les femmes pourraient enfin y reconnaître la richesse de leur imaginaire érotique, de même que les hommes pourraient se libérer de leurs peurs, gérer leurs inquiétudes, sans avilir qui que ce soit.


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